
Londres, en 2011, n’aura pas seulement été synonyme de mariage du siècle. Sans conteste, cette année méritera aussi d’être inscrite dans les annales de l’hôtellerie. Car, si l’on en croit les chiffres avancés par les autorités londoniennes, ce seraient 10 618 nouvelles chambres qui, toutes catégories confondues, auraient été inaugurées ou seraient en passe d’ouvrir cette année.
Difficile, dans cette abondance où les quatre et cinq étoiles arrivent en tête, de déceler la prédominance d’un style. Sur le registre de l’extravagance, la vraie nouveauté du printemps 2011 aura été l’entrée en piste, la nuit du 14 février, du quarantième W du monde. Le voyageur d’affaires à l’esprit un tantinet disco, plutôt arty donc, sera ravi d’être accueilli, dans le lobby du premier étage, par un déferlement de boules à facettes étincelantes, au coeur du quartier des théâtres de Leicester Square. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une des autres originalités du lieu prend la forme d’une salle de cinéma de 39 places ouverte tout exprès pour des projections privées et des avantpremières. Ici, le ludique et l’unique, deux sceaux de la marque, se déploient dans une architecture ultra-contemporaine, tout en courbes et en verre, mais aussi dans une série de clins d’oeil d’une “britishitude” décalée : des canapés Chesterfield version XXL au W Lounge ; des coussins en tissus écossais et l’Union Jack en filigrane dans le design de la bibliothèque du Library Lounge. “Dans les ascenseurs, le dessin du revêtement en cuir rappelle aussi le motif du drapeau britan – nique”, souligne Simon Warrington, directeur marketing de l’hôtel. Si les 192 cham bres se divisent en trois catégories – wonderful, spectacular, fabulous – comme dans tous les autres W, l’empreinte londonienne y est aussi immanquable que fantasque.
Classicisme et extravagance
Pour autant, cela ne signifie pas que la capitale anglaise a oublié les amateurs de classicisme. Avec, pour premier exemple, l’arrivée ce printemps de la marque Corinthia, saluée comme un double événement. D’abord, parce que ce groupe discret, né à Malte dans les années 60, a voulu faire de sa propriété londonienne son véritable “flagship”. Ensuite, mais avant tout, parce que ce pari est réussi. Installé dans un fantastique immeuble datant de 1885, qui fut l’un des grands hôtels du Londres victorien transformé plus tard en bureaux, le Corinthia a su jouer sur un luxe tout en élégance pour valoriser la splendeur originelle du lieu, ses colonnes, ses hauts plafonds, ses espaces immenses. Parmi les marbres, les lustres Baccarat épurés et les compositions florales d’une grâce presque surannée, 294 chambres, dont 43 suites – sept en duplex – imposent leur charme vintage, évoquant les années 40. “Nous voulions que cet hôtel inscrive la marque dans une nouvelle sphère, celle d’un luxe affirmé”, explique ainsi Claire Durnford, responsable des relations publiques du groupe. Cette volonté se confirme également par les services de l’établissement. Un de ses deux restaurants, le Northall, avec ses fauteuils en cuir brun et ses stucs imposants, propose une cuisine composée à partir des produits de petits producteurs locaux, tandis que le Massimo, un bar à huîtres dirigé par un chef italien, fait déjà courir le tout Londres. Quant au spa, même les voyageurs d’affaires les plus pressés se feront un devoir d’y passer. Et s’y éterniseront au gré des quatre étages de pure détente, d’une décadente sobriété.
1—Corinthia a fait une arrivée remarquée à Londres, parti ci pant à une vague excep – tionnelle d’ouvertures d’hôtels de luxe, dont la valeur totale est estimée à plus d’un milliard d’euros.
2 — Vieille gloire de l’hôtellerie locale, le Savoy a retrouvé toute sa superbe d’antan sous la houlette de Pierre- Yves Rochon.
3 — Aux antipodes d’un classicisme “so british”, le W plonge ses clients dans une atmosphère ludique, voire excen trique, rappelant les heures folles du Swinging London.
Un spa aussi vaste est assurément un luxe bien rare dans une métropole comme Londres. Sauf, peut-être, au Four Seasons at Park Lane où le dixième et dernier étage lui est entièrement consacré. Depuis les cabines de traitement et le sauna vitré, la vue, magique, est presque surréelle. L’hôtel, construit en 1970, est le plus ancien établissement en opération depuis la création de la marque. Mais, pendant deux ans et jusqu’en février 2011, l’immeuble a été complètement restructuré, et seule la façade est restée comme à l’origine. “Ce n’est donc pas une simple rénovation. C’est une véritable réouverture”, précise John Stauss, vice-président régional du groupe et directeur de l’hôtel. “Certes, nous avons un peu moins de chambres qu’avant, mais nos suites sont beaucoup plus spacieuses”, ajoute-t-il en rappelant que “la décoration a été confiée à Pierre-Yves Rochon”. Le même qui a participé au renouveau du Savoy. Ce joyau de 1889 a été fermé pendant trois ans pour rouvrir à la date symbolique du 10/10/2010. “Cet hôtel, vieux de 120 ans, avait vraiment besoin d’une refonte de son infrastructure, explique Kiaran Mac- Donald, directeur de l’établissement, nous avons remis la technologie au goût du jour. Nous avons redonné au Savoy tout son lustre d’antan, mais nous l’avons fait entrer dans la réalité du XXIe siècle.” Ici, tout comme au Four Seasons, de petites touches Art déco se marient avec le style édouardien des origines. “Les rénovations devaient coûter 100 millions de livres (ndlr : 147 millions d’euros). Elles se sont élevées à 220 (ndlr : 324 millions d’euros), mais le résultat est exceptionnel”, conclut fièrement Kiaran MacDonald en montrant la vue sur la Tamise depuis l’une des 62 suites.
Dans la catégorie classique, le Hyatt Regency The Churchill se positionne quant à lui comme un excellent hôtel d’affaires, repris par le groupe américain en 2004. Depuis cette date, les améliorations et les rénovations se sont enchaînées sans pour autant que l’hôtel ne cesse d’opérer et de proposer des packages intéressants, notamment à ses clients cor – porate. Ce 434 chambres donnant sur le ravissant Portman Square, à proximité d’Oxford Street et de Mayfair, propose trois étages Executive, les “Regency Club rooms”, dotés de deux lounges, d’un espace de conciergerie et de check-in privé. Les clients des étages Executive bénéficient, en plus d’un petit déjeuner inclus, de cocktails en soirée et d’un accès gratuit pendant une heure à une salle de réunion privée. “Nous tenons à privilégier notre clientèle d’affaires”, explique Henny Frazer, directrice du marketing.
Nouveaux points de rendez-vous
L’esprit du lieu se veut d’une élégance simple, relevée de petites pointes de mauve apaisant que l’on remarque aussi bien au restaurant The Montagu que dans le lounge récemment rénové ou bien encore dans les chambres. L’hôtel propose également une cinquantaine de suites dont treize Regency Suites, avec un balcon donnant sur le parc privé auquel les clients ont accès sur demande. Singularité de l’établissement, un partenariat avec la Frieze Art Fair, grande foire d’art contemporain, qui en fait un lieu de rencontres business et culturelles très apprécié des voyageurs d’affaires, mais aussi des Londoniens.
Avec son esprit “casual”, le Andaz Liverpool Street est devenu lui aussi un lieu de rendez-vous prisé de la capitale britannique. Cet ancien hôtel de gare datant de 1884 offre 267 chambres au goût contemporain et cinq bars et restaurants dont le très couru 1901. Son ouverture en 2008 a marqué le lancement par le groupe Hyatt d’une nouvelle enseigne qui casse les codes de l’hôtellerie haut de gamme – Andaz se traduit par “style personnel” en hindi – avec un accueil personnalisé, un check-in via PC portable ou encore le WiFi et le contenu d’un minibar “healthy” inclus dans le prix.
Dans la série des quatre étoiles business, Londres affiche là aussi une liste pléthorique de nouveautés. Ainsi, en décembre 2010, s’est ouvert, en plein coeur de la City, le Mint Hotel Tower of London, un très fonctionnel 583 cham – bres. “Tous nos hôtels sont neufs. Nous ne rénovons pas d’immeubles anciens, car nous voulons nous assurer d’un maximum de potentiel écologique et technologique”, explique Jihane Mamouri, porte-parole de Mint Hotel, groupe écossais fondé il y a dix ans. Jusqu’à ce jour encore peu connu à l’international, car uniquement présent en Grande-Bretagne, Mint vient de se lancer sur le marché européen, avec une ouverture à Amster dam. Avec un concept “up-to-date” : des quatre étoiles axés business et technologie, proposant des ordinateurs iMac dans toutes les chambres, un room service 24h/24 ainsi que de beaux espaces de réunions. Ceux du Mint Tower of London, depuis le douzième étage offrent de splendides vues sur la Tamise. Dans un esprit plus classique, le groupe Accor vient de lancer à Londres un MGallery, nouveau label regroupant des hôtels “avec une âme”.
Et, de ce côtélà, c’est certain, le St Ermin’s, n’en manque pas. Non seulement il se situe en face de Scotland Yard, ce qui lui donne une tonalité infiniment londonienne, mais il a pris place, en avril 2011, dans un ancien hôtel des années 1900, tout de briques rouges et de pierres blanches, délicieusement orné. Ce 331 chambres, malgré les splendeurs venues de son riche passé, notamment son grand escalier du lobby, et quelques ruches pour un miel home made, n’en est pas moins un hôtel très business qui propose un VIP lounge, deux somptueuses salles de conférences, quinze petites salles de réunions et un restaurant adapté aux repas d’affaires.
Arrivée en gare de St Pancras
Dans la longue liste des nouveautés à venir, un hôtel Aloft, “petite soeur” de W lancée par Starwood Hotels en 2008 et qui se distingue par ses chambres design à prix abordables dans un esprit anti-conformiste, ouvrira cet automne dans le quartier d’affaires d’ExCeL. Dans la catégorie cinq étoiles, le 45 Park Lane, de la Dorchester Collection, devrait être prêt cet automne. Viendront ensuite, en 2012, le Bulgari Hotel attendu au printemps dans le quartier de Knightsbridge, l’Inter Continental Westminster ou encore l’Edition, un boutique hotel issu de la transformation en cours de l’historique hôtel Berners par le duo Ian Schrager- Marriott. Quant au très attendu Shangri- La, il faudra encore patienter jusqu’en 2013 pour le découvrir dans un immeuble icône dessiné de Renzo Piano,The Shard, dont la forme effilée dominera la skyline londonienne.
Design et fonctionnel, technologique et écologique : le Mint Hotel Tower of London est un parfait représentant de ces hôtels d’affaires pleinement entrés dans le XXIe siècle.
Mais en attendant la suite des festivités, et avant de reprendre l’Eurostar vers la France, une dernière halte s’impose, au sein même de la gare de St Pancras, dans un lieu dont on ne saurait dire s’il s’agit d’un musée où d’un hôtel. D’ailleurs, des visites guidées par un historien ont lieu chaque jour dans cet hôtel Renaissance, le biennommé. Sonouverture officielle a eu lieu le 5 mai 2011, exactement 138 ans après l’inauguration de ce qui avait été le Midland Grand Hotel, l’un des plus chers et des plusmodernes établissements du Londres de la fin du XIXe siècle. Encore rempli des voyages réels et rêvés de l’ère victorienne, cet endroit plonge le visiteur dans l’univers des préraphaélites anglais. De stylenéo-gothique, ce véritable joyau, dont 18 suites sur les 245 chambres ont fenêtres sur gare, offre une vision absolument inédite et véritablement transportante ! Le lieua été merveilleusement conservé et mis au goût du jour dans le pur respect de ce qu’il fut à ses heures de gloire. Et cela, pour la modique somme de 150 millions de livres, soit 221millions d’euros. Dans cemonde de boiseries à rosaces, de fresques, d’ogives et de scènes peintes qu’on pourrait croire sorties du Nom de la rose, on travaille toutdemême façon XXIe siècle, efficacement, rapidement, sans lamoindre crainte de ne pouvoir se connecter au réseau WiFi ou demanquer son train.
Bloc-Notes
W London Leicester Square, 10 Wardour Street, Leicester Square
• Tél. : +44 20 77 58 10 00
• Internet : www.wlondon.co.uk
The Savoy, Strand
• Tél. : +44 20 7836 43 43
• Internet : www.fairmont.com/savoy
The Four Seasons London at Park Lane, Hamilton Place, Park Lane
• Tél. : +44 74 99 08 88
• Internet : www.fourseasons.com/london
Aloft London Excel, One Eastern Gateway, Royal Victoria Dock
• Tél. : +44 20 72 90 71 70
• Internet : www.starwoodhotels.com/alofthotels (ouverture le 31/10/2011)
Corinthia London, Whitehall Place
• Tél. : +44 20 79 30 81 81
• Internet : www.corinthia.com/london
St. Pancras Renaissance London Hôtel, Gare St. Pancras, Euston Road
• Tél. : +44 20 78 41 35 40
• Internet : www.stpancrasrenaissance.co.uk
Sr Ermin’s Hôtel, Caxton Street
• Tél. : + 44 20 72 27 77 78
• Internet : www.sterminshotel.co.uk
The Churchill Hyatt Regence, 30 Portman Square
• Tél. : +44 20 74 86 58 00
• Internet : london.churchill.hyatt.com
Andaz Hôtel, 40 Liverpool Street
• Tél. : + 44 20 79 61 12 34
• Internet : london.liverpoolstreet.andaz.hyatt.com
Mint Hôtel Tower London, 7 Pepys Street Tél. : +44 207 709 1000
• Internet : www.worldhotels.com/minthoteltoweroflondon ou www.minthotel.com/our-hotels/london-tower-london
45 Park Lane, 45 Park Lane
• Tél. : +44 20 74 93 45 45
• Internet : www.45parklane.com
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