
Les revenus des 5 000 principales entreprises espagnoles sont en effet pour moitié générés par des sociétés établies à Madrid. “La croissance de la région a longtemps oscillé autour des 4 %, et ce jusqu’en 2009. Elle se situe actuellement à 1,7 %, alors que l’Espagne enregistre une progression du PIB proche de 0,6 %”, reprend Jesus Sainz. Il est vrai qu’à elle seule, la communauté autonome compte pourprèsde20%duPIBnational, contre 17,7 % en 2005. Et c’est elle qui affiche, avec 30 000 euros, l’un des plus hauts revenus bruts par habitant du pays. Madrid présente également un taux d’emploi (proportion de personnes disposant d’un emploi par rapport à l’ensemble des personnes en âge de travailler) de près de 65 %. Un record, quand on sait que l’Espagne souffre d’un des plus forts taux de chômage de la zone euro.
Carrefour des continents
L’un des atouts majeurs de la ville réside également dans sa position stratégique. Proximité historique oblige, Madrid a des liens étroits avec l’Amérique latine, qui se traduisent par le nombre de vols au départ de l’aéroport de Barajas –un tiers environ– à destination du sous-continent. Cette porte d’entrée sur un marché de plus de 500millions d’âmes explique que l’Espagne soit le deuxième investisseur étranger en Amérique latine après les États-Unis. Plateforme économique entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud, la métropole a tous les arguments nécessaires pour motiver les investisseurs. Consciente aussi de son rôle de carrefour au cœur de la péninsule ibérique, la région s’est par ailleurs lancée depuis une décennie dans de vastes projets d’améliorations de ses infrastructures. Désormais, un immense réseau de trains à grande vitesse, dont la plus récente ligne a été ouverte il y a quelques mois en direction de Valence, relie la capitale à tout le reste du pays, et bientôt au Portugal.
Regards vers le futur
L’innovation pour leitmotiv
Avec Madrid-Barajas et le parc des expositions IFEMA comme principaux pôles de contribution au PIB, le secteur des services occupe aujourd’hui 83 %de la population active et s’est progressivement affirmé comme moteur essentiel de l’économie locale. Par ce grand mouvement de tertiarisation, Madrid est parvenue, sans conteste, au rang de place financière européenne. Un effort bienvenu pour s’extraire de la dépendance vis-à-vis du secteur immobilier, qui reste très importante au plan national. Or, quand le bâtiment ne va pas, c’est bien connu, rien ne va…“Si l’Espagne a été très touchée par la crise, c’est aussi en raison de l’explosion de la bulle immobilière il y a une dizaine d’années de cela”, explique Julie Muro, chef du secteur économique et financier au sein du service économique de l’ambassade de France. “Entre 2004 et 2008 ont eu lieu environ 800 000 mises en chantier, bien plus qu’en France ou au Royaume-Uni.
Aujourd’hui, le pays cherche à inventer un nouveau modèle de croissance plus productif, notamment dans le secteur de l’énergie renouvelable, avec un grand parc éolien, mais aussi dans les domaines aéronautique et aérospatial”, poursuit l’économiste. Deux domaines sur lesquels Madrid s’est déjà positionné et représente, avec plusieurs sites de production, près des deux tiers du secteur aéronautique espagnol.
Dans le but de stimuler l’innovation, la recherche et le développement, en particulier dans les domaines de la santé, de la sécurité, de l’aéronautique, mais aussi des médias et des énergies renouvelables, la communauté autonome a lancé Madrid Network en 2007. Son but : faire de la région l’une des dix plus avancées au monde et parvenir à la création de quelque 28000 emplois dans les secteurs porteurs. La stratégie : des clusters et des parcs technologiques, comme celui de Tres Cantos situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville. L’interaction entre universités, centres de recherche et jeunes entreprises spécialisées dans la haute technologie et les technologies de l’information est un modèle qui a déjà fait ses preuves ailleurs et que Madrid adopte avec enthousiasme. En tout, une douzaine de clusters ont été définis, dont l’aéronautique, la logistique, la biotechnologie et la santé, les technologies de l’information et de la communication, l’hôtellerie et la restauration, l’audiovisuel… mais aussi la finance, l’édition ou encore l’automobile, secteur où se distinguent d’ailleurs les entreprises françaises, avec la présence du groupe PSA notamment. Des sociétés françaises qui apprécient Madrid.
“L’an dernier, nous avons domicilié 55 entreprises”, souligne Bertrand Barthélemy, directeur de la chambre de commerce française de Madrid. “Et, s’il fallait encore une preuve que les relations commerciales entre la France et l’Espagne ont toujours été bonnes, la chambre de Madrid, fondée en 1894, est l’une des plus anciennes au monde”.
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