
Que se passe-t-il dans la tête des politiciens néerlandais ? La question environnementale est un enjeu majeur pour la planète, mais elle semble aussi faire le lit des politiciens locaux à coup de surenchères. Et elle prend des allures menaçantes pour l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, l’un des deux grands hubs du groupe Air France-KLM.
Un plan de réduction des vols à Schiphol dès 2024
Le 1er septembre, le gouvernement néerlandais a annoncé vouloir réduire plus fortement les nuisances sonores et émissions de CO2 de l’aviation sur l’aéroport d’Amsterdam Schiphol. Il souhaite qu’à partir de novembre 2024 le nombre de vols passe de...
Que se passe-t-il dans la tête des politiciens néerlandais ? La question environnementale est un enjeu majeur pour la planète, mais elle semble aussi faire le lit des politiciens locaux à coup de surenchères. Et elle prend des allures menaçantes pour l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, l’un des deux grands hubs du groupe Air France-KLM.
Un plan de réduction des vols à Schiphol dès 2024
Le 1er septembre, le gouvernement néerlandais a annoncé vouloir réduire plus fortement les nuisances sonores et émissions de CO2 de l’aviation sur l’aéroport d’Amsterdam Schiphol. Il souhaite qu’à partir de novembre 2024 le nombre de vols passe de 500 000 à 452 500 par an. Soit une baisse de 9,5 % par rapport aux niveaux de 2019 et même une diminution par rapport à la proposition précédente de 460 000 vols/an.
Le ministre des transports Mark Harbers a justifié cette décision en expliquant que « si l’aviation apporte beaucoup aux Pays-Bas, il faut que que nous soyons attentifs aux effets négatifs pour les personnes qui vivent à proximité de l’aéroport« .
La réponse de KLM, principal opérateur à Schiphol, ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, la PDG de la compagnie, Marjan Rintel, a fustigé le fait que « le ministre choisit de se concentrer unilatéralement sur la réduction de la capacité en tant qu’unique objectif. Nous trouvons cela incompréhensible. Il ne s’agit pas du nombre de mouvements aériens, mais de la réduction du bruit. Or les objectifs en matière de bruit peuvent être atteints d’une meilleure manière, ce qui serait réellement bénéfique pour les riverains, le climat, les compagnies aériennes et l’économie néerlandaise« , expliquait-elle.
L’alternative environnementale de KLM
En juin dernier, KLM a présenté un plan de réduction des impacts de l’activité aérienne à Schiphol. Plan qui a été vérifié par des instances indépendantes mesurant l’impact environnementale. KLM affirme que la mise en service d’avions de nouvelle génération plus silencieux et plus économes en carburant ainsi que l’amélioration de la gestion des mouvements au sol et dans les airs apportera les mêmes objectifs que ceux du Ministre. Voire même faire mieux encore.

Le Ministre a fixé pour objectif une réduction du bruit de 15% la nuit et de 24% sur 24 heures dès novembre 2024. KLM estime pouvoir achever dès le début 2024 la réduction du bruit de nuit. Et pointe que les objectifs sur 24 heures seront atteints dès 2026 avec la livraison de nouveaux avions. Selon KLM, le coût social de son plan serait également moindre. Il est estimé à 25 millions d’euros par an contre 1 milliard d’euros pour le plan du ministre des transports.
Malheureusement, ce n’est plus le seul écueil auquel est confrontée la compagnie aérienne. Un nouveau front vient de s’ouvrir, cette fois-ci venant du parlement néerlandais. celui-ci souhaite adopter une loi qui taxerait les passagers en transfert.
Les passagers en transfert dans l’oeil du cyclone
Selon le parlement, une telle proposition de taxe devrait être adoptée car les passagers en transfert ne contribuent économiquement en rien aux communautés environnantes. Hormis le fait – bien entendu – de générer plus de dommage sur l’environnement.
La taxe serait probablement calquée sur celle que payent déjà les passagers au départ d’un montant de 28,20 €. Ce qui veut dire, si elle atteint le même montant, qu’un passager en transfert à Amsterdam payerait un supplément de 56,40€ sur un aller-retour. Une telle taxation découragerait certainement des passagers à transiter via Schiphol.

Selon les chiffres de l’aéroport, le trafic en transfert est un élément majeur de l’activité de l’aéroport néerlandais. Sur 52,47 millions de passagers en 2022, le trafic en transfert en a généré 19,25 millions. Soit 36,6% du trafic total. Sur les huit premiers mois de 2023, la part du trafic en transfert atteignait 35,9%. Soit 14,6 millions sur 40,72 millions de passagers.
KLM est montée immédiatement au créneau. Les passagers en transfert représentent en effet pour la compagnie 60% du nombre total de passagers ! Marjan Rintel estime que Schiphol pourrait ainsi perdre un tiers de ses passagers en transfert.
Limiter les vols, taxer les passagers en transfert, on ne s’y prendrait pas autrement pour clouer au sol KLM et l’aéroport de Schiphol. Mais des élections générales prévues en novembre pourraient de nouveau changer la donne…