French touch à Miami

Ils seraient près de 40 000 à avoir élu domicile à Miami. Mais qu’est-ce qui attire ainsi nos compatriotes vers la métropole la plus méridionale des États-Unis ? Zoom sur un choix audacieux.
Soleil, mer, culture : la dolce vita en version floridienne.
Soleil, mer, culture : la dolce vita en version floridienne.

Les Français qui s’installent aujourd’hui à Miami ne sont plus les mêmes qu’il y a cinq ou six ans”, dit Jérôme Cherki, propriétaire du concept-store “L’appartement”, récemment ouvert dans le quartier de Wynwood. “Ils sont d’abord venus après 2008 pour la vague immobilière, lorsque l’euro était fort, mais c’est désormais l’envie d’un changement de vie, dans un contexte à la fois urbain, culturel et balnéaire qui les séduit”, poursuit ce Français marié à un Américain. “La communauté française grandit et se diversifie, constate également Marie-Charlotte Piro, gérante de l’agence immobilière Viaprestige Miami. De nombreux Français continuent à travailler avec la France, mais choisissent Miami pour offrir une belle qualité de vie à leur familles et une éducation de qualité. D’autres s’installent à Miami pour créer ou développer leur activité dans un climat favorable.

Si Miami Beach reste très recherché, les Français se sont surtout implantés au sud de la ville, vers Coconut Grove et Coral Gables. Mais, avec l’ouverture de nouvelles écoles francophones dans les quartiers de Midtown et Upper East Side, le centre de gravité tend à se déplacer vers le Nord et les zones de Miami Shores, Morningside et Belle Meade.
Si Miami Beach reste très recherché, les Français se sont surtout implantés au sud de la ville, vers Coconut Grove et Coral Gables. Mais, avec l’ouverture de nouvelles écoles francophones dans les quartiers de Midtown et Upper East Side, le centre de gravité tend à se déplacer vers le Nord et les zones de Miami Shores, Morningside et Belle Meade.

Non seulement les boutiques et restaurants tenus par nos compatriotes se multiplient, mais, sous l’impact des expatriations, les écoles françaises prospèrent. “Je suis en train de chercher l’emplacement idéal pour le futur lycée français”, explique Élisabeth Gazay, directrice de l’agence Barnes qui, comme son nom ne l’indique pas, est une agence immobilière française. Arrivée avec mari et enfants au début des années 2000,
Élisabeth Gazay est devenue l’un des piliers de la communauté française de Miami. Son credo : aider les nouveaux arrivants à s’implanter le mieux possible, mais aussi à savoir s’ils font vraiment le bon choix.

Car l’expatriation n’est pas un chemin bordé de roses. Les échecs sont nombreux. Autant donc les éviter. Et pour cela, Élisabeth Gazay conseille aux intéressés de se lancer dans un domaine qui est déjà le leur, de ne pas tenter l’extra­vagance, mais aussi de prospecter avant de s’installer. “Miami est encore une ville adolescente et en pleine expansion. Les Français s’y sentent bien dans la mesure où ils prennent une part active à cette construction. Si l’on vient sans s’impliquer, en espérant passer son temps à la plage, alors ce n’est pas la peine”, prévient-elle.

Côté imposition, on ne parle pas ici de paradis fiscal, mais les entreprises de Floride sont tout de même plutôt favorisées. Dans certains domaines d’activité, une implantation à Miami permet de toucher non seulement les États-Unis, mais aussi le Canada et les pays d’Amérique latine. Un grand écart plutôt précieux.

Un dynamisme économique tiré par son rôle de plaque tournante vers l’Amérique latine et les Caraïbes.
Un dynamisme économique tiré par son rôle de plaque tournante vers l’Amérique latine et les Caraïbes.

Rencontre avec Sarah Hamon

À Paris, elle a créé en 2010 l’agence S2H Commu­nication dédiée au design, à l’architecture et au voyage, avant de lancer une branche à Miami.

quittant Paris en famille, je voulais un cadre de vie plus agréable au quotidien.

J’ai choisi Miami pour de nombreuses raisons. D’abord, je souhaitais développer l’activité de mon agence aux États-Unis, car je travaillais beaucoup avec des journalistes américains pour la publication de sujets dans le domaine du design et de l’architecture. New York aurait été le choix logique, mais, s’il fallait quitter Paris en famille, je voulais un cadre de vie plus agréable au quotidien, avec plus de soleil, de la lumière… Et il se trouve que Miami semblait un terrain de jeu prédestiné : l’activité leader ici est l’investissement immobilier, et tout ce qui se rattache à la maison est en plein développement. Il y avait une place à prendre. Cela dit, l’expatriation est un énorme challenge. En arrivant, nous nous sommes posé beaucoup de questions sur la vie à l’étranger : on croit tout savoir, mais cela demande beaucoup d’humilité pour comprendre un nouveau pays. De plus, à Miami, on n’est pas vraiment aux États-Unis : la population est un camaïeu d’origine latine, européenne, russe etc… C’est très enrichissant, même si cela peut créer au quotidien des situations cocasses ou frustrantes, car les codes ne sont pas les mêmes, dans le monde du travail notamment. Gagner la confiance des Américains est certainement le plus grand défi. »

Rencontre avec David et Alexandra Funès

Après avoir géré plusieurs restaurants à Paris, le couple vient de s’installer à Miami pour ouvrir une pizzeria haut de gamme de l’enseigne SPRIS. Ils sont partis avec deux de leurs enfants, l’aînée étant restée à Paris pour ses études.

La liberté entreprenariale américaine nous a séduits.

Après avoir fait une école de management hôtelier, nous avons géré simultanément trois établissements à Paris. Et puis un jour, nous avons eu envie de tout quitter. Pourquoi les USA ? Une part de fantasme sans doute, de rêve américain et aussi une envie de changer radicalement de vie. Et puis le triste constat qu’en France, dans la restauration notamment, le poids des charges est très lourd, il devient compliqué de diriger une petite entreprise. L’atmosphère sociale et politique nous pesait, ce qui a fini par nous convaincre de tenter quelque chose ailleurs. La liberté entreprenariale américaine nous a séduits. Il est vrai que
le climat exceptionnel de Miami et l’importante communauté française ont été déterminants dans notre choix. Au fil de nos voyages de prospection, nous avons rencontré des Français qui sont devenus peu à peu des relations. Nous avons fait nos démarches de façon très méthodique. D’abord, il a fallu trouver un investissement pour avoir un visa, puis une maison et une école pour nos enfants. Ce qui est complexe lorsqu’on veut s’installer ici, c’est qu’il faut avoir un peu d’argent de côté pour obtenir un visa ou, mieux encore, une Green Card. Le point d’entrée, c’est le visa d’investisseur E2, dont les critères sont simples et précis : il faut investir au moins 100 000 dollars dans un projet viable et employer le plus possible de personnel américain. Nous avons choisi un partenariat et contrat de franchise pour entrer sur un modèle déjà existant et solide. La pizza, c’est un produit qui représente 45 milliards de dollars par an aux États-Unis, avec une croissance de 10 %. Nous allons ouvrir notre restaurant à South Miami, autour de Sunset Place, et vivre à Coconut Grove, ancien repère de hippies des années 70, avec beaucoup d’artistes.
L’ambiance est plus européenne qu’à Miami Beach ; c’est très arboré, luxuriant, on peut marcher ou circuler à vélo. »