
Propos recueillis par Serge Barret
« Je voyage énormément. Je n’ai jamais vraiment compté, mais c’est énorme ; au moins une vingtaine de voyages professionnels dans l’année. Ça me change de ce que mes grands-parents me racontaient lorsque j’étais enfant et qui m’a donné le goût de l’ailleurs. Car, au fond, c’était ça mes premiers voyages : des récits romanesques de traversées de l’Atlantique sur le France, des musiciens de jazz, l’Australie… En fait, le voyage, j’avais ça dans les gènes. Chez Krug, ça fait 170 ans qu’on est dans la mondialisation.
Pour ma part, mes premiers vrais souvenirs de voyage remontent à 1984, à ma jeunesse étudiante donc, en Crète, avec sac à dos et presque pas d’argent. J’ai beaucoup de souvenirs de routard comme ça, en Angleterre, aux États-Unis, en Italie… Mais le vrai choc est venu avec mon premier voyage professionnel. C’était au début des années 90, au Japon, et c’était pour le champagne Krug. Au départ, je partais pour un an et j’y suis resté deux. J’ai adoré, j’ai tout visité, tout essayé de comprendre. Les villes, la campagne, les coutumes, les volcans, les auberges traditionnelles, le nord, le sud, tout… Au-delà du voyage, je suis véritablement amoureux du Japon, hyper empathique avec sa culture. Ce qui explique sans doute le succès de notre champagne là-bas.
J’achète systématiquement un guide, je lis l’histoire, je marche beaucoup pour sentir la ville, je picore à droite et à gauche, dans les musées ou ailleurs
Il y a donc ces voyages que je dirais classiques, les États-Unis, Hong Kong, Singapour, et puis il y a les pays où je n’ai jamais mis les pieds. Prague, par exemple où je suis allé pour la première fois il y a seulement dix jours. Dans ce cas, j’essaie, autant que je peux, de sortir de mon cadre professionnel. J’achète systématiquement un guide, je lis l’histoire, je marche beaucoup pour sentir la ville, je picore à droite et à gauche, dans les musées ou ailleurs. Je ne deviens pas pour autant un expert, mais je sens les choses. Dans tous les cas, j’évite toujours de m’enfermer entre quatre murs avec une bouteille et deux verres.
J’ai un truc ! J’ai un compte Instagram articulé autour de mes voyages. Il s’agit d’un petit personnage, le Krugoli, qui se promène aux quatre coins du monde, mais aussi dans ses vignes, et qui fait partager ses expériences. Que ce soient les vendanges ici en France ou une balade à Portland, ou à Vienne… Je connais aussi bien les vignobles de mon coin en Champagne, les particularités du travail à l’ancienne, que le dernier bar à la mode à Osaka. Et je fais partager le tout à 14 000 followers ! En fait, je suis le geek de la Champagne.
Le voyage, c’est toujours différent. Après demain, par exemple, je pars à Seattle ; puis je vais à Portland, New York et Londres avant de revenir en Champagne. J’ai l’habitude d’organiser des dégustations en musique. Les grands champagnes ont une vraie musicalité, telle cuvée s’accorde avec un opéra, telle autre avec un solo. C’est transculturel. Du coup, la semaine prochaine, je vais faire le DJ dans un concept bar de New York. Je n’ai jamais fait ça, ça m’amuse et ça épate mes ados. D’ailleurs, il faut que je vous quitte : j’ai ma playlist à réviser ! »
Ses dates clés
|