Magazine N°159

BERLIN ÉCOLO, ENCORE ET TOUJOURS
On dit tout et n’importe quoi sur les capitales européennes. Qu’elles sont vieilles, qu’elles déclinent, qu’elles ne se remettront pas de la révolution techno logique. Bref, que London a arrêté de swinger depuis longtemps et que Paris, comme la nostalgie, n’est plus ce qu’elle était. Berlin échappe un peu à la règle avec une histoire tout à fait à part, un mur telle une plaie et deux dictatures au compteur.
C’est d’ailleurs cette histoire singulière – ce mur, sa chute, toute une jeunesse refaisant sans façon la conquête de l’Est et jetant du même coup les bases d’un mode de vie original, alternatif, rebelle et vert – qui a fait de la capitale allemande l’un des plus importants spots créatifs européens de ces vingt dernières années.
Vivre à Berlin était amusant, léger ; personne ne l’ignorait, et surtout pas les jeunes diplômés, qu’ils soient allemands ou venus du reste du monde. Résultat : une très forte croissance démographique et, immanquablement, la hausse des loyers qui va avec. Moins qu’à Londres, moins qu’à Paris, mais tout de même.
Pour autant, Berlin préfère penser positif et mesurer les avantages résultant de l’apport de jeunes professionnels asiatiques et nord-américains pour dynamiser le secteur de la high-tech, 17 % des start-up allemandes étant d’ores et déjà implantées dans la capitale allemande.
Les sites industriels d’autrefois sont du coup en train de se transformer en grand campus dédiés à la recherche, sans compter les petites usines ou anciens ateliers devenus, du côté est de la capitale, des lofts et des appartements, des restaurants et des cafés, des lieux de rencontres, d’échanges et de remises en question pour mieux se battre contre les menaces ou interrogations qui fleurissent un peu partout sur le globe. Le politique certes, l’Union Européenne, la Chine, l’Amérique, l’Afrique…
Mais aussi et surtout les problèmes liés à l’écologie et à la catastrophe climatique annoncée. Sur ce dernier plan, l’atmosphère un rien rebelle de la ville n’a pas tout à fait disparu. Mieux, et par-delà l’anecdote des potagers urbains qu’elle travaille à l’ancienne, elle profite largement du talent de sa jeunesse pour mettre des projets d’intelligence artificielle au service de l’environnement.
On n’attend que cela.
Serge Barret, rédacteur en chef