
Les enseignements du dernier baromètre MPI vous semblent-ils en ligne avec les tendances que vous constatez sur le marché français ?
Véronique Holveck – Le baromètre de MPI, le « Meetings Outlook », est consolidé trimestriellement auprès de nos membres actifs constitués de planners MICE – y compris des organisateurs professionnels de congrès (PCO) – et de fournisseurs dans l’évènementiel. Il est géré avec le support de notre partenaire l’IMEX Group. Même si 70% de nos adhérents sont basés aux USA, où l’association a son siège social à Dallas, les informations recueillies sont majoritairement similaires à celles constatées sur le marché Français. Ainsi 81% des sondés de notre dernier Meetings Outlook s’attendent à des conditions favorables dans le business MICE pour les 12 prochains mois. Pour nos membres Français, les événements et les voyages incentive continuent aussi à s’accroitre de manière stable jusque fin 2023, avec une projection plus concrète favorisée par la réouverture des frontières et la reprise des voyages internationaux.
Comment ressentez-vous la reprise de l’activité meeting & events en France, et comment envisagez-vous la fin de l’année 2023 ?
Véronique Holveck – 84% des professionnels MICE interrogés par MPI prévoient de retrouver plus de 50% de leur volume d’activité au niveau d’avant crise pandémique cette année. Plus d’un tiers de nos répondants sont optimistes à l’idée de retrouver au moins 90% de leur volume d’activité en 2023 et 15% d’entre eux espèrent même dépasser les 100% d’ici la fin de l’année.
Cette reprise de l’activité s’est-elle accompagnée d’une évolution dans les demandes des organisateurs ? Ou est-ce un simple “retour à la normale” ?
Véronique Holveck – Pour 83% de notre panel mondial, et même 97% pour les sondés Français, les événements et les réunions en présentiel sont essentiels et redeviennent le format principal à privilégier en 2023. Dans le choix de la destination, les conditions sanitaires ont désormais moins d’importance et la réouverture des frontières entraine une augmentation de l’organisation de séminaires et évènements à l’international par rapport aux deux dernières années.
La problématique tarifaire engendre-t-elle mécaniquement une réduction générale du nombre de participants ?
Véronique Holveck – La qualité des prestataires locaux reste le critère déterminant pour choisir une destination et en second lieu, le budget reste en effet un facteur important dans la prise de décision. L’inflation constitue un véritable frein. 55% de nos répondants ont déclaré que les coûts en restauration (F&B) avaient augmenté de plus de 10 % au cours des 12 derniers mois. De telles augmentations de coûts – plus de 10 % — ont également été mentionnées pour d’autres prestations : 50% de nos sondés ont constaté des augmentations de coûts identiques pour l’hébergement, 45% pour le transport et 44% d’entre eux ont noté des majorations similaires (10% minimum) pour le matériel audiovisuel. Pour y remédier, les hôtels, les sites et les partenaires tentent de compenser la perte de revenu et de profits. Les entreprises s’adaptent en réduisant la taille de leurs évènements ou leur durée, et les MICE planners travaillent avec des fournisseurs qui ont plus une portée nationale que régionale, afin de mieux pouvoir augmenter leurs possibilités de négociations tarifaires. Notre panel international souligne aussi que le nombre global de participants diminue également parce que la réunion hybride est encore favorisée pour éviter des couts logistiques importants quand il s’agit de faire venir des participants du monde entier.
Avec le télétravail, certains collaborateurs ont quitté le siège de leur entreprise. Le besoin accru de maintenir un lien entre les équipes se ressent-il dans les demandes clients ?
Véronique Holveck – Oui tout à fait, on note une forte augmentation du nombre d’incentives depuis la fin de la crise pandémique, les entreprises ayant besoin de motiver leur personnel et de favoriser rapidement la cohésion d’équipe qui a été malmenée depuis 2019. Les demandes de séminaires s’accompagnent quasi systématiquement d’activités team building.
Pendant la crise, beaucoup d’observateurs ont prédit l’avènement du format hybride. Est-ce que cela se vérifie sur le marché français ? Ou a-t-on rangé les équipements de captation pour reprendre des formats traditionnels ?
Véronique Holveck – Premier constat : 83% de nos sondés préféreraient participer ou organiser des évènements en présentiel sur les 12 prochains mois. Mais bien que les réunions en présentiel soient souhaitées, les projections de participation virtuelle demeurent plutôt stables dans notre sondage pour 2023 en comparaison de 2022, avec toutefois une baisse significative par rapport aux années records de 2020 et 2021.
Quels seront les principaux défis pour les professionnels du meeting & events en France à la rentrée de septembre ?
Véronique Holveck – La maitrise des coûts reste l’un des plus grands défis, de même que le recrutement de personnel qualifié dans l’évènementiel pour les prestataires. Côtés organisateurs, c’est plutôt la difficulté à mettre en place un programme de qualité, tout en respectant un budget quasi stable depuis plusieurs années. L’inflation et l’augmentation des couts qu’elle entraine automatiquement ont rendu la communication plus qu’importante entre l’organisateur et les prestataires, afin de pouvoir convertir un dossier. Nos sondés nous l’ont confirmé : les contraintes budgétaires et les hausses de prix ont conduit nos membres à négocier plus « énergiquement » avec leurs partenaires.
Les grands événements sportifs comme Paris 2024 risquent-ils de créer un embouteillage sur les infrastructures événementielles, et donc d’augmenter encore les prix ?
Véronique Holveck – Avec le pic de fréquentation attendu pour ces évènements et en particulier les Jeux Olympiques en 2024, il est évident que le parc hôtelier parisien, pourtant bien plus important que celui de Rio ou d’Athènes, sera en saturation. Certains membres MPI prestataires ont déjà ouvert leur planning de réservations pour les prochains JO. Par contre, une partie de la clientèle habituelle de la capitale ne devrait pas venir pour éviter la sur-fréquentation pendant cette période. Cette absence de la « clientèle classique », et en particulier « haut de gamme », pourrait réduire les bénéfices pour le secteur touristique et évènementiel en général. Même si à un an du lancement des JO à Paris, la surprise pourrait être de taille côté tarifs hôteliers et salles de conférences.