Grande-Bretagne : le projet HS2 de ligne TGV jusqu’à Manchester abandonné

En raison de son coût astronomique, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé l'arrêt du projet HS2, une ligne à grande vitesse qui devait relier le Nord de l'Angleterre et qui s'arrêtera finalement à Birmingham et non Manchester.
HS2 train

Le projet High Speed 2 (HS2), seconde ligne ferroviaire à grande vitesse en Grande-Bretagne après celle de l’Eurostar jusqu’à Saint-Pancras, était un véritable serpent de mer. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a sifflé la fin de la partie mercredi à l’occasion du congrès du parti conservateur réuni à Manchester, dans cette grande métropole des Midlands que HS2 devait justement relier à Londres. Lancé en 2009, ce projet a connu des retards successifs et vu son coût largement dériver, passé de 37 milliards de livres en 2013 à plus de 100 milliards aujourd’hui, compte tenu de l’inflation.

Au final, seul le premier tronçon en cours de construction jusqu’à Birmingham sera achevé pour une mise en service autour de 2031. « J’annule le reste du projet HS2« , a-t-il déclaré suscitant l’ire du maire de Manchester qui espérait une mise en service de ces 300 km de voies à grande vitesse en 2040. L’embranchement prévu vers Leeds, qui préfigurait une éventuelle prolongation vers l’Ecosse, avait lui déjà été abandonné en 2021.

Afin de faire passer la pilule, Rishi Sunak a promis que « chaque penny des 36 milliards de livres économisés (NDLR : 41 Md€) seront réinvestis dans des centaines de projets de transport« . Une amélioration des liaisons qui profiterait aux trains du quotidien, au tramway – avec un projet à Leeds -, mais aussi à la route, en développant les réseaux de bus. Moins coûteux, le nouveau projet ferroviaire envisagé par le gouvernement serait centré sur les lignes ferroviaires actuelles avec un objectif de réduction des temps de parcours entre les villes du Nord comme Manchester, Bradford, Sheffield et Hull. Douze milliards de livres, soit 14Md€, seraient également aiguillés pour améliorer la ligne Liverpool-Manchester.

Un recul qui ternit l’image de leurs régions pour les élus du Nord

HS2 avait été mis sur les rails afin de réduire les temps de parcours et résoudre l’épineuse question de lignes fret et voyageurs surchargées entre Manchester, Leeds et Londres. Pour autant, ce projet ambitieux souffrait d’un coût en constante augmentation à chaque nouveau retard, mais également à cause de la construction de trop nombreux ouvrages d’art pour des villes qui sont finalement assez proches de Londres. Le voyage en train de type Intercités ne prend en effet actuellement que 1h45 entre la capitale et Birmingham, et de l’ordre de 2h45 jusqu’à Manchester.

Depuis l’annonce de Rishi Sunak, les élus des villes des régions concernées ne cessent de s’emporter contre l’impact qu’aura cette décision sur le monde économique et les intentions d’investissement dans le Nord du pays. L’image de l’Angleterre en serait également gravement ternie à leurs yeux. Le gouvernement conservateur est également attaqué sur les milliards déjà dépensés dans la préparation de la seconde phase de la ligne et notamment dans l’acquisition de centaines de terrains et habitations.

Pour rappel, le parti conservateur avait remporté fin 2019 une écrasante victoire aux élections grâce au basculement de ces terres traditionnellement travaillistes suite aux promesses faites par Boris Johnson, Premier ministre de l’époque, d’entreprendre d’importants investissements destinés à réduire la fracture économique et sociale entre le Nord et le Sud du pays. HS2 ne sera pas de ceux là…