Événements sur les greens

Les entreprises se mettent au swing. Le golf, et son image élitiste, se prête à l’organisation de séminaires sportifs ou de tournois interprofessionnels, donnant l’occasion de faire des rencontres et de rapprocher les équipes. Grande classe.

En 2018, les greens du golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines verront Tiger Woods et consorts se disputer la Ryder Cup. Troisième événement sportif mondial derrière les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de football, cette fameuse compétition, qui oppose tous les deux ans les États-Unis et l’Europe, devrait accueillir jusqu’à 70 000 spectateurs par jour pendant une semaine. Que la France se soit vu confier l’organisation de la plus prestigieuse des rencontres internationales confirme sa position de destination golfique à part entière. Comptant plus de 400 000 licenciés, soit plus que le rugby ou le volleyball, la France occupe la quatrième position au plan européen, certes loin derrière l’Angleterre, la championne du swing avec ses 800 000 golfeurs. Mais, depuis les années 80-90, les golfs français ont mis les bouchées doubles pour séduire de nouveaux adeptes, multipliant notamment les“compacts” – autrement dit les parcours de neuf trous – pour attirer les joueurs débutants. Avec une réussite certaine puisque les clubs sont passés de 150 à 700 en l’espace d’une décennie. Bien sûr, ce sport conserve une image élitiste, mais il a su toucher les classes moyennes au fil des ans. Même l’Éducation nationale s’y est mise et de nombreux lycées proposent l’option EPS golf au baccalauréat !

Les entreprises sont elles aussi touchées par ce phénomène. En premier lieu parce qu’elles se reconnaissent dans les valeurs véhiculées par ce sport comme la concentration et la maîtrise de soi, le respect des autres, un environnement calme et naturel, l’éloignement de la pression de la vie quotidienne, la convivialité, les bienfaits pour la santé. Une image à laquelle les entreprises s’associent volontiers en soutenant diverses manifestations. Le plus bel exemple en est le trophée sponsorisé par Lancôme qui s’est tenu pendant 34 ans au golf de Saint-Nom-la Bretèche et qui a contribué au rayonnement de la petite balle blanche en France.

Relations de parcours

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Autres outils de communication golfique classiquement utilisés par les entreprises : les Pro-Am, ces tournois durant lesquels les invités ont le privilège de jouer avec un golfeur professionnel. Ainsi, ce mois de juin, le groupe Aromatech sponsorise au Royal Mougins Golf Club, sur la Côte d’Azur, le cinquième Pro-Am International de l’agroalimentaire. Cet événement – le plus grand tournoi de golf de ce secteur en France – est devenu au fil des ans le rendez-vous incontournable de tout l’agroalimentaire. En 2011, il a réuni 26 équipes représentant 104 golfeurs venus du monde entier ainsi que de nombreuses sociétés dont Andros, Coca Cola, Danone, Mars, Nestlé Waters, Lactalis, Sodiaal Candia…

Cependant, comme le remarque Valéry Beauvillain, directeur de l’agence Golf Connexion, les Pro-Am sont en passe devenir obsolètes. “Le golf est désormais un réel outil de communication pour les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur origine. Elles souhaitent passer plus de temps avec leurs prospects et clients. Ces moments doivent réellement leur permettre de fidéliser ou de forger de nouvelles relations”, conçoit-il. Pour créer ou renforcer ces liens, l’agence, spécialisée depuis 20 ans dans les événements golfiques, a notamment lancé en 2002 un club de dirigeants golfeurs, le Corporate Golf Club. Plus récemment, elle a mis sur pied un trophée spécial pour les petites entreprises, le PME Golf Trophy, une manifestation qui se déroule sur deux jours et deux tours. L’idée est de permettre aux dirigeants et décideurs de PME de tisser des liens avec les autres participants. L’événement prévoit également des mises en relation entre les sociétés inscrites autour de rendez-vous “speed dating”, prévus afin de multiplier les échanges et de garantir un retour sur investissement des membres participants.
 
Ces créations suivent l’évolution du marché. Ces dernières années ont été marquées par une demande exponentielle de la part des entreprises de toutes tailles souhaitant utiliser le golf à des fins de relations publiques. Décomplexées, les PME savent que l’image haut de gamme du golf rejaillira d’une manière ou d’une autre sur l’image de leur entreprise et qu’elles pourront ainsi toucher une cible à forte valeur ajoutée. Car, après quatre heures passées sur les greens, les barrières s’estompent, le tutoiement remplace le vouvoiement… Ces tournois offrent ainsi l’occasion d’enrichir les carnets d’adresses, les invités étant rigoureusement sélectionnés. “Souvent, nos clients reviennent vers nous après l’événement afin que nous leur communiquions les coordonnées téléphoniques de tel ou tel participant”, précise Valéry Beauvillain.
 
Parallèlement, la fédération française de golf a créé une commission du golf d’entreprise dès les années 80 afin de promouvoir et développer ce sport chez les salariés. “Cette affiliation leur a permis d’entrer dans le monde fermé du golf ”, explique Philippe Pradet, président de la commission. Aujourd’hui, 888 associations sportives d’entreprises publiques ou privées sont adhérentes, contre 857 en 2010. Au total, 31 288 joueurs pratiquent le golf au sein de leur entreprise contre moins de 4 000 en 1988. Parmi les entreprises affiliées : Vittel, Cap Gemini, Costa, Hennessy, Aerospatiale, Groupama…
 
“Au fond, golf et entreprise vont de pair car les deux véhiculent les mêmes valeurs, celles du fair-play, du respect de l’étiquette, de la convivialité et de la concentration”, rappelle Philippe Pradet. Tellement bon ménage que la commission a également lancé l’opération “Golfez entreprise”, une sorte de parrainage entre joueurs licenciés et débutants. Les golfs invitent gratuitement, le temps d’une journée, les salariés d’une ou de plusieurs sociétés à partager une vraie partie sur un parcours adapté avec, au final, une remise de prix et un cocktail de clôture. Avec des équipes composées de participants de tous les niveaux sociaux, les initiatives permettent notamment de renforcer la cohésion interne des entreprises.
 

Embarras du choix

Côté parcours, les entreprises n’ont que l’embarras du choix entre mer, montagne et campagne ! Les possibilités en effet sont multiples, avec des golfs réputés techniques comme ceux de Chantilly et de Fontainebleau, tous deux dessinés dans la première partie du XXe siècle par l’illustre concepteur Tom Simpson, ou encore celui des Bordes conçu par une autre célébrité du design golfique, Robert Von Hagge. Autres lieux de renom, le golf international Barrière La Baule avec ses 45 trous sur trois parcours ou celui de Saint-Gatien à Deauville, dont les parcours de 9 et 18 trous longent les vestiges d’une chapelle des Templiers. D’autant que la plupart des parcours sont équipés des salles de réunions et proposent diverses activités en parallèle avec le golf.
 

Il est vrai que ce sport se marie particulièrement bien avec une certaine idée de l’art de vivre à la Française ! Raison pour laquelle il est fréquent d’inclure dans la programmation d’un événement à vocation golfique, ici un repas gastronomique, là des dégustations de vins, et là encore des cours de cuisine, des visites culturelles, des pauses bien-être…

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C’est le cas au Four Seasons Resort Provence at Terre Blanche, un luxueux resort situé à une trentaine de minutes de Cannes, au cœur de 300 hectares de nature à l’état sauvage. Sur place, les groupes ont accès à deux parcours 18 trous dessinés par l’architecte Dave Thomas, comprenant aussi un practice couvert, une académie du golf ainsi que l’Albatros Golf Performance Center, un centre d’entraînement d’envergure internationale accessible aux golfeurs de tous niveaux. Autre atout non négligeable pour les golfeurs désireux de se perfectionner : le “biomeca swing”, analyse informatisée de chaque geste du joueur d’après sa posture, sa mobilité, son équilibre et l’intensité de son swing. Après le sport, les participants peuvent également se détendre dans un spa de 2 800 m² avec 14 salles de soins et deux piscines, une intérieure et l’autre extérieure. Côté nourritures terrestres, cinq espaces de restauration les accueillent dont le Faventia, deux étoiles au guide Michelin. À noter qu’à partir d’octobre 2012, le resort ne fera plus partie du groupe Four Seasons. Pour autant, l’établissement conservera tous ses atouts.

 

Mer et montagne

Le sud de la France ne manque pas d’endroits où golfer sous des cieux toujours cléments, comme le Club Med à Opio avec son école de golf et son 18 trous s’ajoutant aux 31 salles de réunions et à un centre de conventions de 600 places ou le Dolce Frégate Provence, à proximité de Toulon. Ce resort quatre étoiles doté de parcours 9 et 18 trous mais aussi d’un centre de conférences comptant 13 salles de réunions pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes, propose des formules alliant travail et compétition. Même programme bien-être et golf au Mas d’Huston Golf & Spa à Saint Cyprien, dans le Roussillon, où plusieurs programmes sont proposés aux groupes corporate. “Le marché MICE représente 20 % de notre clientèle”, observe Olivia Namiech, responsable groupes et événements. En complément du plaisir de jouer sur un parcours 27 trous, l’établissement offre aux entreprises une large gamme de prestations, dont un accès au centre de thalasso voisin, Les Flamants Roses, la découverte de la gastronomie et de l’œnologie régionale.
 
Les golfeurs préférant un décor de montagne disposent eux aussi d’un large choix. Ils peuvent ainsi se rendre à l’Evian Resort, situé à 45 minutes de l’aéroport de Genève. Là, entre deux réunions, débutants et confirmés ont le plaisir de fouler les greens du 18 trous mythique de l’Évian Masters Golf Club ou bien encore de se perfectionner sur l’Évian Masters Training Center, un espace unique d’entraînement de 15 hectares ! Parallèlement, des teams buildings s’organisent dans le parc et les spas des deux luxueux hôtels du complexe, le Royal Palace et le Royal Ermitage. Pour les amateurs de vins, les opportunités sont également nombreuses, notamment dans le Bordelais, où une vingtaine de parcours “Grands crus” sont proposés par une association de 12 clubs. Même état d’esprit en Alsace où sept golfs ont mis sur pied des séjours en relation avec la route des vins.
 
“Cependant, les golfs sont souvent choisis pour leur cadre et l’image qu’ils représentent, et non pas pour leur activité”, remarque Laurent Boissonnas, directeur de la chaîne Open Golf Club. S’agissant de lieux chargés de prestige et d’histoire qui inspirent des séjours incentive “golf et culture”, les entreprises ont là aussi le choix. Notamment parce qu’historiquement réservés à la noblesse et à la bourgeoisie à leur arrivée en France, les premiers parcours se sont créés autour de châteaux et de domaines. Ainsi, au golf de Cheverny, dans les environs de Blois, le tracé est dessiné dans le parc même du château d’époque Renaissance. Dans les Ardennes, à Fagnon, un 18 trous jalonne une abbaye du XIIe siècle dont l’aile centrale, seule rescapée des outrages du temps, abrite un hôtel. Quant au Relais & Châteaux du domaine de Châteauneuf, dans le Var, qui possède un golf international de 18 trous, il a accueilli dans sa bâtisse du XVIIIe siècle la famille Bonaparte !
 
Les entreprises peuvent aussi se décider pour un parcours en fonction de son emplacement exceptionnel, et non pour les traces de son passé. “Nos golfs les plus demandés par les groupes MICE sont Marseille La Salette, tracé dans un jardin provençal au cœur de la cité phocéenne, ainsi que le golf des Yvelines, à une demi-heure de Paris, dans un parc classé en bordure de la forêt de Rambouillet”, souligne Laurent Boissonnas. Dans le cadre de séminaires, la proximité des grandes métropoles est en effet un aspect déterminant. À ce titre, le resort Radisson Blu Disneyland Paris, qui dispose de 21 salles de réunions, multi plie les atouts : une situation au cœur de la première destination touristique d’Europe, à côté d’une gare TGV et à 35 minutes de la capitale en RER ; le tout niché au sein même d’un golf de 27 trous.
 

Tour du monde en 80 golfs

Mais l’exception se trouve aussi hors de nos frontières, en Grande-Bretagne et en tout premier lieu en Écosse, source même du golf qui compte les resorts golf parmi les plus réputés comme le Gleneagles à Auchterarder ou le mythique Old Course Hotel de St Andrews, “the home of golf”, là même où furent tapées les premières balles au début du XVe siècle. Patrie d’adoption de ce sport, les États-Unis recèlent un nombre tout aussi important de resorts golf légendaires à l’image du Greenbrier, du Pinehurst ou du Peeble Beach Resort. Mais, depuis ses origines, la petite balle blanche a fait des tours et des tours sur elle-même au point d’atteindre les quatre coins du monde. Il suffit de s’éloigner du berceau de ce noble sport pour trouver d’autres établissements de renom qui se sont dédiés à la fois au golf et aux réunions d’entreprises. Le tout, sur fond de paysages sublimes, des greens avec vue sur les pentes enneigées des Coast Mountains du Fairmont Chateau Whistler aux fairways ouvrant sur le cadre de bout du monde du Cape Kidnappers à Hawkes Bay en Nouvelle-Zélande, du parcours au milieu des cactus du One & Only Palmilla au Mexique au 18 trous sous les cocotiers de l’île aux cerfs Touessrok à Maurice. Et on pourrait multiplier à l’envi les exemples dans les destinations soleil comme le Maroc, l’Afrique du Sud ou encore les Émirats Arabes. Dans des pays qui ne sont pas forcément très arrosés… Mais ça, c’est une autre histoire.