
Jeune et dynamique, riche et surtout extrêmement décontractée: Olso ne manque pas d’arguments pour séduire. Longtemps en retrait économiquement, la Norvège, qui a obtenu pacifiquement son indépendance visà- vis de la Suède en 1905 – c’est pour cette raison, d’ailleurs, que le prix Nobel de la paix est décerné à Oslo, et non à Stockholm –, détient depuis peu le premier fonds souverain au monde. Avec 650 milliards d’euros, soit 1,5% de la capitalisation boursière mondiale, le levier d’investissement de l’État dépasse même celui d’Abou Dhabi et du Qatar. Les raisons de cette immense richesse : de nombreuses ressources pétrolières off-shore.
Cette manne providentielle, Oslo la réinvestit dans la transition énergétique, avec une politique de développement durable ambitieuse. Comme Stockholm et Copenhague avant elle, la métropole norvégienne a pour projet d’être élue Capitale verte d’Europe. En 2016, cette fois. Les bus hybrides et les systèmes de transport innovants se développent. Les utilisateurs de voitures électriques ne doivent payer ni droit de douane à l’achat, ni péage d’entrée en ville, ni pour les milliers de places de parking équipées de bornes de recharge gratuites. Des véhicules verts qui ont aussi le droit d’emprunter les files de bus et de taxis. Aujourd’hui, plus de 10000 voitures électriques sont en circulation dans une ville de seulement 700000 habitants !
Un quartier ouvrier devenu branché sans perdre son atmosphère familiale (Grünerlokka, ici à gauche), des lieux arty qui poussent sur les vestiges des anciens docks, une nouvelle vague de restaurants côtoyant des palaces historiques (l’Hôtel Continental, à droite) : Oslo vit une évolution sereine, très actuelle d’esprit.
L´origine d´un monde durable
“C’est la Norvège qui a forgé la notion de développement durable, lors d’un discours prononcé à l’ONU dans les années 80 par l’ancienne première ministre Gro Harlem Brundtland, présidente de la commission mondiale sur l’environnement et le développement, souligne Pascal Lecamp, directeur d’Ubifrance à Oslo. Quand j’ai connu ce pays il y a trente ans, au début du pétrole, c’était l’un des plus pauvres de l’OCDE. Aujourd’hui, il est devenu l’un des plus riches du monde en PIB par habitant.”
Si le PIB par habitant dans les pays du Nord est globalement supérieur au reste de l’Union Européenne – 43700€ en 2013 pour le Danemark et 43200€ pour la Suède, contre 32400€ pour la France –, la Norvège enregistre pour sa part une moyenne de 74200€, l’une des trois plus élevées au monde avec le Luxembourg et le Qatar. Cela explique pourquoi d’aucuns considèrent aujourd’hui la Norvège comme un “émirat européen”, îlot de croissance dans une Europe en sortie de crise.
La majeure partie de l’économie du septième exportateur mondial de pétrole se tourne vers les ressources naturelles, avec le développement de certains clusters, en particulier dans le domaine du “subsea”, la recherche de ressources dans les fonds marins.“La Subsea Valley, cluster dédié à la recherche sur les méthodes d’extraction des ressources sous-marine, s’étend d’Oslo à Kongsberg, à une centaine de kilomètres plus au sud”, précise Ludovic Caubert, directeur de la chambre de commerce franco-norvégienne à Oslo. On y trouve de nombreux sièges sociaux de grandes entreprises comme Statoil ou Telenor, qui a gagné il y a dix ans un concours de l’ONU pour le premier siège social sans papier, entièrement dématérialisé. D’ailleurs, Subsea Valley, qui vient d’être labellisée, intéresse beaucoup les Français. La raison : des technologies similaires à celles employées dans l’aéronautique et l’espace. On parle donc d’un éventuel mariage entre Subsea Valley et le pôle aérospatial de Toulouse Aerospace Valley.
De l´or noir à l´art contemporain
Seul problème dans cet Éden de l’or noir: avec des salaires situés à environ 35% au-dessus de la moyenne européenne et des coûts de production élevés, la Norvège a du mal à rester compétitive à l’international. Pourtant, c’est cette richesse liée aux ressources pétrolières et gazières qui permet à Oslo d’investir dans de nouvelles infrastructures et de réhabiliter des quartiers laissés à l’abandon, comme celui de Bjorvika, dont le monument emblématique est le somptueux opéra dessiné par Snohetta, ou celui de Tjuvholmen et son musée d’art contemporain Astrup Fernley conçu par Renzo Piano. “Oslo est une ville qui bouge énormément. C’est un peu comme Abou Dhabi ou Doha en matière de richesses, et donc de transformation urbaine, mais avec un tout autre esprit. La ville s’offre des symboles architecturaux, bientôt un nouveau musée Munch, et la plupart des grands projets d’infrastructures émanent de l’État ou de la municipalité. On voit très peu de PPP, de partenariats public-privé, en Norvège” souligne Ludovic Caubet.
Même si l’épicentre du boom économique se situe à Stavanger, la capitale du pétrole, Oslo prend le relais et concentre les implantations étrangères et la recherche. Alors que le pays attire et enregistre une grande immigration au plan scandinave, voire international, beaucoup de ces expatriés privilégient en effet la capitale. Verte bien sûr… comme le prouvera sans doute l’horizon 2016.
Snohetta : L´archi star norvégienne
La chose est assez rare, mais les concepteurs du splendide opéra d’Oslo (ici en photo) ont été propulsés d’un seul coup sur la scène internationale. En 1989, trois amis, Kjetil Thorsen Trædal, Craig Dykers et Christoph Kapeller, se lancent dans le concours international pour la réalisation de la bibliothèque d’Alexandrie. Un succès. Ainsi naquit Snohetta, cabinet dont le nom ne fait pas référence aux fondateurs, mais à une montagne norvégienne entourée de légendes.
Un choix qui reflète bien l’esprit scandinave : on met en avant une équipe, pas des personnes ! Snohetta a pour concept de créer des lieux multidisciplinaires où l’on se sente bien. D’où la présence au sein du cabinet de paysagistes, de graphistes et de designers d’intérieur. “Nous aimons aussi faire participer nos clients à l’élaboration des projets et inviter des artistes à travailler avec nous”, explique Simon Ewings, architecte senior. Inauguré en 2007, l’opéra a stimulé la renaissance de tout un quartier industriel, Bjordvika, en passe de devenir l’un des plus vivants d’Oslo. Financé par des fonds publics, l’objectif de l’opéra était non seulement de démocratiser une forme d’art élitiste, mais aussi de donner aux habitants un emblème auquel ils puissent s’identifier, un lieu public à visiter jour et nuit, sur lequel ils puissent marcher, s’asseoir, se reposer.
Escapade – Prendre le large dans le fjord d´Oslo
Si l’on dispose de deux petites heures de liberté à Oslo, on file vers le port pour embarquer à bord d’un bateau de plaisance pour faire le tour du fjord qui enserre la capitale norvégienne. Après un passage obligé devant le magnifique opéra de marbre blanc, signé Snohetta (voir page précédente), et le musée d’art contemporain conçu par Renzo Piano, direction le large.
En très peu de temps, on est dépaysé en découvrant la vie paisible des petites îles. On se croirait loin, très loin de la ville qu’on devine encore à l’horizon. Et on s’étonne de voir des gens se mettre à l’eau. Mais l’été, paraît-il, le Gulf Stream élève les eaux du Nord à une température de plus de 20 degrés… La nature est à l’état sauvage. Ici, chaque île est différente. Elles ont des noms de rêve éveillé (Lindoya, Hovedoya, Bleikoya, Nakholmen, Gressholmen…) et de charmantes idiosyncrasies. L’une ne peut être habitée qu’aux beaux jours. L’autre n’a de maisons que rouges, vertes, jaunes ou encore bleues. Une autre a été colonisée au début du XXe siècle par de graciles cabanes de bains, tout en bois, et comme montées sur échasses en pleine mer.
Lorsque le bateau met les gaz, on s’enveloppe dans de douillettes couver tures et on regarde passer ce paysage idyllique, comme cette minuscule chapelle de bois blanc, une île à elle toute seule, sur laquelle flotte le drapeau norvégien. Deux heures d’un total exotisme à une encablure des quais de la capitale.
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