
À l’écart du tumulte de Jakarta, le quartier de Kemang invite à la détente dans ses rues arborées.
Aucun trottoir ne borde Jalan Benda, la longue rue du quartier de Kemang, au sud de la capitale. Et pourtant, le quartier attire de plus en plus d’expatriés recherchant un peu de quiétude dans cette ville plus que tumultueuse. Pas de trottoir donc, mais des boutiques, des galeries d’art, des cafés, des beer gardens ombragés… Si l’on prenait un taxi plutôt que ses jambes pour parcourir cette artère montante, on manquerait une multitude de petits joyaux qui éclosent discrètement au fond d’une ruelle ou au bout d’un parking. Les devantures sont sombres, au point qu’on les croirait closes. Est-ce pour contrecarrer les coupures de courant intempestives qui font l’ordinaire de Jakarta ? Toujours est-il qu’on avance entre des murs peints et pop, on pousse des portes et, si on est rarement déçu, on est toujours surpris.
C’est cela, une ville en mutation. On ne demande pas son chemin, on regarde simplement la métamorphose urbaine à l’oeuvre, le passage du chaos au bobo. Le plus simple est de se faire déposer au bout de la rue et de la remonter à pied, en faisant bien attention où on le pose. Prendre son temps, suivre son instinct, entrer dans un lieu qui de loin attire l’oeil… c’est ainsi qu’on procède. Adieu logique, c’est ici le pays de la découverte. Comme cette minuscule “Baconnerie”, mi boulangerie, mi restaurant de burgers au bacon – étonnant, dans cette ville musulmane ! – où le moindre détail a été réfléchi. Murs carrelés de blanc, tables en bois brut. Il y a aussi cette petite fille qui vient vous raconter, dans un français sans faute, que le restaurant de sa maman a ouvert la semaine dernière.
Créateurs d’avenir
Après cette pause américaine, on pourrait s’arrêter de l’autre côté de la rue au Beer Garden ou au Largo Bistrot ou s’intéresser à de futurs grands noms qui fleurissent un peu partout. Comme Potmeetpop, un créateur de jeans et de chemises pour homme très tendance malgré les prix qui font sourire et sa récente installation dans les grands malls très chics de la capitale. À retenir. En chemin, on entre par curiosité chez Meccanism, une boutique de vêtements pour les femmes qui aiment la Mecque. Et surprise, on ressort avec une veste de kimono déstructurée dont on sait que personne d’autre ne l’aura à Paris. Comme on est à Java, on s’octroie une étape, on sirote un expresso bien serré chez Kopi Dimana en regardant des monceaux de grains à moudre. En sortant, on tombe sur un espace de déstockage de marques américaines “made in Indonesia”.
On pourrait rester là des heures à fouiner, mais il y a tant de choses à voir. Encore un magasin de déco, Ita’s Toko, et un restaurant craquant, Kedai, avec son ambiance rigolote et son très bon nasi goreng. On pourrait y organiser un déjeuner d’affaires informel, voire s’y installer, comme certains le font déjà, devant son ordinateur et s’en faire un bureau improvisé. On aimerait bien qu’ici aussi se développent, comme à New York ou Berlin et maintenant à Paris, des espaces de coworking chaleureux. Cela ne saurait tarder. En tout cas, tout porte à le croire. Mais voilà que s’arrête Jalan Benda et que commence Jalan Kemang. La rue suivante. Une autre artère bohème en devenir. Avec ou sans trottoirs.
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