Appart hotels : pas tout à fait la maison, mais presque…

Appart hotels: pas tout à fait la maison, mais presque…

Cadres en longue mission, chercheurs, salariés détachés, hommes d’affaires en déplacement pour une période pouvant aller d’une dizaine de jours à plusieurs mois : la résidence urbaine leur promet de retrouver un cadre familier et une atmosphère “comme à la maison”. Et ça marche ! Il suffit de considérer les taux d’occupation : plus de 77 % en 2006, selon le syndicat des résidences de tourisme.

L’esprit cocooning n’explique pas à lui seul le succès grandissant que rencontre ce type d’hébergement. Que l’on soit en deux, trois ou quatre étoiles, l’argument prix joue à plein. Pour quelques jours, la nuit n’y est pas nécessairement meilleur marché que dans un hôtel, mais les appartements sont beaucoup plus vastes et leur cuisine aménagée permet de réaliser de substantielles économies, sans parler du confort de ne pas avoir à ressortir pour dîner au restaurant après une harassante journée de travail. De plus, les résidences ont souvent mis au point une grille tarifaire dégressive selon la durée du séjour. Et c’est ce qui fait toute la différence sur la note finale. “Selon nos établissements, la variation entre chaque tranche de 7, 28 et 90 nuits va de 25 à 35 %, voire de 35 à 45 % pour une période de trois mois”, explique Luc Mazoé, directeur des ventes de Resid Home. Conclusion, on est passé en une décennie de 131 à 379 résidences urbaines dans le seul Hexagone.

Segmentation élargie

Inaugurations et projets de nouvelles ouvertures foisonnent, alors que le concept évolue. Après avoir débuté, pour la grande majorité des opérateurs, avec des produits d’entrée de gamme ou moyen de gamme, les chaînes spécialisées se positionnent désormais sur le haut de gamme, et même le luxe. “On commence doucement à se segmenter en deux, trois ou quatre étoiles. Si en hôtellerie, le service fait la différence, en résidence c’est le produit qui fait tout : de la qualité des équipements à l’emplacement. Quatre étoiles, cela implique capitales ou villes de prestige, surface, équipement high-tech, notamment en matière de communication pour garder le lien avec sa tribu”, explique Laurent Basnier, directeur de la marque Pierre & Vacances City qui vient d’inaugurer Paris Tour Eiffel.

Ouvert en mars dans le quartier Beaugrenelle, le seizième P&V City surplombe le front de Seine et offre une vue imprenable sur les monuments de la capitale. Cette tour de 32 étages abrite 375 appartements haut de gamme à la décoration design et aux couleurs chaleureuses, dont 150 studios pour une ou deux personnes, 213 deux-pièces pour quatre personnes et douze trois-pièces pour six personnes, équipés de télévisions à écran plat et d’un accès à Internet haut débit. La réception, ouverte 24 heures sur 24, assure un accueil polyglotte avec des interlocuteurs parlant anglais, allemand ou espagnol, mais également japonais et arabe. Les résidents reçoivent leurs journaux quotidiens et peuvent compter sur le concierge pour réserver spectacles, taxis ou même baby-sitter.

Recentrage en Europe

Mais la plus grande résidence urbaine d’Europe n’est pas uniquement le fleuron du parc P&V City. Elle scelle le rapprochement avec Accor et les ambitions expansionnistes des deux nouveaux partenaires : 50 unités en Europe d’ici à 2010. “Nous avons déjà signé à Bâle, Vienne, Bruxelles où une inauguration est prévue pour 2008. Nous sommes en phase avancée à Édimbourg et Barcelone et avons des projets à Londres, Budapest et Munich”, indique Laurent Basnier.

Pour autant, Citadines n’est pas prête à céder sa place de leader européen, ni à se cantonner à ses 41 résidences dans les principales villes françaises, britanniques, allemandes, espagnoles et belges. Après s’être exportée en Asie, voilà qu’elle recentre son attention sur le marché européen et plus particulièrement russe. “Nous prévoyons d’ouvrir 1000 logements entre Moscou et Saint- Pétersbourg dès la fin de l’année prochaine”, déclare Sym Lee, son président. Alors qu’Ascott Group, sa maison mère, recherche des opportunités en Europe de l’Est pour sa marque éponyme.

Montée en gamme

Pour son second établissement français et cinquième européen, Frasers Hospitality s’est quant à elle offert adresse de renom et façade classée. Après l’ouverture de Paris- La Défense en 2005, elle a ni plus ni moins racheté le Claridge dont elle a transformé les chambres en 110 appartements à la décoration classique, du studio de 35 m2 au quatre-pièces de 140m2. “Pour n’importe quel groupe, les Champs-Élysées sont une adresse de prestige. Y avoir une enseigne est une chance que seuls Marriott et nous avons”, se réjouit Guus Baker, directeur général Europe de la chaîne de luxe singapourienne. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. “On voudrait avoir 1500 appartements en Europe à la fin 2010, soit entre treize et quinze établissements”, poursuit-il. Déjà, pour l’été 2009, deux ouvertures sont prévues à Genève – 151 appartements dans un immeuble neuf – et à Édimbourg – 75 appartements situés dans le cœur historique de la cité. Et Frasers de lorgner également sur Berlin, Francfort, Munich, Barcelone et Madrid ; sans oublier les pays de l’Est “jusqu’à Moscou”.

Bien implanté, notamment en province, avec son offre Confort (deux étoiles), Residhome veut de son côté monter en gamme. Depuis deux ans, la chaîne a donc surtout ouvert des résidences Privilège (trois étoiles) à Metz et Nancy, et Prestige (quatre étoiles) à Paris-Opéra, Val d’Europe, Courbevoie et Massy-Palaiseau en région parisienne. “On avait un retard en trois et quatre-étoiles que l’on est en train de combler. Jusqu’ici nos résidences étaient surtout classées en fonction de leur emplacement, mais on commence à s’aligner sur l’hôtellerie. Un soin particulier est apporté à l’aménagement des résidences, Metz et Nancy ont été meublées par Ligne Roset et nous faisons également appel à des architectes d’intérieur”, souligne Philippe Nicolet, président de Residence Etudes qui prépare par ailleurs le lancement d’un nouveau produit : Relais Spa. Un premier établissement est en construction au Val d’Europe et sera équipé, comme son nom l’indique, d’un spa avec piscine, hammam, bain à remous, fitness, dietetic bar. Les résidents auront tout à portée de main pour se chouchouter.

De son côté, Mysuiteapparthotel a choisi de se diversifier avec un tout nouveau concept de “campound”, importé lui aussi des États-Unis. En périphérie des grands centres urbains, ces My Suite Village paysagés rassemblent une centaine de villas ou petites maisons type 3 et type 4 entièrement équipées.

Esprit de village

Les services sont les mêmes que dans une résidence hôtelière classique avec des plus comme une piscine avec plage et solarium, un coiffeur et même des boutiques. Un premier village a ouvert l’an dernier à Rousset, dans la banlieue d’Aix-en- Provence, à Saint-Simon, dans la banlieue proche de Toulouse, et à Monsevrain, près de Paris. D’autres villages sont en construction près de Bordeaux, Toulon, Toulouse et Versailles. “On s’adresse à des voyageurs d’affaires qui préfèrent vivre dans de vraies maisons, des familles de cadres en mission ou d’expatriés fraîchement mutés qui veulent chercher tranquillement leur nouvelle maison et ont besoin d’une résidence de transition”, explique Éric Blanc, directeur général de Mysuiteapparthotel.

Connu pour son parc en montagne ou les pieds dans l’eau, Lagrange se lance à son tour dans la résidence urbaine. Elle a annoncé en février la création d’une gamme destinée aux voyageurs d’affaires en quête de bien-être avec balnéo, fitness, piscine et restaurants. Le premier Lagrange City devrait ouvrir en 2009 à Boulogne, face à l’île Seguin, et d’ici à 2010 une dizaine d’établissements devraient être commercialisés sous la même marque, notamment à Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Toulouse… mais aussi Barcelone et Bruxelles.

Destin international

Lagrange rejoindra ainsi le club des chaînes d’appart’hôtels au destin international. Un club, il faut le dire, encore très fermé. Car contrairement à l’hôtellerie classique, l’industrie du long séjour est très peu consolidée. En dehors de Citadines, Pierre&Vacances City, du canadien Bridgecity ou des asiatiques Frasers, Ascott et Summerset, rares sont les spécialistes à s’aventurer au-delà de leur propres frontières. Pour le moment.

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