Se rendre à Tel-Aviv pour affaires sans faire un détour bleisure par Jérusalem participerait presque de l’hérésie. Au sens strict du terme. Car on le sait, Jérusalem, berceau des trois monothéismes, est un lieu éminemment sacré, tant pour les juifs que pour les chrétiens et pour les musulmans.
Derrière les remparts que célébra Chateaubriand en 1811 dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem se cachent trois sites puissamment spirituels. Pour les rejoindre, il faut cheminer, monter et descendre un nombre incalculable de dénivelés, passer dans des passages couverts, traverser un dédale de ruelles sombres aux pavés vieux comme le monde.
Soudain,...
Se rendre à Tel-Aviv pour affaires sans faire un détour bleisure par Jérusalem participerait presque de l’hérésie. Au sens strict du terme. Car on le sait, Jérusalem, berceau des trois monothéismes, est un lieu éminemment sacré, tant pour les juifs que pour les chrétiens et pour les musulmans.
Derrière les remparts que célébra Chateaubriand en 1811 dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem se cachent trois sites puissamment spirituels. Pour les rejoindre, il faut cheminer, monter et descendre un nombre incalculable de dénivelés, passer dans des passages couverts, traverser un dédale de ruelles sombres aux pavés vieux comme le monde.
Soudain, en plein soleil, on débouche au cœur du quartier juif sur le Kotel, le mur Occidental, autrement dit le mur des Lamentations, vestige du second temple de Jérusalem avant sa destruction par les Romains. Puis, le pas lourd de tant d’escaliers grimpés, il faut atteindre le mont Golgotha, où Jésus aurait été crucifié et sur lequel on érigea l’église du Saint-Sépulcre, encore creusée dans ses murs épais de graffitis des Croisés de l’an Mil. Le troisième site est, pour sa part, aussi sacré pour les juifs que pour les musulmans. Il s’agit du Mont du temple auquel on ne peut accéder que quelques heures par jour, sauf si l’on est de confession musulmane, et où domine le Dôme du Rocher et sa coupole étincelante. C’est là qu’Abraham aurait soumis sa volonté à Dieu en sacrifiant son fils Isaac, finalement remplacé par un bélier, mais c’est ici aussi que le prophète Mahomet, venant de la Mecque lors de son voyage nocturne, aurait posé le pied avant de visiter les sept cieux pour aller à la rencontre d’Allah.
Quelle que soit sa religion, sa culture – ou même son athéisme –, on perçoit la force vibratoire de Jérusalem, dense, presque palpable.
Quelle que soit sa religion, sa culture – ou même son athéisme –, on perçoit la force vibratoire de Jérusalem ; dense, presque palpable, issue du recueillement de millions d’âmes et durant des milliers d’années. Et pourtant, voir Jérusalem, c’est aussi s’aventurer en dehors de ses murailles, plonger dans la vie colorée et savoureuse de ses marchés où les fruits s’offrent en abondance sur les étals : rouges et replètes grenades, dates lourdes de sucre, avocats vert émeraude, kumquats ambrés, mais aussi des épices multicolores, des huiles et des olives, des friandises comme du chocolat à la pistache ou du halva.
Le marché de Mahané Yehuda, où l’on venait autrefois faire le plein de victuailles hebdomadaire, est devenu un lieu de flâneries où les boulangeries bobo et les cafés tendance côtoient les marchands de primeurs, les fromagers, les quincailliers. Mais Jérusalem, au-delà de ses remparts, c’est aussi les nombreux musées tel le musée d’Israël, riche en art européen et israélien, ou bien encore le musée Rockfeller, qui détient bon nombre des Manuscrits de la mer Morte.
Jérusalem, c’est aussi le quartier ultra orthodoxe de Mea Shearim, véritable plongée dans l’Europe centrale du XVIIIe siècle, où les hommes portent encore les knickers et le long manteau noir et soyeux, mais aussi le shtreiml, ce large chapeau de fourrure brune. Là, on parle surtout yiddish, car l’hébreu, considéré comme la langue sacrée de la Torah, ne doit pas être avili dans les bassesses du quotidien. Jérusalem a de multiples facettes. De belles, mais de douloureuses aussi comme Yad Vashem, le très émouvant mémorial de la Shoah, dont le musée a été dessiné par le célèbre architecte israélo-canadien Moshe Safdie.
Mais Jérusalem, c’est peut-être et avant tout une ville dont il faut taire le nom pour laisser à chacun le droit de la vivre dans son propre imaginaire.
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