
Réalisateur et scénariste, Alexandre Arcady publie en avril un deuxième livre intitulé 7, rue du Lézard. Un ouvrage dans lequel il raconte son parcours et ses souvenirs personnels, mais aussi ses collaborations artistiques… ainsi que toutes ses émotions de citoyen du monde.
« Mon deuxième livre est évidemment lié au voyage… J’étais invité au salon du livre d’Alger, en novembre 2014. Comme à chacun de mes déplacements là bas, j’ai un rituel qui commence par le cimetière de Saint-Eugène pour me recueillir sur la tombe de mes ancêtres. Ensuite, je suis allé dans la casbah pour revoir l’immeuble où je suis né, rue du Lézard. Mais ce jour-là, quelque chose s’est brisé. Devant moi, la porte de mon “château” était fermée et tout était en déperdition. Un vrai choc ! Une vision qui vous oblige à tourner la page de votre enfance. J’ai alors éprouvé le besoin de me plonger dans mon parcours de vie. À mon retour à Paris, j’ai rencontré un ami éditeur qui m’a incité à écrire et voilà comment est né 7, rue du Lézard…
Dans ce récit, j’évoque, bien sûr, mes voyages à travers le monde. Je suis l’un des metteurs en scène français qui a le plus tourné à l’étranger. J’ai traversé beaucoup de continents, et mes voyages ont souvent été un déclencheur de sensations, comme par exemple, quand j’ai découvert Miami, une ville très cinématographique qui m’a incité, quelques années plus tard, à réaliser le deuxième volet du Grand Pardon. De la même façon, c’est en découvrant Montréal que j’ai choisi cette ville pour réaliser Hold-up.
Plus qu’aux paysages du monde, je suis très attaché aux villes et à leurs histoires. Si je n’avais pas été réalisateur, j’aurais voulu être architecte. Probablement parce qu’être né dans l’une des plus belles villes architecturales du monde, Alger, m’a permis de développer cette sensibilité… La découverte d’un bâtiment m’incite quelquefois à construire des histoires autour. En réalisant Le Coup de Sirocco, j’ai trouvé à Bizerte une maison qui me rappelait par son style arabo-mauresque la grande poste d’Alger. Cette demeure m’a si impressionné que j’ai écrit une partie du Grand Carnaval en pensant à cette maison.
Plus qu’aux paysages du monde, je suis très attaché aux villes et à leurs histoires. Si je n’avais pas été réalisateur, j’aurais voulu être architecte.
J’ai l’impression d’avoir construit mon œuvre cinématographique en suivant un chemin géographique. C’est vrai que j’ai du plaisir à travailler à l’étranger. Quand on réalise un film, on est comme dans une bulle. Le soir, on est tous ensemble, acteurs, techniciens, avec le sentiment de construire quelque chose que rien ne peut perturber, même si des évènements extérieurs interfèrent. C’est ce qui nous est arrivé, pendant le tournage de Ce que le jour doit à la nuit. J’ai réalisé ce film en pleine révolution tunisienne.
Voyager aujourd’hui est devenu très compliqué. Après le 11 septembre, la sécurité est devenue indispensable et envahissante. Je me souviens avec nostalgie de l’époque où, même dans les aéroports des États-Unis, on embarquait les bagages quasiment sur le trottoir. Il suffisait de mettre une étiquette et les bagages partaient directement en soute, avant même d’être passé à l’enregistrement. Ou encore de cette navette entre Washington et New York. On grimpait dans l’avion et c’est en vol qu’on achetait son billet, comme dans un bus. C’était une époque insouciante. Le plaisir du voyage a malheureusement beaucoup changé. C’est devenu plus compliqué. Mais, heureusement, je continue à voyager encore beaucoup. Des voyages souvent liés à ma profession, pour les besoins d’un festival ou pour la présentation d’un film… et bien sûr aussi pour le plaisir de la découverte. Nous le savons tous, une fois installé dans son fauteuil d’avion, entre ciel et terre, le monde est différent… et tout est possible ».
SES DATES CLÉS
- 1961 : Départ de mon Algérie natale.
- 1967 : Israël. Le Kibboutz.
- 1978 : Naissance de mon fils, Alexandre, et réalisation de mon 1er film.
- 1985 : Naissance de ma fille, Lisa.
- 1990 : Naissance de mon fils, Yacha.
À paraître le 20 avril : 7, rue du Lézard d’Alexandre Arcady, éditions Grasset.
Bientôt en tournage, Laurent d’Arabie, une comédie sur les vicissitudes d’un employé de la compagnie qui construit le premier TGV entre Tanger et Rabat. Là-bas, il est confronté à une autre culture, d’autres coutumes, et apprend à accepter la différence et la tolérance.