« Corridors de voyage », « bulles de voyages » : ces deux expressions sont entrées dans le vocabulaire courant dans beaucoup de régions, pour désigner un agrément de pays à pays permettant le retour des touristes étrangers. C’est notamment le cas en Asie-Pacifique, où l’Australie, Hong-Kong, la Nouvelle-Zélande ou encore Singapour évoquent ou appliquent déjà cette ouverture partielle de leurs frontières. Mais l’exception la plus séduisante en Asie s’appelle « bulle bio ». Un concept inventé par le Sri Lanka, dont les mesures de restriction liées au Covid sont les plus souples de toute l’Asie.
Qu’est ce qu’une « bulle bio » selon les autorités sri-lankaises ? « Nous imposons une quarantaine, mais elle s’apparente beaucoup à un séjour classique pour la plupart des voyageurs, car très peu de restrictions sont imposées aux visiteurs étrangers. C’est pourquoi nous parlons de « Bio Bubble ». En fait, un établissement hôtelier dans son intégralité devient une bulle sanitaire, » décrit Mme Kimarli Fernando, présidente à la fois du Sri Lanka Tourism Promotion Bureau, du Sri Lanka Tourism Development Authority (SLTDA) et du Sri Lanka Convention Bureau (SLCB).
Le pays avait totalement fermé ses frontières en mai dernier avec la pandémie. Mais une bonne maîtrise de cette dernière et l’importance du tourisme pour l’économie locale lui ont fait prendre conscience qu’il fallait de nouveau accueillir les voyageurs internationaux dans une normalité « post-pandémie ».
L’industrie du tourisme et des voyages génère en effet 12,6% du PIB national, soit 11,2 milliards de dollars en 2019. Elle procure aussi de l’emploi à trois millions de personnes. Une manne sur laquelle il est donc difficile de faire l’impasse. Le pays accueillait avant la pandémie 2,2 millions de touristes internationaux dont plus de 45% en provenance d’Europe.
Les « bulles bio » ou la flexibilité retrouvée pour le voyageur
Côté covid, le Sri Lanka recensait 94 000 cas positifs au 7 avril 2021 dont 588 décès depuis le début de la pandémie. « Nous avons jusqu’à présent bien maîtrisé l’épidémie, » décrit ainsi Kimarli Fernando. Le Sri Lanka a donc décidé de se rouvrir aux voyageurs internationaux à la mi-janvier. Avec notamment la reprise des vols vers l’aéroport de Colombo. Une décision prise suite à l’élaboration de protocoles sanitaires afin de rendre la destination sûre pour les visiteurs.
Quelque 230 hôtels du pays se sont ainsi soumis à un audit sanitaire d’hygiène. Ils ont ainsi été certifiés « sûrs et sécurisés » recevant le label « niveau 1 ». Ces hôtels classés en « niveau 1 » sont les seuls habilités à accueillir des visiteurs internationaux. « Le fait que l’accès n’est pas possible aux touristes domestiques permet en fait de proposer l’ensemble des prestations de l’hôtel sans aucune entrave aux voyageurs. Ceux-ci ont ainsi accès à tous les services, tels que piscine, spa, salles de conférences, salles de sport ou restaurants, » décrit Kimarli Fernando.
Les visiteurs internationaux restent cependant soumis à une quarantaine, moins contraignante qu’ailleurs en Asie. Elle s’élève à sept jours dans un hôtel de niveau 1 pour les personnes vaccinées et à 14 jours pour les voyageurs non vaccinés. Une assurance locale pour le Covid est obligatoire à un coût raisonnable de 12 US$. L’assurance couvre tous les frais éventuels liés à la pandémie jusqu’à concurrence de 50 000 dollars.
Pendant le séjour, les touristes doivent se soumettre à deux tests PCR pour un coût d’un peu moins de 70 €, à régler avant de se rendre au Sri Lanka. Le premier des tests est effectué à l’arrivée à l’hôtel. Le second est effectué cinq à sept jours plus tard, ou dans le cas de l’apparition de symptômes. « Nous effectuons également un test plus tôt si les personnes restent moins de sept jours« , précise encore Kimarli Fernando. Une fois la quarantaine achevée, les visiteurs sont libres de circuler dans tout le pays.
L’industrie du MICE séduite
De fait, flexibilité et liberté au Sri Lanka sont au cœur du concept de « bulle bio ». Les conditions « permettent de proposer un séjour au Sri Lanka comparable à ce qu’il pouvait être avant la pandémie. La seule restriction étant l’interdiction pendant la quarantaine de rentrer en contact avec les communautés locales. Sauf le personnel des hôtels désormais vacciné, » décrit la Présidente de l’office de tourisme.
Dans le cadre de cette bulle, les voyageurs peuvent ainsi se déplacer d’un hôtel à un autre aussi longtemps qu’ils se classent en catégorie de niveau 1. Les autorités ont même établi une liste de 20 à 30 attractions « sûres et certifiées » pour permettre des visites. Ce qui comprend entre autre une excursion vers des plantations de thé ou des temples ou encore de la plongée. Un protocole donc attractif pour les voyages MICE et les congrès qui commencent à revenir vers le Sri Lanka.
« Nous avons mis en place un service dédié sur note site internet qui permet de fait d’aider à la planification et à l’organisation du voyage. Ce qui nous permet aussi d’accéder à des demandes plus particulières telles que la privatisation de lieux, » ajoute Kimarli Fernando.
Preuve que le Sri Lanka séduit les voyages MICE de nouveau, en mai et novembre prochain, le pays accueillera deux conférences de l’UNESCO. « Et si davantage de personnes sont vaccinées à travers le monde, le Sri Lanka envisage de simplifier encore les protocoles sanitaires, » conclut la présidente de l’autorité touristique.