
Casey A. Wynecoop, 35 ans, co-directeur de The Intellectual House, University of Washington
L’état de Washington compte encore 29 tribus indiennes
« J’ai grandi dans une réserve indienne, à l’est de Seattle, à Spokane, petite ville qui porte le nom d’une tribu qui signifie “les enfants du soleil”. L’état de Washington compte encore 29 tribus. Mais les gens de ma génération, et même de celle de mes parents, ont perdu leur langue originelle, le salish. C’est pourquoi, lorsque je suis venu à Seattle pour faire mes études à l’université de Washington, j’ai opté pour le programme “American Indian Studies”. Après avoir obtenu mon diplôme en 2008,...
Casey A. Wynecoop, 35 ans, co-directeur de The Intellectual House, University of Washington
L’état de Washington compte encore 29 tribus indiennes
« J’ai grandi dans une réserve indienne, à l’est de Seattle, à Spokane, petite ville qui porte le nom d’une tribu qui signifie “les enfants du soleil”. L’état de Washington compte encore 29 tribus. Mais les gens de ma génération, et même de celle de mes parents, ont perdu leur langue originelle, le salish. C’est pourquoi, lorsque je suis venu à Seattle pour faire mes études à l’université de Washington, j’ai opté pour le programme “American Indian Studies”. Après avoir obtenu mon diplôme en 2008, j’ai travaillé dans une clinique de Seattle qui traite uniquement des patients d’origine amérindienne. Je rassemblais des données, notamment sur le diabète, très présent parmi cette population. Puis il a été question que l’université de Washington construise sur son campus une maison destinée à promouvoir la culture amérindienne et à soutenir les étudiants venant de différentes tribus. C’est ainsi qu’en 2015, j’ai commencé à préparer l’ouverture de l’Intellectual House, qui organise des événements culturels. Depuis, j’en suis devenu le co-directeur. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’avoir chaque année 35 000 visiteurs. Nous organisons des projections de films, des cours de cuisine, des ateliers pour apprendre à fabriquer des objets liés à la culture amérindienne, parfois en collaboration avec des entités comme 8th Generation, de l’artiste Louie Gong, qui promeut l’artisanat et l’art des différentes tribus. Mon prochain objectif : lever des fonds pour la construction d’une seconde maison qui accueillera des ateliers d’artistes, des espaces pour que les personnes âgées puissent rencontrer des jeunes, tout en attirant encore plus de visiteurs afin de les sensibiliser à la culture native-américaine. »
www.washington.edu/diversity/tribal-relations/intellectual-house/ • www.eighthgeneration.com
Christophe Jospe, 32 ans, co-fondateur de la start-up Nori
une région très sensible aux questions d’environnement
« Je suis originaire de Rochester, dans l’État de New York. Après ma licence, je suis parti en Égypte pour enseigner l’anglais, puis j’ai travaillé à des levées de fonds pour une ONG promouvant le monde arabe. Peu à peu, je me suis sensibilisé à la question du changement climatique et j’ai repris mes études à Columbia University pour obtenir une maîtrise de sciences environnementales. Là, j’ai découvert que l’on pouvait fabriquer des machines géantes pour capturer le dioxyde de carbone, selon le concept de “Direct Air Capture”. Mais ces machines sont très coûteuses. Alors, j’ai eu envie de créer une technologie plus abordable, mais toujours avec cette idée de réduire les émissions de gaz. Je me suis dit que, puisque nos gouvernements ne s’impliquaient pas assez dans la protection de l’environnement et que le danger était imminent, c’était à nous, les citoyens, de faire quelque chose. Je me suis donc mis à la recherche d’un partenaire qui sache concevoir des logiciels, car je suis avant tout un spécialiste des levées de fonds. Et j’ai rencontré Paul Gambill, un ingénieur informatique qui vit à Seattle. Nous avons tout de suite pensé aux solutions de “blockchains” pour développer notre marché. Je n’ai pas hésité à m’installer à Seattle, car le Pacific Northwest est vraiment une région très sensible aux questions d’environnement, bien plus que New York. Et c’est ainsi que nous avons lancé Nori (NDLR : le nom d’une algue qui absorbe le CO2) en août 2017. Pour le moment, nous nous concentrons sur les sols et travaillons avec des agriculteurs à qui nous fournissons des applications qui leur permettent non seulement de réduire leurs émissions de CO2, – notamment en limitant l’emploi d’engrais et en alternant leurs cultures –, mais aussi de quantifier leurs réductions et d’en être financièrement récompensés. Puis nous leur délivrons des certificats “Carbon Free”. Actuellement, nous sommes dans la phase pilote, mais d’ici l’été, nous espérons octroyer un million de certificats. Car le système fonctionne de manière exponentielle et ne sera bientôt plus limité à l’agriculture.»
www.nori.com
Hélène Costa, 35 ans, fondatrice de la start-up GarageHop
À Seattle, il y a 80 000 ingénieurs informatiques
« Je suis arrivée à Seattle en 2013, lorsque mon mari, qui travaillait pour une entreprise américaine, y a été muté. Je ne savais pas ce que j’allais faire, mais je suis vite tombée dans la marmite des start-up, notamment grâce à la chambre de commerce franco-américaine et à la Female Founder Alliance. À Paris, je travaillais à la Direction générale de l’énergie et du climat. Alors, j’ai eu envie de lancer une start-up dans le domaine de l’environnement. Comme j’avais lu que 30 % des émissions de gaz dans les villes étaient liées à la recherche d’une place de stationnement, je me suis dit qu’il y avait un créneau à prendre, d’autant qu’une autre étude affirmait que 30 % des garages restaient inutilisés. C’est ainsi qu’est née l’idée de GarageHop, une application qui permet de trouver des places de parking, notamment dans des immeubles ou des espaces privés. Ce qui est formidable à Seattle, c’est qu’il y a 80 000 ingénieurs informatiques. Alors, cela n’a pas été difficile de trouver un partenaire. Nous avons lancé notre solution en janvier 2017 et à terme, j’aimerais développer l’appli dans d’autres villes aux États-Unis. »
www.garageHop.com
Liz Tran, 39 ans, artiste
J’aime vivre à Seattle, je me sens très inspirée par la nature qui m’entoure
« Je viens d’une famille modeste de l’Oregon. Mon père construisait des bateaux de pêche à la mouche. J’ai passé beaucoup de temps à en fabriquer avec lui et c’est ainsi que j’ai appris le travail des mains. C’est de là aussi que m’est venue ma vocation d’artiste. Je me suis installée à Seattle il y a déjà vingt ans. J’avais obtenu une bourse au Cornish College of the Arts, une université qui enseigne la danse, le théâtre, la musique et la peinture. En 2002, après mes études, j’ai tout de suite réussi à vivre de mon travail d’artiste, même si ça n’a pas été facile, surtout lorsqu’on n’a aucune connexion dans ce milieu. Mais j’ai obtenu des résidences d’artiste, puis peu à peu des commandes. Récemment, j’ai fait un projet à grande échelle pour un cabinet d’architectes à Seattle, JW Architects. Je fais souvent des réalisations volumineuses, car j’aime travailler sur des supports que j’accumule : des bouées, des lanternes que je ramasse ici et là. Avec mon mari, nous avons acheté une maison il y a une quinzaine d’années, dans un quartier qui était alors malfamé et qui est devenu convoité. J’ai pu installer un atelier assez spacieux à la place du garage. J’aime vivre à Seattle, je me sens très inspirée par la nature qui m’entoure. J’aime aller aux champignons, faire des randonnées sur la chaîne des Cascades. Et puis, pour une artiste, la concurrence est un peu moins féroce qu’à Los Angeles ou à New York. Et j’ai la chance d’avoir plusieurs galeristes qui me soutiennent. »
www.liztran.com/home.html
Jin Lee, 30 ans, ingénieure informatique pour Starbucks
Seattle est un endroit idéal pour commencer sa carrière
« J’ai grandi à Tacoma, près de Seattle, et j’ai commencé par faire des études de psychologie à la Washington University. Puis je me suis rendu compte que ce qui me passionnait, c’étaient les sciences de l’informatique. Alors j’ai repassé une nouvelle licence. Tout de suite après mon diplôme, en 2016, j’ai obtenu un stage de dix semaines chez Starbucks. Seattle est un endroit idéal pour commencer sa carrière. Après mon stage, Starbucks m’a tout de suite proposé un poste d’ingénieure. Mon quotidien ? Améliorer les fonctionnalités de l’appli. Par exemple, j’ai fait en sorte que l’on puisse offrir des cafés à ses amis et accumuler des points depuis son téléphone. J’ai beaucoup appris dans le monde de la vente, mais il est temps pour moi d’évoluer. Cet été, je commencerai à travailler pour Google, dans le quartier très sympa de Fremont. J’ai envie de développer mes connaissances des outils informatiques et de faire prendre un véritable essor à ma carrière. En plus, Google, comme Amazon où travaille mon mari, est “dog friendly”. Je pourrai donc aller au bureau avec Pancha ! »

John Bassford, 29 ans, vendeur chez Wayward Store
Ici, les gens sont très tolérants et très ouverts
« Il y a trois ans, j’ai quitté la Virginie, où je suis né et où j’ai fait mes études à la James Madison University, pour venir vivre à Seattle. J’ai toujours été fasciné par la côte ouest, en particulier par le Pacific Northwest et ses grands espaces. J’ai aussi toujours aimé les beaux vêtements de qualité que l’on fabrique dans cette région. Des chaussures en cuir qui durent des années, des chemises épaisses et des sacs en toile comme ceux de Filson, par exemple, une manufacture de vêtements et d’objets “outdoors” fondée à Seattle en 1897 et qui continue de produire localement. Alors, cela me fait plaisir de venir chaque matin au magasin pour vendre ce type de produits et pour conseiller les clients. Parallèlement, je suis prof de kick-boxing. Ce qui me maintient en forme, chose importante ici où l’on est toujours en mouvement. Ce qui est merveilleux, c’est de pouvoir vivre en ville tout en étant très proche des montagnes, des lacs, de la mer. Ici, les gens sont très sensibles aux questions d’environnement, ils sont aussi très tolérants, très ouverts. Je me sens chez moi, même si je viens de l’autre bout du pays et que je suis d’origine coréenne. En Virginie, quand on porte des tatouages, on vous regarde bizarrement. Ici, c’est normal et personne n’y fait attention. On se sent vraiment libre. »
www.waywardcollective.com
Colin Byrne, 38 ans, avocat
je suis avocat grâce à une rencontre fortuite, dans un bar
« J’ai commencé ma carrière dans le cinéma, en Californie. Puis je suis venu à Seattle pour des raisons personnelles, mais aussi pour poursuivre des études de théâtre. Très vite, je me suis rendu compte que cette carrière serait difficile. Un soir, alors que je gagnais ma vie comme barman, j’ai rencontré des avocats qui m’ont proposé de venir travailler pour eux en tant qu’assistant juridique. Leur vocation était d’éviter la peine capitale à des détenus incarcérés dans des états où celle-ci est encore pratiquée. J’ai accepté le job et très vite, je me suis passionné pour cette cause. Car, le plus souvent, la peine capitale est infligée en fonction de critères raciaux et sociaux très marqués. Il est nécessaire de faire en sorte que cette pratique barbare n’ait plus cours sur le sol américain. Déjà, vingt États, dont celui de Washington, l’ont abolie, mais il y a encore beaucoup à faire. J’ai passé le barreau en juillet, et maintenant, je suis prêt à devenir avocat. Grâce à une rencontre fortuite, dans un bar… Cela en dit long sur la capacité qu’ont les gens de Seattle à créer des liens et à s’entraider.»