P.-F. Brézès (American Express) : « des tableaux de bord pour mesurer l’empreinte carbone »

Cartes en plastique recyclé, tableaux de bord permettant de mieux mesurer l'empreinte carbone des déplacements professionnels : Pierre-François Brézès directeur général et vice-président France, Belgique et Luxembourg, Global Commercial Services d'American Express, revient sur les initiatives récemment annoncées par son groupe.
Pierre-François Brézès, directeur général France d'American Express, évoque les nombreuses initiatives de son groupe pour accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte carbone.
Pierre-François Brézès, directeur général France d'American Express, évoque les nombreuses initiatives de son groupe pour accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte carbone.

Alors que l’impact environnemental des solutions de paiement est relativement limité, pourquoi un acteur majeur comme American Express s’implique-t-il aujourd’hui pour aider les entreprises à réduire leur empreinte carbone de leurs déplacements ?

Pierre-François Brézès – Il est certain que, quand on pense à l’empreinte carbone, American Express ne fait pas partie des « usual suspects » dans le monde du voyage d’affaires. Néanmoins, notre engagement de soutien aux entreprises, que l’on caractérise par l’expression « powerful backing » en anglais, s’exprime aussi dans cette dimension. Il prend même tout son sens dans ce cadre, alors que les exigences de nos clients en matière de RSE se sont renforcées. Les conditions ont vraiment changé avec la crise. Les objectifs en matière de réduction des émissions carbone influencent de manière très forte les nouvelles politiques de déplacement. ll était donc tout naturel pour nous d’apporter énormément d’attention à ce sujet d’importance.

A votre niveau, quelles sont les initiatives que vous avez prises ?

P-F. B. – Nous avons deux leviers d’action, dont l’un est loin d’être anodin, à savoir l’assurance donnée à nos clients de travailler avec un fournisseur engagé comme eux pour la protection de l’environnement. Le groupe American Express a par exemple déclaré son ambition d’atteindre zéro émission nette de carbone en 2035, soit bien avant le seuil de 2050 fixé par l’Accord de Paris. D’autre part, nous sommes certifiés EcoVadis en France pour la deuxième année consécutive, avec le statut Gold. Cette certification atteste de nos engagements selon quatre critères : l’environnement, l’aspect social, l’éthique ainsi que les achats responsables. D’où un cercle vertueux, car nous nous tournons vers des fournisseurs qui s’inscrivent également dans cette démarche.

American Express soutient aussi des projets environnementaux, auxquels vous souhaitez maintenant impliquer les entreprises et leurs collaborateurs.

P-F. B. – Depuis avril, nous donnons la possibilité à nos clients de soutenir des initiatives environnementales grâce à notre programme de fidélité Membership Rewards. Les titulaires de carte affilés au programme de fidélité peuvent désormais utiliser leurs points pour soutenir le projet de restauration de la forêt de Courances, dans l’Essonne, porté par Reforest’Action. Nous travaillions avec eux depuis longtemps en les soutenant dans leur démarche. Et maintenant, nous proposons aussi à nos clients entreprises de s’engager auprès d’eux, ainsi que leurs collaborateurs qui pourront ainsi y participer de façon individuelle.

En dehors de votre propre démarche, comment American Express s’engage-t-il plus directement auprès des entreprises dans leur volonté de réduire l’impact environnemental de leurs voyages d’affaires ?

P-F. B. – En effet, l’autre levier est de les aider à mieux gérer leur empreinte carbone et agir pour l’environnement tout en continuant à soutenir leur activité. Quand on parle de développement durable, il y a la dimension durable, mais il y a aussi le développement. Et pour se développer, les entreprises doivent rentrer en contact avec leurs clients, leurs marchés. Ce qui aujourd’hui implique la nécessité de se déplacer à bon escient.

La carte Green d'American Express, en passe de devenir encore plus verte en évoluant vers du plastique recyclé.
La carte Green d’American Express, en passe de devenir encore plus verte en évoluant vers du plastique recyclé.

Ce qui passe aussi, comme vous l’avez annoncé, par des cartes de paiement en plastique recyclé ?

P-F. B. – La première chose sur laquelle nous pouvions agir, c’est évidemment sur le cœur même de notre offre, l’émission de cartes en plastique. Lorsqu’on utilise cette matière première, il parait naturel, un devoir même, de faire en sorte que nos cartes soient faites en plastique recyclé. Le marché français est d’ailleurs le premier au sein du groupe American Express à opérer cette évolution pour la quasi-totalité du portefeuille. J’en suis assez fier, 89% de nos gammes de cartes – soit 99% du volume de cartes émises – passera en plastique recyclé d’ici fin 2022.

Que représente cette évolution ? Et, pour les porteurs de cartes, comment se passera la transition ?

P-F. B. – Par rapport à une carte en plastique vierge, elle émet plus d’un tiers de CO2 en moins, 36 % exactement. Dans le cadre du déploiement mondial des cartes en plastique recyclé, cela représente 80 tonnes de plastique évitées par an au niveau mondial. En France, cette évolution concerne la quasi-totalité de nos cartes, y compris les cartes co-brandées avec Air France KLM et nos cartes d’achats. Et nous sommes en train de faire de la R&D sur les deux produits restants pour les passer aussi en plastique recyclé. Fabriquées en France, ces cartes en plastique recyclé seront déployées au fur et à mesure des ventes et des renouvellements. Le pire aurait été de demander à chaque collaborateur de jeter leur ancienne carte pour avoir la nouvelle. L’empreinte carbone en aurait pris un sacré coup !

Travailler sur ces tableaux de bord pour mettre en évidence l’impact environnemental des déplacements d’affaires offrait une grande valeur ajoutée

En parallèle, les données remontant des dépenses réalisées vont aussi, et surtout, servir à mieux mesurer l’empreinte carbone des déplacements.

P-F. B. – Nous étions déjà très présents auprès des grandes entreprises avec des tableaux de bord leur servant à optimiser leur politique de déplacement, créer de meilleures politiques voyages et dégager des économies. A partir de là, travailler sur ces tableaux de bord pour mettre en évidence l’impact environnemental des déplacements d’affaires offrait une grande valeur ajoutée. Cette idée n’est pas totalement nouvelle, puisque nous proposions déjà des tableaux de bord des émissions carbone liées aux déplacements aériens. Mais aujourd’hui, nous nous orientons vers quelque chose de beaucoup plus large pour les grandes entreprises. C’est-à-dire des « dashboards » intégrant non plus seulement l’aérien, mais aussi le rail, l’hôtellerie, la location de voitures, les VTC et les taxis, etc. Ces dashboards seront disponibles dans le courant de l’année 2022.

Alors que le calcul de l’empreinte carbone prête toujours à débat, comment vous assurez-vous de la pertinence de vos outils de mesure ?

P-F. B. – Nous souhaitons proposer un outil extrêmement robuste. On sait tous qu’il faut mieux mesurer l’empreinte carbone pour mieux orienter sa politique de déplacements et mieux définir sa stratégie pour réduire son impact environnemental. Aujourd’hui, alors qu’il n’y a pas de normes internationales standards, l’idée est d’adosser nos tableaux de bord à des méthodologies reconnues sur le marché. Sur l’aérien, nous travaillons par exemple sur des facteurs de conversion les plus précis disponibles, c’est-à-dire ceux de DEFRA. Dans l’hôtellerie, une des normes utilisées est le Cornell Hotel Sustainability Benchmarking (CHSB), et nous utiliserons ces informations pour les intégrer dans nos rapports. Vous avez aussi l’Environmental Protection Agency, l’EPA, qui va nous aider pour certains autres types de calcul.

Plus précisément, sur quelles informations ces tableaux de bord durables vont-ils s’appuyer ?

P-F. B. – En ce qui concerne l’aérien, nos tableaux de bord incluent plusieurs variables, que ce soit la classe de transport, le nombre de kilomètres parcours et le type de déplacement (domestique, régional, …). Pour la partie véhicules, ce sera le type de carburant, la motorisation, la cylindrée, la distance parcourue. Pour l’hôtellerie, les tableaux de bord s’appuieront par exemple sur la consommation d’énergie des établissements, le recyclage des produits usagés ou encore le type de chambres. Notre atout est de maîtriser la chaîne de bout en bout entre les acheteurs et le réseau de commerçants acceptant la carte American Express. D’où un niveau de détails de la data faisant que nous pourrons aller très loin dans la granularité.

Vos solutions de paiement offrent aux entreprises une idée assez fine du coût complet de leurs déplacements. Votre objectif est-il de leur donner aujourd’hui une vision de l’empreinte carbone globale de leurs voyages ?

P-F. B. – Nos tableaux de bord et outils de mesure ont pour avantage de couvrir toutes les dépenses passant à travers le spectre d’American Express, que ce soit celles effectuées par cartes Corporate, cartes logées ou par cartes virtuelles à usage unique. Nos solutions de paiement permettent d’adresser les dépenses faites en agence de voyages, celles payées de manière centralisée comme de manière individuelle, au gré des déplacements. Ces données concernent aussi bien les dépenses liées aux voyages d’affaires qu’aux réunions et événements réalisées avec nos Corporate meeting cards. Nous avons cette capacité à aborder l’ensemble des déplacements professionnels. De la même manière qu’Amex peut apporter aux entreprises une vision de leurs coûts complets, nous pourrons leur donner des informations exhaustives sur l’empreinte carbone des déplacements professionnels de leurs collaborateurs.