3G+ : la téléphonie mobile passe au très haut débit

La téléphonie mobile emploie des termes barbares. Du coup, les EDGE, GPRS,UMTS, ou HSDPA sont rebaptisés par les marketeurs : 2G, 2,5G, 3G et 3,5G, 3G+. Derrière ces acronymes se cachent des technologies qui se suivent et rapprochent progressivement les débits mobiles de ceux de l’Internet fixe. “Les professionnels des services à valeur ajoutée ou les technico-commerciaux en milieu industriel ont de gros besoins en débits de téléchargement. La 3G+ crée un gap époustouflant avec la 3G”, explique Pierre-Yves Rallet, directeur marketing et partenariats de SFR Entreprises.

De son vrai nom HSDPA (High Speed Downlink Packet Access), la 3,5G est aux communications nomades ce que l’ADSL est à l’Internet domestique : l’accès à des débits rapides, qui rendent les usages véritablement conviviaux. “Les temps de téléchargement d’e-mails, de pages web, les accès aux intranets et réseaux sécurisés d’entreprises sont divisés par quatre par rapport à la 3G, ajoute Pierre-Yves Rallet. Les professionnels itinérants dans le tertiaire à haute valeur ajoutée sont les premiers à l’adopter, de même que les technico-commerciaux en milieu industriel.” Autre atout, c’est la transparence pour l’utilisateur, les terminaux se connectant automatiquement sur le standard disponible le plus performant.

Quel opérateur ?

Si Orange et SFR, les deux leaders du marché, sont au coude à coude en termes de couverture et de base de clientèle sur la 3G, l’équilibre est rompu pour la 3,5G. En effet, SFR mise fortement sur cette technologie qui ne nécessite pas d’installation réseau nouvelle. “L’intégralité des zones couvertes en 3G a subi l’évolution réseau et propose des débits moyens de 1 Mbps”, précise Pierre-Yves Rallet. L’option est facturée 5 euros par mois en plus d’un abonnement data 3G classique, dont le plus intéressant est un forfait 500 Mo par mois à 70 euros.

Du côté d’Orange, on est aussi sur les rangs, mais on préfère parler de “haut débit mobile” au sens large. La 3G+ a été moins rapidement et systématiquement déployée, à l’inverse du wi-fi, sur lequel Orange a concentré ses efforts. Bouygues Telecom, pour sa part, pâtit du choix stratégique de ne pas payer de licence UMTS fait à la fin des années 90. L’opérateur arrive à peine sur le très haut débit, en parallèle avec la 2,5G sur laquelle il avait misé.

Terminaux adaptés

La 3G+ ne nécessite pas de bouleversement au niveau du réseau, mais requiert des terminaux spécifiques. C’est avec un smartphone ou un PC que les possibilités de débit supérieures peuvent être réellement exploitées. Samsung et le taïwanais HTC ont été les premiers à dégainer. Samsung, fort de son expérience en Corée, propose aujourd’hui quatre terminaux compatibles, dont l’i600, un smartphone à clavier intégral également doté du wi-fi. “L’i600 permet de profiter à plein des services opérateurs et de la garantie de débit élevé qu’ils offrent”, explique Julien Genétine, chef de produit téléphonie chez Samsung. HTC, leader mondial des smartphones utilisant le système d’exploitation Windows Mobile, propose deux appareils. Le premier, le P3600, est également disponible chez SFR sous la référence S300+ et embarque une fonction GPS. Mais c’est le modèle très haut de gamme X7500, véritable PC compact, qui assure le plus de possibilités.

En parallèle, SFR et Orange proposent des cartes au format PCMCIA, à insérer dans le port correspondant des PC portables classiques, qui transforment ces derniers en terminaux communicants 3G et 3G+. Quant aux possesseurs de cartes PCMCIA Bouygues Telecom, ils pourront passer de la 2,5 à la 3,5 G sans changer de matériel, les cartes distribuées après mai 2005 étant aux deux standards. Mais ces cartes sont de moins en moins indispensables car les PC portables les intègrent désormais. Toshiba avec le Portégé R400 et Fujitsu Siemens avec le P7230 permettent entre autres de se connecter en 3G et 3G+ sans ajout matériel.

3G+ ou wi-fi ?

L’appellation très haut débit nomade ou mobile n’est-elle pas déjà attribuée au wi-fi ? Le protocole Internet sans fil assure des débits pouvant atteindre 1 Mbps, soit autant que la 3G+. En réalité, les deux technologies se complètent. “Le wi-fi est fait pour un usage statique et offre des débits aléatoires, mais il est confortable et moins cher, parfois gratuit. La 3G+ est plus largement disponible, mais plus coûteuse”, explique Julien Genétine. Mais avec les évolutions futures, il risque d’y avoir concurrence.” Car le HSDPA n’a pas encore épuisé ses ressources. Les réseaux installés sont calés sur la norme 1.8 (pour 1,8 Mbps de débit maximal théorique). “Nous allons mettre en place des zones de couverture en 3,6 dans les grands points de trafic comme les aéroports, les gares et les centres d’affaires, annonce Pierre-Yves Rallet. Ce nouveau doublement du débit sera transparent pour les utilisateurs SFR.” Point noir, pour profiter de cette version supérieure, il faudra de nouveaux terminaux, aucun n’est encore disponible. Pourtant, en parallèle, les équipementiers qui fournissent les infrastructures réseau viennent d’annoncer qu’ils ont installé plus de 100 réseaux 3G+ dans 54 pays, dont 30 en Europe. Le très haut débit avec la 3G+ est donc accessible dans la plupart des configurations disponibles lors d’un déplacement professionnel.