Hôtellerie suisse : toujours glamour, un rien arty

Entre mythes sans cesse réinventés et légendes en devenir, l’hôtellerie suisse raconte avec son style inimitable une histoire très actuelle, parlant d’élégance et de raffinement.

Genève, deux palaces montent la garde le long du quai du Mont-Blanc, face au lac Léman ; deux palaces et deux légendes aussi : le Beau-Rivage et l’Hôtel de la Paix. Tous deux construits en 1865, lorsqu’on venait à Genève en villé-giature, ces splendides rivaux préparent aujourd’hui chacun, et en toute discrétion, les festivités qui célébreront leurs 150e anniversaire. « Nous songeons, entre autres, à un livre sur la grande et la petite histoire du lieu », confie Nicole Hungerkamp, porte-parole de l’Hôtel de la Paix. Dans l’imposant atrium aux colonnes néo-classiques héritées du XIXe siècle, les meubles design, très contem-porains, ont été choisis pour leurs couleurs et leurs douces textures. Du coup, c’est un véritable sentiment de bien-être qui envahit quand on franchit la porte de ce grand « petit » hôtel de 69 chambres et 15 suites, situé en plein c?ur du quartier financier et rénové en 2006 lorsque le groupe Concorde en a repris les rênes.

Le genève glamour ou trendy

Aujourd’hui, il continue de se voir régulièrement embelli, notamment par la décoratrice de l’hôtel de Crillon, Sybille de Margerie, qui use du thème de la goutte d’eau pour les chambres donnant sur le lac. Un thème presque naturel alors que « 70 % des chambres ont une vue sans entrave sur le fameux jet d’eau, l’emblème de la ville », affirme Nicole Hungekamp.

Côté de sa légendaire élégance, Genève accueille aussi des hôtels plus ludiques, ciblant une clientèle jeune et trendy. C’est le cas de l’hôtel N’vY, inscrit dans un massif bloc blanc datant de 1968 et qui a été entièrement rénové en 2012. Le groupe genevois Manotel n’a pas hésité à débourser 15 millions de francs suisses pour en faire un lieu désormais convoité. « Cet hôtel a été pensé pour la clientèle business de la génération Y, habituée à surfer, à passer rapidement d’un thème à l’autre », explique Edoardo Officioso, le directeur. Du coup, le lobby est un vaste espace ouvert, divisé en sous-espaces thématiques, avec pour fil rouge la techno-logie et l’esprit new-yorkais. Imaginé par le designer Patrick Ribes, l’ensemble décline un esprit bobo-chic audacieux, marqué par la présence d’?uvres d’art contemporain. « Notre concept est résolument arty/trendy/cosy », explique Edoardo Officioso. Entre les glaçons en forme de cristaux de roche qui rafraîchissent les cocktails, les murs en briques tagués du café évoquant l’East Village des années 80, les tablettes tactiles intégrées aux tables et les lits suspendus des 153 chambres, tout est pensé pour surprendre et séduire.

À bâle, le système D

Cette contemporanéité, on la retrouve aussi à Bâle, avec un peu moins d’audace toutefois. Ainsi, l’hôtel D, issu d’une petite chaîne alsacienne, a ouvert fin 2010 dans un bâtiment neuf au c?ur de la vieille ville. Le concept de ce boutique hôtel quatre étoiles de 48 chambres est très urbain, porté par de beaux murs de bois et des sols bruts, parsemé de canapés aux couleurs prune ou anis et agrémenté d’un lobby-lounge ouvert sur rue grâce à de monumentales baies vitrées. Au sein de cet univers minimaliste et pourtant très enveloppant, des services dans l’air du temps : stations iPod, internet gratuit, produits d’accueil bio… Le succès étant au rendez-vous, un nouvel hôtel D devrait ouvrir dans la ville au printemps 2014.

Mais la tradition reste néanmoins de mise à Bâle. Il suffit de sortir de l’hôtel D et de traverser la rue pour pénétrer dans un tout autre univers, celui du plus vieil hôtel de Suisse, le célèbre Trois Rois. « Les premiers documents mentionnant l’hôtel remontent à 1681« , explique Caroline Jenny, manager. Mais c’est de 1844 que date le bâtiment actuel.

Parce qu’il penchait trop dangereusement vers le Rhin, une rénovation totale a été mise en oeuvre en 2004. Pour ce faire, trois historiens ont été engagés avant travaux pour consulter les plans d’origine et permettre de retrouver des éléments architecturaux disparus. Le projet a duré deux ans, et la réouverture s’est faite en 2006 avec des éléments originaux enfin remis en valeur, comme les deux lustres du splendide atrium, d’ailleurs classé patrimoine historique. Parmi les autres petits joyaux du lieu, une ancienne chapelle anglicane, construite pour de riches Britanniques en route vers les montagnes et dont les motifs muraux ont été refaits à l’identique afin d’accueillir une ravissante bibliothèque.

Malgré le caractère imposant du bâtiment, l’hôtel ne compte en fait que 101 chambres, la plus célèbre étant la suite Napoléon, en hommage à sa visite – éclair – du lieu. Son vert printanier est rehaussé de dorures et l’ensemble est évidemment meublé Empire avec des pièces authentiques. Parmi les autres atouts de l’hôtel, le restaurant Cheval Blanc, emmené par le chef allemand Peter Knogel, deux étoiles Michelin, ainsi que le bar à cigares et ses 120 différentes propositions, choisis avec soin par son barman en chef, Henning Neufeld, un des meilleurs au monde.

Riches demeures réhabilitées

Une trentaine de chambres, mais aussi un restaurant étoilé, des ?uvres d’art disséminées et un petit théâtre : le Teufelhof associe séjour trendy et plaisirs de l’esprit.  Même si ce grand hôtel est la référence absolue de la ville sur le Rhin, les grosses demeures patriciennes transformées en hôtels de charme sont la vraie marque de fabrique de Bâle, à l’image du Teufelhof, situé sur les hauteurs de la ville, là où les murs d’enceinte du Moyen-Age se dressent encore. Cette bâtisse aux volets vert tilleul joue la carte de l’exclusivité. Aucune pièce n’est identique, qu’elle soit spacieuse ou intime, sous les combles ou face à la jolie cour où s’épanouissent glycines et figuiers. Le charme opère d’autant que, chaque année, des oeuvres d’artistes contemporains sont exposées dans les couloirs immaculés. Car ici tout est blanc, des abat-jours aux couettes en passant par les canapés. Malgré sa jolie modestie, ce tout petit boutique hôtel de 33 chambres s’enorgueillit d’un restaurant étoilé, le Bel étage, ainsi nommé en clin d’oeil au décor Belle Epoque de la salle, faite de parquets et de moulures, sans le moindre chichi.

L’hôtel B2 de Zurich multiplie les références à l’ancienne fonction du bâtiment – une brasserie réhabilitée – à l’image de ces lustres aux 300 bouteilles.Dans cet esprit de réhabilitation, Zurich n’est pas en reste ; la preuve avec l’hôtel B2, ouvert en mars 2012 sur l’ancien site de Hürlimann, une brasserie plus que centenaire. Constitués chacun de 300 bouteilles authentiques, trois immenses lustres surplombent le lobby et illuminent une bibliothèque composée de 33 000 volumes. Autant dire que le tout est spectaculaire ! « Le lobby et le restaurant se trouvent aujourd’hui, là où se tenaient autrefois les deux cuves principales », explique Magdalena Krol, directrice marketing. Pour garder l’esprit brasserie, un tapis reproduit devant chacune des 60 chambres l’image couleur cuivre des cuves d’autrefois. Autre référence au passé, le mini bar – gratuit, tout comme Internet – propose une bière Hürlimann. « Par ailleurs, comme nous nous situons sur une source naturelle qui permettait de fabriquer la bière, des bains thermaux ont été installés », explique Magdalena Krol. En effet, on ne peut manquer le spa somptueux avec bains romains au sous-sol ni les bains bouillonnants, sur le toit, d’où l’on profite d’une vue à 360° sur toute la ville.

Grand art à zurich

Dans un autre quartier, celui de ZüriWest en pleine métamorphose, le 25-Hours, l’un des petits hôtels design rigolo d’une chaîne hambourgeoise, a ouvert en novembre 2012 grâce à l’imagination du designer Alfredo Häberli. L’établissement à l’allure fraîche et acidulée joue sur des notes presque enfantines : dessins d’arbres stylisés et d’oiseaux multicolores, bar aux teintes rose bonbon, lignes années 50 et clins d’oeil à la vie zurichoise. Dans chacune des 126 chambres, on trouve une station iPod et des produits d’accueil au nom écologique : « stop the water while using me ». Le concept 25-Hours fonctionne si bien qu’un nouvel hôtel est déjà prévu pour 2016.

Ici un tableau de Miguel Barcelo, là une sculpture de Jean Tinguely, mais aussi des Warhol, des Haring… Le Dolder Grand offre l’expérience d’un vrai musée.Pourtant, à Zurich, rien n’est plus beau que le Dolder Grand, hôtel mythique perché sur les hauteurs. Conçu en 1899 non pas comme un hôtel de luxe destiné à la clientèle internationale, mais comme un lieu de repos pour les Zurichois eux-mêmes, on le rejoint encore par un petit train à crémaillère bucolique. En 2004, au moment d’un changement de propriétaire, une magistrale rénovation s’est imposée, engageant même la construction d’une aile supplémentaire. C’est à Norman Foster en personne que la tâche a été confiée. « Nous sommes restés fermés de 2004 à 2008, car nous voulions faire un établissement moderne tout en gardant son faste du passé », explique Vanessa Flack, porte-parole du Dolder Grand. Ainsi de nombreux éléments d’autrefois ont ressurgi comme les plafonds de bois peint Art Nouveau cachés pendant des décennies derrière une chape de béton. Au total, le projet aura coûté 440 millions de francs suisses, sans compter l’impressionnante collection d’art, véritablement digne d’un grand musée.

« Nous exposons ces ?uvres comme on les accrocherait chez soi, et on a pris le parti de ne pas indiquer le nom des artistes », souligne Vanessa Flack. Pour en savoir plus, il faut se procurer un iPad sur lequel on navigue d’un Pissarro à un Hodler, d’un Dubuffet à un Keith Haring, d’un Andy Warhol à un Botero, d’un Jean Tinguely à un Niki de Saint-Phalle… Absolument époustouflant. Alors, pour se remettre de ses émotions, deux options : un dîner au restaurant doublement étoilé ou un plongeon dans un bain bouillonnant avec vue sur les Alpes dans l’extraordinaire spa de 4000 m2 …  

Bloc-notes

HOTEL BEAU RIVAGE GENÈVE, Quai du Mont-Blanc 13

Tél. : +41 22 716 66 66

Fax : +41 22 716 60 60

Email : info@beau-rivage.ch

Internet : www.beau-rivage.ch/fr    

HOTEL DE LA PAIX GENÈVE, 11, Quai du Mont-Blanc 

Tél. : +41 22 909 60 00

Email : hoteldelapaix@concorde-hotels.com

Internet : www.hoteldelapaix.ch    

HÔTEL N’VY GENÈVE, 18, rue Richemont

Tél. : +41 22 544 66 66

Fax : +41 22 544 66 99

Email : nvy@manotel.com

Internet : www.hotelnvygeneva.com    

HOTEL D BASEL, Blumenrain 19

Tél. : +41 61 272 20 20

Fax : +41 61 272 20 21

Email : sleep@hoteld.ch

Internet : www.hoteld.ch   

LES TROIS ROIS BÂLE, Blumenrain 8

Tél.: +41 61 260 50 50 

Fax : +41 61 260 50 60

Email : info@lestroisrois.com

Internet : www.lestroisrois.com   

HOTEL TEUFELHOF BÂLE, Leonhardsgraben 49

Tél. : +41 61 261 10 10

Fax : +41 61 261 10 04

Email : info@teufelhof.com

Internet : www.teufelhof.com   

HOTEL B2 ZURICH, Brandschenkestrasse 152

Tél. : +41 44 567 67 67

Email : zurich@b2boutiquehotels.com

Internet : www.b2boutiquehotels.com    

25-HOURS ZURICH, Pfingstweidstrasse 102 

Tél. : +41 44 577 25 25

Fax : +41 44 577 28 88

Email : zuerichwest@25hours-hotels.com

Internet : www.25hours-hotels.com/zuerich 

THE DOLDER GRAND ZURICH, Kurhausstrasse 65

Tél. : +41 44 456 60 00 

Email : info@thedoldergrand.com

Internet : www.thedoldergrand.com