
Vous participiez récemment à IBTM Barcelone : quel fut votre ressenti sur la tenue d’un salon international en temps de crise, avec des contraintes réglementaires accrues et un visitorat réduit ?
Mubarak Al Shamisi – Je ne sais pas quel était le nombre de participants sur IBTM, peut-être un peu moins qu’auparavant, mais l’essentiel, c’est l’énorme appétit des participants pour reprendre le chemin des voyages d’affaires et des salons professionnels. Aujourd’hui, toutes les destinations ne sont pas ouvertes, beaucoup de mes contacts voulaient venir mais il y a avait des contraintes d’accessibilité. Du point de vue du Bureau des Congrès et des...
Vous participiez récemment à IBTM Barcelone : quel fut votre ressenti sur la tenue d’un salon international en temps de crise, avec des contraintes réglementaires accrues et un visitorat réduit ?
Mubarak Al Shamisi – Je ne sais pas quel était le nombre de participants sur IBTM, peut-être un peu moins qu’auparavant, mais l’essentiel, c’est l’énorme appétit des participants pour reprendre le chemin des voyages d’affaires et des salons professionnels. Aujourd’hui, toutes les destinations ne sont pas ouvertes, beaucoup de mes contacts voulaient venir mais il y a avait des contraintes d’accessibilité. Du point de vue du Bureau des Congrès et des Expositions d’Abu Dhabi, nous sommes surtout focalisés sur la qualité des meetings que nous planifions, plutôt que sur leur quantité.
Quelle est la situation du marché meetings & events à Abu Dhabi aujourd’hui ?
Mubarak Al Shamisi – La situation est très bonne, comme en a témoigné récemment le lancement de SIAL Middle East au sein du Abu Dhabi National Exhibition Centre (ADNEC), un événement dédié à la nourriture et au divertissement. La veille nous organisions le m&i Europe Winter Forum pour la deuxième fois. Le quatrième trimestre a donc été très chargé pour nous. Le secteur événementiel revient à la normale, les congressistes reviennent en nombre. Il y a également beaucoup de meetings et d’opérations incentive. C’est un très bon signe pour Abu Dhabi.
Comment expliquez-vous cette embellie, qui est encore loin d’être générale dans de nombreuses destinations ?
Mubarak Al Shamisi – Je pense que cela s’explique par le fait que nous sommes une destination sûre. Il faut rappeler par exemple que plus de 90% de la population d’Abu Dhabi est vaccinée. Cela envoie un signe très rassurant aux congressistes et aux organisateurs. Il y a aussi tout un dispositif de certification, à travers le programme « Go Safe » qui couvre les lieux événementiels, les attractions, les hôtels, les compagnies aériennes, avec des protocoles très stricts pour garantir la sécurité des visiteurs. Abu Dhabi a d’ailleurs été sacrée destination la plus sûre pour la cinquième fois consécutive par Numbeo. L’autre facteur de succès repose sur le fait que dans un rayon de 4h de vol, Abu Dhabi couvre le tiers de la population mondiale. L’accessibilité est cruciale pour attirer de grands événements, avec en outre des infrastructures de classe mondiale, et le soutien du Bureau des Congrès et des Expositions d’Abu Dhabi auprès des organisateurs pour les aider à faire de leur événement un succès. Nous nous impliquons beaucoup en ce sens.
onze nouveaux événements seront lancés l’an prochain
Quel est le volume d’activité aujourd’hui ?
Mubarak Al Shamisi – En 2019, nous accueillions au total 13,3 millions de visiteurs loisirs, et 1,4 millions pour le secteur du MICE, qui totalisait 24 000 événements. Notre objectif à l’horizon 2030 est d’accueillir 23 millions de voyageurs, qu’ils soient loisirs ou MICE. Nous avons donc des objectifs ambitieux. Ce dernier trimestre a marqué le grand retour des événements à Abu Dhabi, et leur nombre devraient encore croître rapidement. L’année 2022 est très prometteuse de notre point de vue, et onze nouveaux événements seront lancés l’an prochain, à savoir six salons professionnels et cinq conférences d’associations.
Ces nouveaux événements signifient-ils que vous visez de nouveaux secteurs d’activité ?
Mubarak Al Shamisi – Oui et non… Les onze nouveaux événements que j’évoquais restent axés sur les secteurs d’activité que nous avons l’habitude de cibler. Mais la pandémie nous a ouvert les yeux sur de nouveaux domaines auxquels nous devons nous intéresser, comme la santé et la sécurité, le risk management.
Y a-t-il des évolutions au niveau des infrastructures de congrès ?
Mubarak Al Shamisi – Récemment, le Abu Dhabi National Exhibition Centre (ADNEC) a annoncé un projet d’expansion à hauteur de 12% de sa surface pour atteindre et externe à 151 000 m². Le message est clair : il y a une réelle demande, à laquelle nous comptons bien répondre.
D’autres grands projets sont-ils attendus, dans le domaine de l’événementiel ou de l’hôtellerie notamment ?
Mubarak Al Shamisi – Beaucoup de projets sont en cours à Abu Dhabi, qu’il s’agisse des espaces événementiels, des attractions, des hôtels : il se passe toujours quelque chose à Abu Dhabi. On peut par exemple mentionner l’inauguration de l’Etihad Arena en janvier dernier, qui est la plus grande infrastructure polyvalente indoor de la région, installée sur le très beau front de mer de Yas Bay. Tout récemment, au mois de novembre, a aussi eu lieu l’inauguration d’Al Qana, qui renforce encore le catalogue d’Abu Dhabi en termes d’infrastructures événementielles avec cet aquarium de classe mondiale. De grands projets hôteliers sont également en préparation, dont de nouvelles adresses pour les voyageurs d’affaires, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. Tout cela doit nous permettre de répondre à la hausse de la demande attendue à Abu Dhabi.
Comment avez-vous traversé les mois de crise ?
Mubarak Al Shamisi – Je ne serais pas honnête si je disais que cette crise ne nous avait pas challengé, mais cela s’est fait de manière positive. Pendant la pandémie, beaucoup d’activités ont cessé, le trafic aérien a chuté, mais cela ne nous a pas empêché de promouvoir la destination, par exemple en mettant l’accent sur des événements virtuels ou hybrides. Nous avons aussi profité de ce temps pour investir dans la formation des équipes, pour repenser, affiner notre stratégie en y intégrant les enseignements de cette crise. Récemment, nous avons lancé la Abu Dhabi Business & Events Week, au mois d’octobre. L’idée était simple : réunir tous les acteurs majeurs du secteur au niveau international : ICCA, PCMA, UFI, IAEE, SITE, MPI, et d’autres associations internationales. Ils ont pu échanger pendant trois jours sur les nouvelles tendances du marché, partager leurs connaissances, leur vision du futur… La coopération, le networking et la communication sont essentiels en cette période. C’est ce que nous faisons au sein du Bureau des Congrès et des Expositions d’Abu Dhabi : nous ne pouvons pas agir seuls, nous travaillons en lien étroit avec tous les décideurs, les compagnies aériennes, les hôtels, le secteur des taxis… Il nous faut comprendre les besoins et les objectifs de chacun.
Abu Dhabi est-elle aujourd’hui la destination leader au niveau régional dans le domaine de l’événementiel ?
Mubarak Al Shamisi – Je le pense. Nous avons récemment annoncé qu’Abu Dhabi accueillerait la COP 28, et aujourd’hui plus que jamais les principaux événements internationaux se tiennent à Abu Dhabi. C’est ici que se tient le deuxième plus gros événement au monde sur le pétrole et le gaz, le numéro un dans le domaine militaire… Il y a toujours de la concurrence, et la compétition est toujours saine, mais Abu Dhabi est aujourd’hui aux premiers rangs en matière d’organisation d’événements internationaux.
Avez-vous investi dans l’hybride face à la crise ?
Mubarak Al Shamisi – Beaucoup d’événements hybrides ont eu lieu au cours des derniers mois à Abu Dhabi, et cela pourrait perdurer. Le Bureau des Congrès et des Expositions d’Abu Dhabi n’a pas investi lui-même dans ces technologies, mais les acteurs de l’événementiel l’ont fait, à l’image d’Abu Dhabi National Exhibition Centre, qui a beaucoup investi pour accueillir des événements hybrides ou virtuels, ou de l’Etihad Arena. Beaucoup de lieux événementiels et d’hôtels investissent dans ces nouvelles technologies, qui deviennent un standard aujourd’hui. Mais je pense que nous devons favoriser les rencontres en face à face quand elles sont possibles.
Quels sont vos principaux défis pour les mois à venir ?
Mubarak Al Shamisi – Seul le temps le dira… Mais avec toutes les transformations à l’œuvre aujourd’hui dans le secteur événementiel, on ne veut pas faire de comparaison avec la situation de 2019 ou de 2018. Il s’agit de bien cerner les attentes du marché, non pas en se projetant sur l’année prochaine, mais sur un horizon de trois à cinq ans. Comment ces transformations vont-elles se manifester, à quoi ressemblera leur impact concret ? Comme je le disais plus tôt, il faut maintenir son attention sur la qualité des réunions et des événements plutôt que sur leur quantité. Faire face aux défis de demain passe aussi par la participation aux discussions à l’échelle internationale entre les acteurs du MICE.