Hôtellerie : Buenos Aires fait tanguer ses traditions

Du palace d’antan au boutique hôtel bobo, l’éventail des possibilités s’élargit dans une capitale argentine où fleurit une multitude de petits hôtels bien dans leur époque à côté d’établissements de luxe au charme discret et intemporel.

Le faste hôtelier de Buenos Aires est longtemps resté synonyme de boiseries et de tentures. Ouvert en 1932 pour accueillir les riches visiteurs venus d’Europe, l’Alvear Palace en est le plus brillant témoin. Mais, à ce raffinement, se superposent aujourd’hui d’autres tendances. Ainsi, l’inauguration cette année de l’Alvear Art Hotel, une déclinaison très actuelle de l’illustre palace portègne, comme on qualifie les résidents de la ville.

Traversé par un couloir théâtral, la “cathédrale”, le lobby du Faena Hotel, ouvre sur un univers signé Starck, tout en luxe feutré, décor baroque et détails décalés.

Ultra contemporain, l’établissement sera logé dans une tour moderne à quelques minutes du quartier de Puerto Madero, là où sont nés les tout premiers boutique hôtels de la ville. En effet, dès 2004, le Faena a investi ce nouveau havre trendy. Dans un ancien silo à grains, cet extravagant hôtel de 90 chambres et 83 résidences est fait de briques importées de Manchester à la fin du XIXe siècle et de vitres ornées de fileteados, style décoratif typique de Buenos Aires. L’endroit est théâtral, mystérieux… Quasi onirique à l’image de ce long couloir recouvert d’un solennel tapis rouge, dont on retrouve l’écho dans les chambres, habillées de lourds rideaux de velours cramoisis. “Lorsque le propriétaire, Alan Faena, a choisi d’acheter ce lieu en ruine au milieu d’un no man’s land postindustriel, personne n’a compris qu’il s’agissait d’un acte visionnaire, explique Verónica Pontoriero, porte-parole de l’hôtel, car, au moment de l’ouverture, ce genre d’option n’existait pas encore à Buenos Aires”.

Pour lancer le concept du boutique hôtel haut de gamme à Buenos Aires, le Faena a mis et l’art, et la manière : un éclectisme décoratif signé Philippe Starck, deux fabuleux restaurants, une très belle piscine dans le jardin. Avec l’ouverture à l’automne 2011 du Faena Arts Center, lieu d’expositions contemporain installé dans un ancien moulin, le groupe s’est définitivement imposé comme un des fers de lance du quartier de Puerto Madero. Et encore Faena projette- t-il de nouvelles résidences signées Norman Foster, ainsi qu’un probable hôtel “six étoiles”…

Bohème chic et contemporaine

Née à Puerto Madero, cette impulsion a propagé ses ondes jusque dans les nouveaux quartiers bohème chic de la ville. À Palermo Viejo, on dénombre aujourd’hui une dizaine de petits boutique hôtels, comme le Home, au look acidulé et délicieusement rétro, le Vitrum à la façade structurée de panneaux de verre coloré, le Ilum au style zen ou encore le Own et ses jolies terrasses… Pour autant, c’est du côté de Recoleta que se concentrent les plus élégants. Ce quartier qui, par tradition, accueille les établissements de prestige, a vu naître le Mio en avril 2011, dans un ancien hôtel particulier. Cette première propriété d’une famille argentine exportatrice de vins, joue sur un look sobre et adresse de subtils clins d’œil au monde de l’œnologie.
 
Dans une capitale surnommée le “Paris d’Amérique du Sud”, le Sofitel joue la carte française au sein d’un gratte-ciel Art Déco revisité par Pierre-Yves Rochon.

Pourtant, dans le registre boutique, c’est certainement l’Algodon Mansion qui retient le plus l’attention. Logé dans une somptueuse résidence privée datant de 1912, l’établissement doit son charme intime à dix suites spacieuses, un service de butlers disponible nuit et jour, un joli spa au cinquième étage et une piscine sur le toit. D’ailleurs, son élégance lui a valu d’intéresser le groupe Relais & Châteaux qui, en décembre dernier, l’a accueilli en tant que tout premier hôtel de sa prestigieuse collection à Buenos Aires. Si les hôtels petits formats ont le vent en poupe, ils ne semblent pas pour autant faire d’ombre aux grands établissements internationaux. Parmi eux, le Sofitel, ouvert en 2002 et totalement sublimé par une décoration confiée à Pierre-Yves Rochon. L’élégance hexagonale de cet établissement Accor de 140 chambres compose avec des éléments argentins agrémentés de détails Art Déco. “Cet art de vivre à la française nous distingue, explique Magdalena Fitzgerald, directrice marketing. Cela se traduit aussi par des événements culturels liés à la France, comme des expositions, des concerts, des rencontres gastronomiques”. Dans ce bâtiment de 19 étages, le premier niveau est consacré aux salles de réunions et aux espaces business. “Nous privilégions la clientèle affaires, et bien que nous fassions partie d’une chaîne, nous conservons un service très personnalisé et un esprit boutique”, confie Magdalena Fitzgerald.

Autre grand de la ville, le Four Seasons, ouvert il y a une dizaine d’années, joue sur une corde sensiblement différente, bien qu’il ait l’ambassade de France pour voisin. Son atout : deux bâtiments ; l’un, datant des années 80 et qui accueille la plupart de ses 165 chambres, et l’autre, historique, situé dans une maison particulière des années 20 aux allures de château du XVIIIe siècle. C’est dans cette partie ancienne, La Mansion, ouvrant sur un jardin verdoyant et une grande piscine extérieure, que sont organisés les brunchs du dimanche, rendez-vous du tout Buenos Aires. On s’y presse, ne serait-ce que pour vivre un instant dans l’opulence des quatre salons d’apparat, avec leurs tons propres – le salon vert est simplement merveilleux – , leurs boiseries, leurs fresques, leurs dorures. Le lustre de La Mansion a d’ailleurs été récemment ravivé avant que le reste de l’hôtel ne soit rénové à partir d’avril 2012. “Nous entreprendrons une rénovation totale sur un an et demi, sans que nous ne fermions un seul jour, explique Gabriel Oliveri, directeur du marketing, ce sera une transformation radicale, une véritable sublimation.” En grand hôtel d’affaires, le Four Seasons conservera évidemment ses deux étages ‘executive’ et son lounge avec un balcon d’où les chefs d’État en voyage saluent la foule. Tout aussi luxueux, le Park Hyatt peut lui aussi jouer la carte de l’ancien et du moderne. L’établissement est en effet doté, en plus de sa partie moderne, d’une éblouissante demeure, le Palacio Duhau, datant de 1934, mais dont les détails rappellent un palais de la Renaissance. Restauré pendant plusieurs années avant de rouvrir en 2006, ce palais est un bijou dont chaque pièce émerveille. La salle de cristal en particulier, avec ses sols de marbres, mais aussi le Oak Bar et ses panneaux de bois rapportés d’un château médiéval normand ou le salon Piano Nobile, avec ses moulures argentées et sa terrasse donnant sur un jardin paisible où l’on entend le doux bruit de l’eau.
 
 

Tango et ballon rond

Dans le quartier de la Recoleta, les élégantes demeures de l’élite argentine du début du XXe se sont destinées à l’accueil hôtelier. Les boiseries patinées de La Mansion font aujourd’hui le charme du Four Seasons.

« Ce palais était jadis un lieu où la haute société se rencontrait. Nous avons voulu restituer cette atmosphère en ouvrant les portes aux visiteurs extérieurs qui peuvent venir y dîner, boire un verre, ou même prendre les cours de tango du vendredi soir”, explique Eduardo Ceccotti, porte-parole de l’établissement. Si le palais ne propose en lui-même que 39 clés, la partie moderne, de son côté, offre 125 chambres donnant, pour beaucoup, sur le jardin et les palais alentour. Car le Palacio Duhau a comme autre mérite d’être flanqué de deux joyaux, la nonciature du Vatican et la demeure d’une femme qu’on dit la plus riche du pays. “Mais il n’y a qu’au Palacio Duhau que l’on puisse goûter à une cuisine argentine traditionnelle revisitée par un jeune chef talentueux”, s’amuse Eduardo Ceccotti.

L’hôtellerie portègne n’en a pourtant pas fini de se réinventer. L’ouverture attendue d’ici 2014 d’un St Regis dans le quartier de Puerto Madero conciliera en effet les deux tendances actuelles, le luxe contemporain et la bohème chic. Mais pour l’heure, si le Park Hyatt dédie ses salons au tango, c’est une autre spécialité argentine qui s’apprête à être immortalisée avec “le premier établissement du monde consacré au football”. Ce cinq étoiles du nom de Boca Juniors, en référence au célèbre club local, devrait ouvrir cette année non loin de l’Avenida 9 de Julio. Rien d’étonnant, au pays de Diego Maradona…
 
 

BLOC-NOTES

? ALVEAR ART HOTEL
Suipacha 1036
Tél. : +54 11 48 08 21 00
E-mail : info@alveararthotel.com
Internet : www.alveararthotel.com
? FAENA HOTEL + UNIVERSE
Martha Salotti 445
Tél. :0 800 136 136 (numéro gratuit depuis la France) ou + 54 11 4010 9000
E-mail : reservations@faenahotels.com
Internet : www.lhw.com ou www.faenahotelanduniverse.com
? HOME HOTEL
Honduras 5860
Tél. : +54 11 47 78 10 08
E-mail : info@homebuenosaires.com
Internet : www.homebuenosaires.com
? VITRUM
Gorriti 5641
Tél. : +54 11 47 76 50 30
E-mail : info@vitrumhotel.com
Internet : www.vitrumhotel.com
? MIO HOTEL BUENOS AIRES
Av. Quintana 465
Tél.: +54 11 52 95 85 00
Internet : www.miobuenosaires.com
? ALGODON MANSION
1647 Montevideo Street
Tél. : +54 11 35 30 77 77
E-mail : algodon@relaischateaux.com
Internet : www.relaischateaux.com
? SOFITEL BUENOS AIRES
Arroyo 841
Tél. : +54 11 41 3100 00
E-mail : reservas@sofitel.com
Internet : www.sofitel.com
? FOUR SEASONS BUENOS AIRES
Posadas 1086/88
Tél. : +54 11 43 21 12 00
Internet : www.fourseasons.com
? PALACIO DUHAU – PARK HYATT BUENOS AIRES
Avenida Alvear 1661
Tél. : +54 11 51 71 12 34
E-mail : buenosaires.park@hyatt.com
Internet : www.buenosaires.park.hyatt.com
? HOTEL BOCA JUNIORS
Tacuari 243
Tél. : +54 11 48 96 63 59
E-mail : info@hotelbocajuniors.com
Internet : www.hotelbocajuniors.com
? ALVEAR PALACE
Av. Alvear 1891
Tél. : 0 800 136 136 (numéro gratuit depuis la France) ou +54 11 48 08 21 00
E-mail : info@alvearpalace.com
Internet : www.lhw.com ou www.alvearpalace.com