
Cela commence en 1924, juste après la Grande Guerre, alors que Seattle gagne en notoriété, entre autres grâce à son port devenu le deuxième des États-Unis après celui de New York. Du coup, les voyageurs affluent, mais il leur manque une adresse de prestige. Ce sera donc l’Olympic Hotel qui marquera le début de l’essor hôtelier de la ville ; un immense paquebot de luxe de style néo-Renaissance, très en vogue au cours des années 1920. Arborant l’enseigne Fairmont depuis 2003 (elle-même reprise par AccorHotels en 2016), cet établissement de luxe affiche toujours son élégance d’antan. Son lobby somptueux, ses boiseries et lustres de cristal, ses...
Cela commence en 1924, juste après la Grande Guerre, alors que Seattle gagne en notoriété, entre autres grâce à son port devenu le deuxième des États-Unis après celui de New York. Du coup, les voyageurs affluent, mais il leur manque une adresse de prestige. Ce sera donc l’Olympic Hotel qui marquera le début de l’essor hôtelier de la ville ; un immense paquebot de luxe de style néo-Renaissance, très en vogue au cours des années 1920. Arborant l’enseigne Fairmont depuis 2003 (elle-même reprise par AccorHotels en 2016), cet établissement de luxe affiche toujours son élégance d’antan. Son lobby somptueux, ses boiseries et lustres de cristal, ses salles de bal et de restaurant au charme encore très XIXe siècle, font perdurer une atmosphère feutrée, à la Henry James.

Voyage dans le temps
C’est donc un voyage dans le temps que l’on fait dans cet hôtel, malgré son entière rénovation en 2016. Le remaniement de ses 450 chambres, dont la moitié sont des suites joliment habillées de tons bleu-gris, aura coûté rien de moins que 25 millions de dollars. Comble du luxe, le Fairmont Olympic est l’un des rares établissements de la ville à pouvoir s’enorgueillir d’une piscine aussi grande, baignée de lumière de surcroît. Autre singularité, récente celle-là, on sert ici des cocktails, des bières, des cidres et des desserts homemade à base d’un miel produit par les huit ruches installées sur le toit. Car à l’évidence, un établissement historique de cet ordre se doit de garder le leadership sur l’hôtellerie de luxe et, pour ce faire, redoubler d’inventivité. Or, cela bouge à Seattle, la concurrence est grande.
Même lorsque l’on séjourne pour la première fois dans la ville, on ne peut manquer de voir que sa skyline subit un vrai bouleversement, tant sont nombreux les immeubles en construction. Parmi eux, des bureaux et des habitations bien sûr, car la plus grande ville de l’État de Washington, entraînée dans une croissance poussée par les géants de la technologie, compte 100 000 habitants de plus qu’il y a tout juste une décennie. Mais c’est aussi un nouveau centre de convention, d’une valeur de 1,6 milliard de dollars, qui verra bientôt le jour, attendu pour le printemps 2022. Inévitablement, les grands groupes hôteliers viennent à la suite. En 2018, une dizaine de nouvelles adresses se sont installées en centre-ville. Avec plus de 2 600 nouvelles chambres, le parc hôtelier de Seattle a progressé de 22,5 % en moins de deux ans. Des enseignes haut de gamme logées dans des gratte-ciel futuristes aux boutique hôtels hébergés dans des bâtiments historiques, les concepts sont variés et souvent novateurs.
Parmi les nouveautés, le Charter Hotel a ouvert fin 2018 sur la 2e Avenue, à mi-chemin entre le célèbre Pike Market et le Financial District. Installé dans une tour construite tout spécialement pour lui, cet hôtel de 229 chambres, dont 13 suites, fait partie de la Curio Collection, nouvelle gamme d’hôtels Hilton caractérisée par sa volonté de refléter l’esprit de chaque ville. Oubliée, l’hôtellerie standardisée ! L’ambiance très chaleureuse évoque immédiatement le Pacific Northwest. Au 16e et dernier étage, la “Fog Room” – mêlant lounge, restaurant et bar – offre une superbe vue sur Seattle et même sur une partie du détroit de Puget. Pour plus de singularité encore, l’hôtel propose à des artistes locaux de se laisser inspirer et de créer des œuvres qui sont exposées aussi bien dans les chambres que les parties communes.

Chemise de bûcherons
Cette volonté de se démarquer, on la retrouve encore dans un autre établissement tout neuf, ouvert en février 2018 dans le quartier de Salt Lake Union, non loin du nouveau campus d’Amazon. Le Moxy suscite l’étonnement en misant sur un concept de “camping urbain” avec feu de cheminée bien sûr, mais aussi billard, ours sculpté et gros coussins en tissu de chemise de bûcherons ou à l’effigie de Kurt Cobain, parsemés sur les grands canapés du lobby. Là aussi, c’est l’esprit du Pacific Northwest qui se décline, jusque dans les 146 chambres où s’enchaînent les clins d’œil amusants à la région. La ligne des Moxy, nouvelle venue dans l’univers Marriott, apporte définitivement du peps, de l’inventivité, pour s’adresser à une clientèle plutôt jeune et créative en quête d’un art de vivre décliné différemment au gré des villes.
Autre ouverture en 2018, sans doute la plus marquante, celle du Hyatt Regency en décembre dernier, dans une tour de verre de 45 étages construite tout spécialement. Prévu pour accueillir les nombreux voyageurs d’affaires du futur centre de conventions, l’établissement compte à lui seul 1 260 chambres – devenant ainsi l’hôtel à la plus forte capacité de la côte ouest-américaine au nord de San Francisco –, mais également 9 800m² d’espaces dédiés aux événements.
Pourtant, les grandes chaînes ne sont pas les seules à avoir le vent en poupe à Seattle. En plein cœur de la ville, nombreux sont les boutique hôtels hébergés dans des bâtiments historiques fraîchement rénovés. C’est le cas par exemple du Pali Hotel, un joli 96 chambres à la déco fleurie, originale et colorée, qui a ouvert ses portes cet hiver sur l’emplacement d’un vieil hôtel de 1895, The Colonnade, juste en face du Pike Market. Un lieu tout à fait ravissant pour séjourner, ou simplement pour boire un verre. Cela ne s’arrête pas là. Le cru 2019-2020 s’annonce plutôt prometteur, avec, en ligne de mire, l’hôtel Audrey, conçu par Philippe Starck.
Et c’est une réussite. Situé dans une tour surnommée la F5, sur la 5e Avenue, ce lieu extraordinaire s’ouvre au 16e étage sur un lobby-salon en mode penthouse avec une vue à couper le souffle sur le détroit de Puget, mais aussi sur toute la skyline de Seattle ainsi que sur le port de containers. La thématique du bois domine, le check-in se faisant derrière un immense tronc poli d’une douceur saisissante. Plus sobre que dans ses précédentes créations, Philippe Starck se veut ici très proche de la nature, tout en favorisant des touches orangées dans les 189 chambres bondées de coussins reprenant des dessins de Picasso et agrémentées de meubles nobles, contemporains ou bien chinés. Le tout est d’une très grande beauté. Attenant à l’hôtel, une ancienne église de 1917 a été entièrement rénovée par le designer français. Avant même l’ouverture de l’hôtel, cet ancien lieu de culte accueille déjà des événements. Que la fête commence.


