Rencontre : Daniel Verschaere, directeur marketing de Kurt Salmon, cabinet de conseil en management

"des personnes qui n'avaient jamais mis les pieds dans un musée s'y sont rendues ensuite, en famille"

Quel est l’intérêt pour une entreprise de teinter de culture ses opérations incentive ?

Daniel Verschaere – Les passerelles entre l’entreprise et l’univers culturel sont suffisamment nombreuses pour correspondre à toutes les problématiques. Passionné par la culture, j’ai toujours cherché à la faire entrer dans la vie d’une société. Je fixais mes rendez-vous clientèle dans un musée, autour d’une exposition… Je prenais soin de choisir un lieu décalé afin de partager avec mon ou mes interlocuteurs un moment fort en dehors de l’univers du travail. Cette démarche est très appréciée par les clients. Tout comme jouer sur l’exceptionnel ! Par exemple, nous avons organisé un événement privé pour 150 personnes au musée Picasso. Et cela dans le mois de sa réouverture. Ce fut un énorme succès ! Un cabinet d’avocats m’a même contacté pour me racheter cette option. Mais d’autres modules sont plus aisés à mettre en place. Je travaille avec des groupes du CAC 40, donc avec des hommes d’affaires très pris. Or les privatisations de musée ou d’autres lieux culturels tôt le matin ou tard le soir correspondent tout à fait à leur agenda.

La culture est elle aussi adaptée à la communication interne ?

D. V. – Bien entendu ! Par exemple, Atos Consulting qui est mécène du musée du quai Branly, s’est associé au projet d’art contemporain situé sur la rampe d’accès principale au musée. Il s’agit d’une oeuvre de l’artiste vietnamienne Trinh T. Minh-Ha. Tout un plan de communication interne a fait en sorte que les collaborateurs s’approprient le musée en leur offrant un accès libre et sans obligation. Des personnes qui n’avaient jamais mis jusqu’alors les pieds dans un musée se sont rendues ensuite, en famille, à celui du quai Branly. Cette action a totalement fédéré les salariés.

Que conseillez-vous aux entreprises encore hésitantes ?

D.V. – Qu’elles foncent sans hésiter! La France fourmille de sites culturels adaptés à tous les budgets et toutes les politiques de communication. Nous assistons à une extraordinaire démocratisation des lieux avec un élargissement des publics. J’ai par exemple vu la montée en puissance de l’abbaye de Cluny et la réouverture cet automne du musée de l’Homme devrait avoir un succès fou.

La culture est donc toujours d’actualité…

D.V. – Oui, en particulier grâce aux nouvelles technologies. Déjà, en Grande-Bretagne, la plateforme Evergeek permet de partager des concerts pratiquement en direct. Ailleurs, des pièces de théâtre digitalisées sont diffusées dans des salles de cinéma ; ce qui multiplie le nombre de spectateurs. Les musées se sont approprié les réseaux sociaux pour communiquer. Les entreprises aussi, les privatisations étant agrémentées de divers modules comme des interviews avec des artistes et des spécialistes connus ou encore la visite des coulisses. Ces “plus” sont ensuite retransmis sur des réseaux sociaux où chacun peut donner son avis. L’accès à la culture est désormais ouvert à tous. Je dirai : enfin !