Benoît Lardy, Président de Tsar Voyages
Ouvrir une société en Russie est assez simple.
Comment l’idée de fonder une entreprise francophone dans le domaine du tourisme à Moscou vous est-elle venue ?
Benoît Lardy – Je rêvais plutôt du Brésil. Mais mon épouse étant russe, nous avons décidé de nous installer à Moscou où nous avons créé Tsar Voyages en 2004. L’objectif initial était de faire voyager en Russie les expatriés. Puis nous nous sommes ouverts à d’autres secteurs, le voyage d’affaires notamment.
Quelle est votre cible ?
B. L. – Je dirais surtout que notre vraie spécialité, c’est la Russie, et que la frontière entre le voyage d’affaires et loisirs est de plus en plus poreuse. Les clubs de dirigeants d’entreprises que nous faisons voyager ici demandent à la fois des visites professionnelles et culturelles. Pour les voyageurs d’affaires indépendants, nous assurons les invitations et le support visa, une hôtellerie adaptée, des transferts, des interprètes, la location de salles de réunions etc… Notre connaissance intime du pays, les liens tissés de longue date avec des prestataires locaux de confiance nous le permettent.
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise française souhaitant s’implanter à Moscou ?
B. L. – Ouvrir une société en Russie est assez simple. Il y a peu de barrières à l’entrée et il est assez facile de trouver des locaux et d’obtenir des licences. De plus, l’impôt est raisonnable. En revanche, les aspects comptables sont très lourds et finissent par être très coûteux, en personnel notamment. Un conseil : s’appuyer sur la communauté française des affaires locale, très dynamique et organisée à Moscou. Du reste, j’ai monté une autre société, Carré France, qui offre des espaces de coworking en courte et moyenne durée, avec de nombreux services, car c’est exactement ce que j’aurais moi-même souhaité trouver quand je me suis installé ici.
Alexander Khanin, directeur de VisionLabs, entreprise de reconnaissance faciale et visuelle.
Nos principaux clients sont des banques et des institutions financières.
Quel a été votre parcours avant de fonder VisionLabs ?
Alexander Khanin – En 2011, je suis sorti de la Bauman Moscow State Technical University, où j’ai obtenu un diplôme en robotique. Je me suis spécialisé en apprentissage automatique, une spécialité très développée en Russie. J’ai appris à fabriquer des véhicules autonomes, puis j’ai rédigé une thèse sur la reconnaissance automatique de l’environnement routier.
Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans le domaine de la reconnaissance faciale ?
A. K. – Après avoir travaillé sur des projets de robotique, j’ai décidé de me concentrer sur un marché plus large, celui des applications destinées aux consommateurs. Nos principaux clients sont des banques et des institutions financières. Nous leur proposons d’utiliser notre plateforme de reconnaissance visuelle LUNA, qui permet d’éviter les fraudes. Nous proposons également des services de reconnaissance faciale sur Cloud. La plupart des usagers de ces services sont des chaînes de magasins, des restaurants, des entreprises d’éducation à distance…
À quoi ressemble l’avenir de votre entreprise ?
A. K. – Notre équipe est principalement basée à Moscou, mais nous avons aussi ouvert des unités de recherche à Paris et à Vienne. Nous venons de faire une importante levée de fonds qui va nous permettre de nous implanter plus largement à l’international. Nos projets : développer une stratégie plus globale, avec des produits pouvant répondre à des besoins plus vastes.
www.visionlabs.ru
Hervé Mercier, Alhemer Optik, distributeur de produits optiques luxe et fashion
Ê tre Français peut se révéler un atout, car les Russes sont souvent francophiles.
Qu’est-ce qui vous a conduit vers la Russie et pourquoi cette volonté d’y proposer des lunettes design ?
Hervé Mercier – Après avoir travaillé pendant vingt dans la R&D en Suisse, mon premier virage professionnel a été la mise en place d’un réseau de distribution pour les lunettes Clic, des produits uniques, très prisés en Europe. Avec mon épouse, qui est russe, nous avons eu l’idée de développer les lunettes Clic en Russie, car nous avions remarqué qu’il n’y avait pas de distributeurs sur le sol russe. Nous avons donc créé notre entreprise à Moscou en 2011.
Qu’offrez-vous de différent en Russie ?
H. M. – Beaucoup d’entreprises proposent le même genre de produits et le marché est saturé. La clientèle russe cherche en permanence de nouvelles choses. Grâce à mes contacts dans le monde de l’optique, nous avons intégré la marque légendaire du Japonais Matsuda. Ce créneau du luxe et du design intemporel a fait notre succès. Puis nous avons lancé la marque française Caroline Abram, qui “cartonne”, des lunettes en acétate colorées, très féminines, ainsi que la marque SEEOO, des “pince-nez” made in Austria, remis au goût du jour. Les Russes commencent à cultiver la différence. Ils aiment la qualité et les beaux objets et n’hésitent pas à faire de petits sacrifices pour s’en procurer.
Quelles sont les étapes les plus difficiles lorsqu’on s’implante en Russie ?
H. M. – Les premières années n’ont pas été faciles, car je ne connaissais rien, ni du marché russe ni de la langue ! Il a fallu établir un réseau de partenaires, ce qui fut l’étape la plus difficile. En France, il est facile de rencontrer les décideurs et de prendre des contacts immédiats et fiables. En Russie, c’est plus difficile. Souvent, leurs employés font barrage et les sites web des clients potentiels n’ont pas toujours d’adresse mail où envoyer un message. C’est donc surtout par réseau qu’on parvient à se faire connaître. Il faut savoir bien s’entourer. Mais être Français peut se révéler un atout, car les Russes sont souvent francophiles.
www.alhemer-optik.ru
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Trois success stories professionnelles à Moscou