Interview : Mark Watkins, Président-Fondateur de Coach Omnium

Le cabinet spécialisé Coach Omnium est à l'origine du baromètre annuel de référence sur "la demande MICE des entreprises françaises et étrangères implanées en France". Mark Watkins, Président-fondateur de Coach Omnium, fait un point avec Voyages d'Affaires sur le marché français du MICE (Meetings, Incentive, Convention, Events), sur son intégration dans la politique voyages de l'entreprises, et sur l'impact des nouvelles technologies et de la réunion virtuelle sur un secteur en onstante évolution. Entretien. 
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Comment évolue le marché MICE en France, notamment par rapport à ses voisins européens ?

Mark Watkins – Aucune boule de cristal ne peut nous dire aujourd’hui comment le marché va évoluer, mais un minimum de demandes constantes se maintiendra : les entreprises ont besoin de se réunir. Nous n’avons aucune visibilité sur le niveau de la demande, qui ressemble à des montagnes russes depuis 2008. Les autres marchés européens sont dans la même configuration. Les entreprises planifient parfois une grande manifestation six mois en amont, contre deux ans il y a une décennie. Par contre, les RTT sont spécifiques à la France et ont impacté le MICE : il n’y a plus aucun séminaire pendant les week-ends. Un cadre accepte de ramener du travail à la maison mais plus de partir en séminaire le week-end.

A mi-parcours de cette année 2014, êtes-vous tout de même capable de dégager certaines tendances, d’affiner les projections ?

M. W. – La situation semble stagner par rapport à 2013. Ce n’est ni une catastrophe, ni une résurrection, mais plutôt un « stand by ». Nous y verrons plus clair en fin d’année, sur la base de données chiffrées.

A quel point les nouveaux comportements adoptés avec la crise vous semblent-ils irréversibles ?

M. W. – Une mauvaise habitude se développe, qui consiste à confier la négociation des séminaires et des conventions au service achats de l’entreprise. Un acheteur achète un budget. Or un prestataire contribue grandement au succès ou à l’échec d’une prestation : personne n’a donc pas intérêt à tirer trop fortement les budgets vers le bas, car le prestataire se rattrapera nécessairement d’une manière ou d’une autre, au détriment de la qualité de la prestation. Nous avons assisté l’an dernier à une augmentation des demandes de devis auprès de trois prestataires en moyenne.

Le dernier baromètre Coach Omnium soulignait l’importance de l’image, les entreprises cherchant à éviter le côté « bling bling »…

M. W. – Crise ou pas crise, on invite toujours les participants dans des hôtels moyen ou haut de gamme, mais on évite d’envoyer les collaborateurs dans des sites trop luxueux, trop prétentieux ou dans des palaces. Beaucoup de prestataires cinq étoiles ne font d’ailleurs pas figurer leurs étoiles dans les devis. Quand une entreprise met en place un plan social, ce n’est pas pour que les syndicats découvrent que des séminaires de cadres ont eu lieu dans un palace au soleil…

Quel est l’impact des réunions virtuelles sur le marché MICE ?

M. W. – Nous sommes « rassurés » : certes, les réunions virtuelles augmentent avec les nouvelles possibilités offertes par les nouvelles technologies, mais elles restent limitées à de courtes durées, de moins de deux heures, et ne remplacent pas les journées d’études. La mise en place est aussi fastidieuse pour l’organisateur que pour une réunion physique puisqu’il faut trouver une salle et un technicien disponibles, inviter les participants et leur communiquer le programme… Il y a simplement le déplacement en moins.

Où en est-on de la « prise de pouvoir » des Travel Managers sur le MICE, et de son intégration à la politique voyages ?

M. W. – Les Travel Managers souhaitent effectivement récupérer ces problématiques, mais cela reste très minoritaire par rapport à l’ensemble d’un marché composé majoritairement de petites entreprises qui n’ont pas ce genre de structures, et qui se reposent sur les secrétaires et assistantes de direction. La politique voyages concerne avant tout les voyages individuels mais on estime que six entreprises sur dix ont introduit des règles concernant les séminaires, en définissant le type de prestataire à privilégier, un budget maximum par type d’évènement, par jour et par personne, et une distance maximale. De la même manière que pour les voyages d’affaires, des règles définissent aussi la classe de voyage en fonction de la durée du trajet.