Interview : Stéphane Leleu, Directeur des Evénements, International Fertilizer Association

Directeur des événements pour l'International Fertilizer Association (IFA), Stéphane Leleu assistait en janvier dernier à l'un des premiers événements hybrides d'ampleur internationale organisés depuis le début de la crise sanitaire : la convention PCMA 2021, à Singapour. Il partage son expérience et livre son analyse sur les atouts et les limites de ce format à court et moyen termes.
Stéphane Leleu
Stéphane Leleu durant l'événement PCMA Convening Leaders organisé à Singapour en janvier dernier

Qu’attendiez-vous de l’événement hybride organisé par PCMA à Singapour en début d’année ?

Stéphane Leleu – L’objectif principal était d’observer la mise en place d’un événement hybride international avec les contraintes sanitaires en vigueur. Le parcours voyageur depuis Paris jusqu’à l’arrivée à l’hôtel, la gestion au quotidien des déplacements et des interactions entre délégués. En résumé, toute la logistique derrière l’organisation d’une conférence hybride regroupant 300 personnes sur site.

Comment avez-vous vécu cette première conférence à l’international depuis la crise ? Est-il possible, malgré les contraintes, d’en « avoir pour son temps de vol », en termes de business, d’échanges ?

Stéphane Leleu – Effectivement les contraintes sont nombreuses, les tests PCR ou ART quotidiens pénibles pour les âmes sensibles et les multiples documents à remplir effrayants ! Mais au final, les interactions étaient là, les échanges intéressants, les découvertes culturelles au rendez-vous et les projets à nouveau imaginés, ca fait un bien fou.

rassurant de constater que nous sommes tous confrontés aux mêmes défis et que notre industrie est résiliente

Le ratio entre contraintes et bénéfices est-il positif ? Le contenu vous a-t-il semblé pertinent ?

Stéphane Leleu – Indéniablement positif ! En termes de contenu, c’était enrichissant et rassurant de constater que nous sommes tous confrontés aux mêmes défis et que notre industrie est résiliente.

Participeriez-vous au même événement si c’était à refaire ?

Stéphane Leleu – Tout de suite, maintenant, demain, à quelle heure est le vol ?

L’événementiel est toujours une question de détails et dans ce contexte chaque détail a son importance.

Un tel événement vous semble-t-il duplicable sur le marché français, à la fois d’un point de vue technique et culturel ?

Stéphane Leleu – Techniquement parlant, sans aucun doute. Nous avons les ressources technologiques et les infrastructures adaptées. En revanche, imposer aux participants un itinéraire strict sans aucune modification possible me semble difficile à appliquer.

Cette conférence vous a-t-elle convaincu de passer à l’hybride ? Vous a-t-elle appris certaines bonnes pratiques, certaines pistes à explorer pour optimiser ce format ?

Stéphane Leleu  – Bien sûr ! C’est l’option privilégiée pour sortir de cette crise progressivement. L’événementiel est toujours une question de détails et dans ce contexte chaque détail a son importance. L’hybride nécessite des moyens techniques pour l’instant assez onéreux et la question de l’équilibre budgétaire se pose clairement. En revanche, j’ai beaucoup aimé l’idée d’avoir des speakers du monde entier, en direct sur des écrans géants placés sur scène à côté des intervenants présents physiquement. Cela permet certainement d’avoir des speakers de haut niveau plus facilement. Il m’a quand même manqué l’aspect interactif entre les participants en salle ou en virtuel et les intervenants.

une vraie lassitude du 100% virtuel et un manque cruel d’expérience voyage

Dans quelle mesure vous attendez-vous à ce que ce format de conférence devienne la norme sur du long terme, et à quel point est-ce que cela suppose de revoir le business model de l’événementiel ?

Stéphane Leleu – A court ou moyen terme, le format hybride répond aux contraintes d’impossibilité de déplacement, c’est donc l’alternative. En revanche, je pense qu’il y a une vraie lassitude du 100% virtuel et un manque cruel d’expérience voyage, de découverte culturelle, d’échange et d’interaction. La composante virtuelle du format hybride sera toujours utile pour ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer et potentiellement un complément de revenus pour l’organisateur mais l’essence même de notre métier est de créer des émotions dans la vie réelle, pas derrière un écran !