Sécurité et Covid-19 : passer du tout au rien

De par son ampleur mondiale, la crise sanitaire actuelle a forcé les entreprises à s'adapter à des situations inédites, entre rapatriements, travail à distance généralisé et, pour certaines, missions de service public.
coronavirus-securite
© Irina VIV / Shutterstock.com

Population confinée, déplacements annulés, report des événements : dès le début de la pandémie, le coronavirus a eu un impact très fort sur le voyage d’affaires, en commençant par l’Asie, puis l’Europe, avant que le monde entier ne baisse le rideau pour quelques mois, vaincu par la circulation du virus. “La sécurité de nos agents passant au premier plan, il a fallu s’occuper des expatriés, d’abord en Chine, puis un peu partout où nous sommes présents, notamment en Afrique et en Amérique du Sud”, décrit Émile Perez, directeur de la sécurité du groupe EDF. Avec un traitement au cas par cas selon que la personne ait ou non de la famille sur place, selon sa volonté ou la nécessité de rester. “Le cas échéant, un rapatriement a été organisé, soit de façon individuelle, soit sur des vols organisés par le ministère des Affaires étrangères”, explique Émile Perez.

Pour venir en aide aux entreprises, les compagnies d’assistance et les agences de voyages ont pris une part active au dispositif. American Express GBT a ainsi organisé près de 35 000 rapatriements. “Sans que cela soit toujours simple, puisque certains vols étaient annulés ou n’étaient plus disponibles, précise Julien Kauffmann, PDG France de la TMC. On a élaboré des parcours parfois un peu baroques, par exemple un client qui a dû traverser une frontière à pied pour pouvoir prendre l’avion dans un pays limitrophe.

Les compagnies d’assistance comme les agences de voyages ont pris une part active aux dispositifs de rapatriements.

En plus des rapatriements, GardaWorld s’est aussi chargé de sécuriser le quotidien des collaborateurs quand le retour n’était plus possible. Grégoire Pinton, chef mondial des services de sécurité des voyageurs de GardaWorld, explique avoir reçu des demandes en ce sens courant avril : “à un certain moment, notre approche était moins d’extraire que de sécuriser aussi bien les bâtiments que les expatriés et leurs lieux de résidence.”

En parallèle, le confinement a conduit Garda à revoir ses plans de continuation sur des bases inédites. “Classiquement, les entreprises qui ont des centres d’appel pensent à ce qu’il y a à faire si elles doivent changer de lieu, explique Grégoire Pinton. Mais là, nous avions besoin, non plus d’un changement de bâtiment ou de serveur, mais de permettre à tout le monde de travailler de chez eux tout en ayant accès aux outils nécessaires.

De la même manière, EDF n’a pas cessé brutalement ses activités. “Comme d’autres, nous avons une mission de service public et le groupe a continué à produire de l’électricité. Sans quoi d’ailleurs le travail à domicile n’aurait pas été possible pour des millions de Français.” En ce qui concerne les collaborateurs non directement liés à la production, le groupe a en revanche adopté la consigne phare du confinement : “restez chez vous”. “Nos salariés étant en mobilité permanente, le travail à distance avait été anticipé depuis très longtemps, décrit Émile Pérez. Nous avons été capables de mettre en oeuvre 60 000 connexions simultanées sur des serveurs sécurisés.

Dans le secteur tertiaire, le 100 % télétravail est brusquement devenu la norme, sans pour autant créer une trop grande rupture. “Notre entreprise n’a pas du tout pâti du confinement en matière d’efficacité. Nous avons même remporté des appels d’offres pendant la période, souligne Arnaud Kalika, responsable sûreté de Meridiam. Elle a été globalement bien vécue, mais il fallait rester vigilant, avoir un peu de souplesse. Les managers devaient appeler leurs collaborateurs régulièrement par exemple. Et nous avons autorisé ceux qui avaient besoin de souffler, de sortir de chez eux parce qu’ils habitaient de petits appartements, à venir au bureau de façon exceptionnelle.

Maintenant que les voyages sont de nouveau possibles, les entreprises prendront-elles le risque d’envoyer leurs collaborateurs de par le monde ? “Dans l’absolu, tous les voyages peuvent reprendre, notamment en Afrique, en respectant les règles de tests au départ et à l’arrivée, explique Arnaud Kalika. Néanmoins, pour les pays qui sont soumis à une quarantaine, il faudrait une nécessité hautement stratégique pour y aller. On évite à tout prix de se retrouver avec des collaborateurs bloqués et non productifs. D’autant plus qu’on peut se débrouiller autrement, même pour la signature d’un contrat.