
Comment est né Bird Office ?
Arnaud Katz – Nous étions trois jeunes diplômés, et nous ne voulions pas spécialement rejoindre un grand groupe. On voulait vivre quelque chose de différent, et nous en sommes donc venus à cette idée : une manière d’optimiser les espaces libres dans les entreprises, à travers Bird Office, un service de location de salles de réunions totalement automatisé et online. Nous avons donc lancé la plateforme en décembre 2013, dans le but d’apporter de la transparence sur ce marché où les coûts cachés sont nombreux.
Un peu plus d’un an après son lancement, quel est le bilan chiffré ?
A. K. – Nous comptons une quinzaine d’utilisateurs par jour, pour un total de 1500 utilisateurs environ. Nous essayons de croître de 50% chaque mois, pour l’instant avec succès. Notre catalogue rassemble quelque 800 salles de réunions partout en France.
Un développement au-delà du marché français est-il déjà envisagé ?
A. K. – Oui, nous sommes d’ailleurs en train de nous lancer sur la Belgique, la Suisse, et le Luxembourg. Mais nous souhaitons d’abord consolider la partie francophone avant de regarder plus loin.
En quoi la nouvelle version du site est-elle un tournant pour Bird Office ?
A. K. – Ce nouveau site est totalement responsive, et permet donc à l’utilisateur de naviguer et de réserver en toute simplicité depuis son smartphone. Surtout, il intègre désormais les avis des utilisateurs avec un système de notations. Les partenaires pourront également noter les clients qui ont loué leur salle. Certains d’entre eux proposent des lieux de réunions assez exclusifs, qu’ils ne souhaitent pas louer à n’importe quel client. Cette nouvelle fonctionnalité s’avère donc cruciale.
Justement, qui sont ces clients ?
A. K. – Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une grande diversité d’utilisateurs : des formateurs, des voyageurs d’affaires, des grands groupes, des coaches, des PME, des indépendants, des associations. Des gens qui grâce à Bird Office peuvent maintenant louer une salle à moindre coût. Nous fonctionnons aussi avec des établissements publics, comme des facultés de médecine par exemple. Nous référençons donc des biens qui n’étaient pas sur le marché jusqu’ici.
Aviez-vous anticipé une clientèle aussi hétéroclite ?
A. K. – Pas du tout ! Nous avions une démarche un peu idéaliste, nous voulions aider les startups, les PME, à travers une démarche collaborative… Jamais nous n’aurions pensé aider les grands groupes.
Que recherchent ces grands groupes, dont on pourrait attendre qu’ils soient dotés de locaux suffisants pour accueillir leurs propres réunions ?
A. K. – Toutes les salles de réunions ne sont pas nécessairement disponibles à l’instant t. Beaucoup de ces grands groupes cherchent aussi à sortir du cadre de l’entreprise pour stimuler la créativité de leurs salariés, dans une cabane dans les arbres ou simplement dans d’autres locaux.
Plus globalement, que recherchent les utilisateurs de Bird Office ?
A. K. – Des économies, bien sûr, mais aussi de la flexibilité. Nous venons par exemple d’enregistrer une réservation quinze minutes avant la réunion. Une cliente nous a aussi contactés pour une réunion de 300 personnes deux jours plus tard. C’est le genre de réservations qui nous rend très fiers, car nous sommes les premiers à proposer ce service en France. Nous avons apporté notre pierre à l’édifice, à notre façon.
Comment la réservation fonctionne-t-elle concrètement ?
A. K. – L’utilisateur choisit sa date, la capacité et les équipements dont il a besoin, et il visualise en temps réel les salles disponibles en fonction de la localisation qui l’intéresse. Il réserve ensuite simplement en ligne, et nous nous occupons du contrat, de la facturation, de l’assurance. Le paiement s’effectue aussi en ligne, puis nous lui transmettons une fiche d’accès à la salle précisant notamment les métros à proximité, les équipements inclus dans le prix…
Comment vous rémunérez-vous ?
A. K. – Nous nous rémunérons à hauteur de 20% de la transaction, sur les revenus engrangés par l’entreprise partenaire qui loue ses espaces de réunions. C’est du gagnant-gagnant, dans la mesure où nos tarifs demeurent très attractifs sur le marché, d’autant que moyennant cette commission, nous assurons les prestations, les dommages personnels ou mobiliers. Jusqu’ici, ces espaces inutilisés ne rapportaient rien à nos partenaires.
Justement, le volet assurance doit jouer un rôle déterminant pour cette clientèle entreprise…
A. K. – Nous sommes hyper-couverts, à hauteur de montants qui ne seront jamais atteints. Sur les 100 ou 150 réservations que nous enregistrons chaque mois, nous avons eu au maximum un ou deux problèmes. On peut donc se permettre de bien garantir chacun de nos dossiers. Si par malheur quelque chose arrivait, nous les protégeons totalement : on ne fait pas les choses à moitié.
Comment votre système s’intègre-t-il au cadre légal, qui a pu poser problème pour d’autres sites de réservations ?
A. K. – Il n’y a absolument aucun obstacle juridique. Cela poserait problème s’il s’agissait d’une sous-location, qui est interdite par les baux commerciaux pour les locataires. Dans notre cas, il s’agit de contrats commerciaux de mises à disposition temporaires. Il s’agit donc de prestations de service, accessoires à l’activité de l’entreprise. Il n’y a pas jouissance, donc pas de location.
Quelles sont les interactions avec les propriétaires des espaces de réunions ?
A. K. – Nos partenaires nous donnent le plus souvent accès à leur agenda, ou nous le transfèrent intégralement, pour connaître les disponibilités de la salle. Ils peuvent également adopter un système de validation, en acceptant ou non chaque demande. Mais nous réfléchissons déjà à une nouvelle version de la plateforme, qui intègrerait une sorte de messagerie permettant au client de discuter directement avec le partenaire, pour s’accorder par exemple sur des tarifs spéciaux concernant de longues périodes.
Et comment fonctionne l’accueil de l’entreprise cliente par le partenaire ?
A. K. – C’est la seule chose que nous demandons à nos partenaires : ils ont l’obligation de désigner un interlocuteur en charge de l’évènement, pour accueillir les participants, les saluer à leur départ, et être présent en cas de besoin.
Comment percevez-vous le parallèle – quasi-inévitable – avec Airbnb ?
A. K. – C’est positif, dans le sens où cela correspond à une certaine notoriété. Mais les entreprises ont aussi parfois une image un peu « borderline » d’Airbnb, à la limite de la légalité. Nous travaillons avec une clientèle d’entreprises que je souhaite avant tout rassurer.
L’apparence même de Bird Office peut rappeler celle du géant américain…
A. K. – C’est lié au fait que nous n’avions pas encore affirmé notre identité propre. Après une seule année d’existence, il est difficile de se forger une âme. En grandissant, nous allons nous affirmer et nous détacher de nos modèles. C’est normal. Avec les premiers retours d’expérience, on peut commencer à approfondir certains aspects, à développer ce qui attire les utilisateurs lors de la réservation.