Le transport aérien africain espère une reprise plus musclée en 2022

Selon les résultats récemment publiés par l'Association des Compagnies Aériennes Africaines (AFRAA - African Airlines Association), le transport aérien africain reste plombé par la crise du Covid. Et surtout l'absence de coordination de mesures au niveau du continent, qui permettrait de maintenir un certain niveau de stabilité pour les voyageurs.
Aéroport de Dakar (Jjm2311, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons)

Comme dans le reste du monde, 2021 a permis d’amorcer une reprise du transport aérien en Afrique. Mais cette reprise a été relativement modérée. Selon l’Association des Compagnies Aériennes Africaines (AFRAA), le nombre de passagers accueillis par les compagnies aériennes de la région a en effet atteint 42,3% de son volume de 2019.

Durant la dernière année avant le début de la pandémie, les compagnies aériennes du continent avaient transporté 95,6 millions de passagers. L’an passé, les compagnies en ont recensé 55,2 millions, une amélioration par rapport à 2020 et ses 34,7 millions de passagers. La capacité en sièges a représenté 52,7% de l’offre de 2019.

Dans le détail, la demande domestique représentait 42% de ce qu’elle était en 2019. Un résultat bien meilleur que la demande sur les lignes intra-africaines (31,9%) et intercontinentales (25,6%).

Obstacles sanitaires et politiques

L’AFRAA pointe l’indigence des mesures adoptées à travers le continent par les différents pays dans la lenteur de la reprise du trafic. Il semble en effet surprenant que la demande passagers ne se soit améliorée que de 20 points entre 2020 et 2021. Et ce, sur un continent où le transport aérien reste dans la plupart des cas la seule solution rapide de déplacement.

L’AFRAA blâme ainsi les règles très strictes imposées aux voyageurs, l’insistance de nombreux pays à n’accepter que des voyageurs totalement vaccinés avant le voyage, la mise en place de vaccination forcée dans certains ports d’arrivée, le rapatriement des passagers ne remplissant pas les conditions d’entrée ou encore leur mise en quarantaine à leurs frais. S’y ajoutent également des mesures punitives. L’association rapporte ainsi que le Ghana impose désormais une amende de 3 500 dollars pour le transport d’un passager sans rappel ou n’ayant pas rempli une déclaration de santé…

Parmi les éléments qui ont contribué à perturber le trafic, on note les problèmes politiques qui secouent certains pays d’Afrique. Comme l‘Ethiopie dont le gouvernement est en conflit avec une province du nord tandis que la famine touche le sud du pays. Les deux éléments ont affecté le trafic aérien. Et de fait, le bon fonctionnement du hub d’Ethiopian Airlines à Addis-Abeba.

Plus récemment, la crise au Mali s’est également soldée par la fermeture du ciel malien, avec un isolement décrété par ces voisins de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La faiblesse de la vaccination freine la reprise

L’AFRAA relève cependant quelques points positifs. Elle indique qu’au moins trois compagnies aériennes du continent ont poursuivi leur expansion l’an dernier. Avec un nombre de lignes internationales qui excède de nouveau leur réseau d’avant-Covid. L’AFRAA souligne d’ailleurs qu’à fin 2021, les compagnies aériennes africaines avaient rouvert 80,8% de l’ensemble de leur réseau d’avant-crise. Même si le nombre de fréquences reste plus bas qu’en 2019. La connectivité des lignes intra-africaines a ainsi atteint 80% en décembre de ce qu’elle était pour le même mois de 2019.

Enfin, subsiste le problème pour le transport aérien africain d’un taux de vaccination au Covid-19 peu élevé comparé à d’autres continents. Selon les chiffres de l’OMS, moins de 15% de la population était vaccinée début mars. Contre plus de 72,1% dans l’Espace Economique Européen (EEA) selon l’Union Européenne.

Aussi, l’Association internationale du transport aérien (IATA) estimait que les perspectives de trafic passagers en Afrique restent moins fortes qu’ailleurs sur le  court terme. Le nombre de passagers depuis, vers et à l’intérieur de l’Afrique se redressera plus lentement que dans d’autres régions. IATA projette que ce trafic atteindra 76 % des niveaux de 2019 en 2022. Et ne dépasser les niveaux d’avant la crise qu’en 2025.