
Mauvaise pioche pour ceux qui, voyant la tempête immobilière, ont un peu vite enterré la frénésie de luxe et d’hôtels archi étoilés qui a pris Dubaï depuis le milieu des années 90 : la première place mondiale en matière de projets fous, c’est encore et toujours la métropole émiratie. Au rythme de 6 000 nouvelles chambres par an, l’objectif est d’atteindre la barre des 80 000 en 2020. Cette folle croissance n’entame pas le moral des hôteliers puisque, malgré une ofre sans cesse renouvelée, le taux de remplissage continue de firter avec les 85 %. Parmi les nouveaux venus, certains ont fait parler d’eux. Ainsi le JW Marriott Marquis, inauguré en grande pompe en février dernier dans deux tours en forme de dattiers géants – 72 étages et 355 mètres chacune – , est devenu le plus haut immeuble hôtelier du monde. “C’est l’ouverture la plus conséquente du groupe hors d’Amérique du Nord, précise Rupprecht Queitsch, directeur général de l’hôtel. Au commencement, nous n’avons ouvert qu’une seule tour, mais la deuxième sera prête fin 2014, pour un total de 1 610 chambres, neuf restaurants et cinq bars.” Dans le lobby, d’une hauteur de cathédrale, un mur d’albâtre nervuré se dissimule derrière un moucharabieh, à la façon d’un visage sous un voile. Même splendeur, même étonnement au Fairmont The Palm, ouvert en janvier 2012 sur la célèbre île-palmier. Ultra luxueux, ce 381 clés doté d’une plage d’un demi-kilomètre, de multiples bars et restaurants ainsi que de 3 000 m2 d’espaces de réunions, allie détente et business, entre mer d’Arabie et quartiers d’affaires de Media City et d’Internet City. Autre ouverture majeure, l’Oberoi Dubai, une des rares propriétés de la chicissime chaîne indienne hors du sous-continent, n’a pas manqué d’étonner à son tour, offrant de très belles vues sur le Burj Khalifa.
À Dubaï, une surprise en chasse toujours une autre et la liste des prochains établissements s’allonge. Certes, il y a eu des atermoiements. Certains se font attendre, sans doute pour mieux séduire. Le groupe Starwood annonce depuis longtemps l’arrivée d’un St Regis, qui devrait voir le jour à l’horizon 2017, et celle, probable, d’un W. Un Palazzo Versace, somptueuse création de la marque de couture italienne, serait lui aussi attendu sous peu dans le quartier du Dubaï Creek, tandis qu’un resort Taj, s’ajoutant à l’établissement de Downtown, est en développement sur l’île de Palm Jumeirah. Déjà, 2013 et 2014 devraient être de bons crus. D’ici la fin de l’année devrait entrer en scène un Conrad de 559 chambres, situé sur la célèbre Sheikh Zayed Road, non loin du récent Millenium Plaza, un établissement à l’hallucinant décor de théâtre. Warwick va également s’implanter à Dubai tout près du Financial Center avec un hôtel de 357 chambres. Enfin, Four Seasons étendra le long des plages de sable blanc de Jumeirah une propriété de plus de quatre hectares. Pourtant, Dubaï ne mise pas que sur les ouvertures, la cité-état réinvente déjà son passé. Exemple : le tout nouveau Pullman, qui s’est installé dans le quartier de Deira, en lieu et place du Softel, parti se poser en bord de mer avec un hôtel dans un esprit polynésien ultra chic et dépaysant. Dans les anciens murs donc, entièrement rénovés et relookés, le Pullman Deira City Centre a pris ses marques fin 2012. L’effet est remarquable : grand lobby de marbre, panneaux ajourés pour plus d’espaces privés, de la clarté, du beige, du caramel et un atrium meublé de sculptures en métal autour desquelles jaillit le vert tendre d’herbes folles. Ce 317 chambres flambant neuf est également doté de 112 appartements et de majestueuses suites avec vue sur Downtown Dubai.
Un peu de “french touch”
“L’hôtel est situé à mi-chemin entre l’aéroport et le nouveau centre du Burj Khalifa et est directement connecté au métro par le Mall Deira City Centre, explique Jean-Philippe Bittencourt, directeur de l’hôtel. Comme il attire une clientèle particulièrement business, nous projetons de rénover les espaces de réunions pour l’automne 2013, et d’installer un matériel technologique de dernière génération.” La marque Pullman, positionnée sur une ambiance cosmopolite et stylée, assure un service haut de gamme : personnel d’accueil naviguant à travers le lobby, le très bel Executive Lounge au 11e étage, la splendide piscine et bar sur le toit… Pour la “french touch”, groupe Accor oblige, un spa Clarins, des produits d’accueil Roger & Gallet, et de nombreux francophones aux petits soins.
Malgré le buzz créé par chaque nouvelle ouverture, certains établissements ont réussi à se forger une âme, à entrer dans la légende. C’est le cas de l’Armani Hotel, ouvert en 2010 dans les premiers étages de Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde. “Giorgio Armani a choisi d’ouvrir son tout premier établissement dans un lieu d’exception, un lieu emblématique”, note Vivian Renders, porte-parole de l’hôtel. On entre dans un monde tamisé fait de structures métalliques en ogives, d’albâtre, de marbre, de soie, de cuir, de bois. Chaque espace est doucement parfumé, les lignes sont pures, Art déco, et le nombre de chambres, 160 au total, montre une volonté d’exclusivité et de distinction.
La tête vers les étoiles
En face, The Address Downtown, bien qu’ouvert en 2008, reste “the place to be” à Dubaï. Et pour cause : il est le seul hôtel à ofrir des vues sans entrave sur Burj Khalifa. D’ailleurs, il n’offre que 196 chambres contre 626 appartements, c’est dire s’il attire les convoitises. Autant l’avouer : l’établissement est devenu une véritable icône, et l’on s’arrache ses suites avec balcon d’où l’on admire la tour se perdre dans le ciel ainsi que, plus bas, des jeux de fontaines bien plus spectaculaires qu’à Las Vegas. Difcile donc de s’extirper de sa chambre au luxe sans ostentation, agrémenté de délicats moucharabiehs, et par ailleurs parfaitement insonorisées. Lorsqu’on prend l’ascenseur pour une magique montée jusqu’au 63e et avant-dernier étage, au Bar Neos, où l’on sirote des cocktails très créatifs dans une nuit féérique et d’où l’on contemple cette tour de Babel, fne tige de verre lancée vers l’infni, on ne peut que s’émerveiller. De nuit, on croirait presque la toucher du doigt. De jour, on opte plutôt pour le Club Lounge, au 7e étage, dont la vaste terrasse semble s’avancer au plus près de Burj Khalifa. Ou bien l’on s’octroie une pause au spa, “plusieurs fois primé et reconnu comme l’un des meilleurs en ville”, souligne Rosemarie Tacorda, directrice de la communication. Reste la piscine : un must ! Pour le plaisir, l’atmosphère et la vue absolument uniques, dans un jardin luxuriant en pleine jungle urbaine. Un rêve arabe ? Non, Dubaï.
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