Se dirige-t-on vers un profond bouleversement de notre rapport au digital ? Certes, comme pour toute keynote – et a fortiori pour Apple – la précaution est de mise. Le géant de Cupertino a le sens du spectacle et des révolutions à répétition. Mais il faut bien avouer que le nouveau venu dévoilé cette semaine a de quoi susciter un intérêt certain, générer une rare impatience, tant le casque Apple Vision Pro ouvre des perspectives intéressantes. « Ce jour marque le début d’une nouvelle ère pour l’informatique », ose ainsi Tim Cook, CEO d’Apple. « Tout comme le Mac nous a fait découvrir l’informatique personnelle et l’iPhone l’informatique mobile, Apple Vision Pro nous fait découvrir l’informatique spatiale. Conçu en s’appuyant sur des décennies d’innovation Apple, Vision Pro a des années d’avance et est différent de tout ce qui a été créé jusqu’à présent, inaugurant un nouveau mode d’interaction révolutionnaire et des milliers d’innovations de pointe ».
Présenté donc comme un « ordinateur spatial », le nouvel outil entend offrir le meilleur des deux mondes entre virtuel et présentiel. Combinant réalité augmentée et réalité virtuelle, il doit permettre à l’utilisateur de garder un œil sur son environnement physique, tout en s’immergeant dans du contenu numérique. La Digital Crown, qui couronne le casque, permet même de contrôler son niveau de présence ou d’immersion au sein d’un environnement… Apple a poussé cette logique de l’équilibre entre virtuel et présentiel jusqu’à donner l’impression aux personnes entourant l’utilisateur qu’elles peuvent voir ses yeux à travers le casque, une fonctionnalité baptisée EyeSight.
Il s’agit en fait d’une Persona, un avatar numérique calqué sur le visage de l’utilisateur, capable de reproduire en temps réel ses expressions. On imagine aisément le potentiel du Vision Pro pour des réunions hybrides… Les responsables d’Apple expliquent d’ailleurs : « les appels FaceTime tirent parti de l’environnement dans lequel se trouve l’utilisateur, ses interlocuteurs étant représentés dans des fenêtres grandeur nature, ainsi que de l’Audio spatial donnant l’impression que le son provient de l’endroit où est située chaque personne ».
Outre la Digital Crown, l’utilisateur contrôlera le Vision Pro de manière ultra-intuitive. L’appareil obéit en effet au doigt et à l’œil, ainsi qu’à la voix. La navigation au sein de visionOS – une nouvelle interface en trois dimensions – s’effectue en fixant une application, puis en joignant deux doigts pour la sélectionner. La commande vocale est également intégrée. Evoquant « une interface en trois dimensions qui permet aux apps de s’affranchir des frontières d’un écran », les responsables d’Apple promettent de bouleverser le rapport à l’ordinateur de bureau. « Avec le support du Magic Keyboard et du Magic Trackpad, les utilisateurs peuvent s’aménager un environnement de travail optimal ou encore intégrer les puissantes capacités de leur Mac à Vision Pro en sans fil, pour créer un écran 4K géant, privé et portable avec un rendu de texte incroyablement net ». Effet wow garanti…
Les fonctionnalités dévoilées à l’occasion de cette Worldwide Developers Conference (WWDC23) ont donc de quoi susciter l’impatience des fans d’Apple et des organisateurs de réunions. Il faudra pourtant attendre avant de pouvoir revêtir ce casque d’un genre nouveau, la sortie sur le marché américain étant prévue en début d’année 2024. Il faudra aussi débourser la coquette somme de 3499 dollars (3260 euros) pour vérifier si le résultat final est bien à la hauteur des promesses de cette keynote.
D’ici là, et au cours des prochaines années, VisionPro pourrait bien encore explorer de nouveaux champs des possibles. Car, comme le souligne Tim Cook, « il offre à la fois des expériences incroyables à nos clients et de nouvelles opportunités enthousiasmantes à nos développeurs ». « La communauté des développeurs Apple pourra aller encore plus loin et tirer parti des capacités puissantes et uniques de Vision Pro et de visionOS afin de concevoir de toutes nouvelles expériences basées sur les apps, et réimaginer celles existantes pour l’informatique spatiale », prévoient les responsables d’Apple.