Peninsula : au dernier chic parisien

Attendu depuis longtemps, bientôt ouvert – le 1er août plus précisément –, le nouveau palace parisien Peninsula revisite avec style l’ancien hôtel Majestic, à deux pas de l’Arc de triomphe. Une nouvelle ère s’ouvre pour ce bâtiment Belle Epoque, minutieusement rendu à la vie après quatre ans de travaux conduits par une légion d’artisans et de restaurateurs.
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Gardée par deux lions matérialisant les racines asiatiques du lieu, c’est une terrasse sans fin, couverte d’une structure métallique légère, qui borde l’avenue Kléber et accueille les clients au Peninsula Paris. Sans nul doute l’une des plus belles terrasses de la capitale où venir prendre en verre aux beaux jours. Pour sa première venue en Europe, et son 10e établissement dans le monde, le groupe Hong Kong and Shanghai Hotels, fondé en 1866 par la famille Kadoorie, s’inscrit d’emblée dans la continuité des légendes hôtelières parisiennes, les Ritz, Crillon et autre Plaza Athénée, dont le Peninsula sera le concurrent lorsque ces “grandes dames” en auront terminé avec leur lifting.

Son ouverture le 1er août prochain, en lieu et place de l’ancien hôtel Majestic, conclut une parenthèse de près de 80 ans. Mais l’essence du lieu où Gershwin a composé Un Américain à Paris est intacte. Le Peninsula Paris semble ainsi reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée, lorsque le luxueux palace avait cessé sa carrière hospitalière en 1936 pour entrer dans le giron du ministère français de la Défense avant d’être réquisitionné par les Allemands pendant l’occupation, puis d’être transformé en centre de conférences du ministère des Affaires étrangères. Là même où furent négociés en 1973 les accords mettant fin à la guerre du Vietnam.

L’histoire se poursuit donc, et s’écrit toujours dans un style intemporel et chic, le tout souligné par un art du service ultra exclusif. Avec en plus, XXIe siècle oblige, une touche de haute technologie. “Le meilleur de l’ancien et du moderne”, comme l’a décrit Nicolas Beliard, le directeur général, lors de la présentation de l’établissement à la presse. Côté ancien, le bâtiment construit en 1908 dans le style Second empire a retrouvé sa splendeur originelle après quatre années de travaux, grâce à près de 900 ouvriers, doreurs, stucqueurs ou ébénistes, habitués à restaurer les galeries de Versailles ou du Louvre.

Les deux entrées – celle, avenue des Portugais, pour l’accueil des résidents et l’autre, avenue Kléber, ouverte sur la ville et donnant sur le Lobby, grande salle à manger où déguster une cuisine internationale et les créations du chef pâtissier Julien Alvarez  – réunissent les indémodables du grand chic parisien, fait de hauts plafonds, marbres, moulures et lustres majestueux. Dans ce cadre, la réception de l’hôtel ajoute une touche contemporaine au classicisme ambiant avec une suspension composée de 800 “feuilles dansantes” en cristal, clin d’oeil aux platanes qui bordent l’avenue Kléber. Soufflées à la main par un maître verrier, elles proviennent des ateliers Lasvit, en République tchèque.

Côté moderne, l’art contemporain s’expose çà et là avec notamment des oeuvres du sculpteur catalan Xavier Corbero ou de Ben Jakober.  Mais, dans cet endroit presque hors du temps, les chambres sont en prise directe avec le présent, comme en témoignent les immenses écrans plats – que l’on peut dissimuler derrière des panneaux – et une tablette interactive qui contrôle toutes les fonctionnalités et services de la chambre. Les voyageurs d’affaires bénéficient également d’un vrai bureau avec une imprimante scanner en WiFi ; l’internet sans fil étant d’ailleurs intégré dans le prix de la chambre, tout comme les vidéos à la demande et les appels internationaux.

Dans les tons gris-crème contrastés par des éléments en laque sombre, les 200 chambres et suites présentent toutes la même élégance sobre et couture, conçue par Henry Leung, de l’agence Chhada Siembieda & Leung. Les 166 chambres classiques, de 35 à 65 m², se composent en plus d’un vaste lit, d’un grand dressing et de salles de bains de marbre blanc et noir. Parmi les 34 suites, toutes avec salon et toilettes pour invités, cinq bénéficient d’un jardin privé sur le toit, offrant une vue spectaculaire sur Paris.

Cette vue sur la tour Eiffel et Montmartre, les clients extérieurs pourront en profiter en venant découvrir la cuisine gastronomique du restaurant français l’Oiseau Blanc, dirigé par le chef exécutif Jean-Edern Hurstel . Situé au 6e étage, son nom rend hommage à la tentative de traversée de l’Atlantique de Nungesser et Coli, et c’est une réplique de l’avion qui accueille les visiteurs, avant qu’ils ne soient conduits sous une verrière de quarante places s’ouvrant sur les toits de Paris. Celle-ci se prolonge en été sur un bar-terrasse.

Peninsula oblige, la gastronomie chinoise est aussi à l’honneur avec le LiLi, dirigé par le chef hongkongais Chi Keung Tang, auparavant étoilé au Michelin au Peninsula Tokyo. En plus de la salle d’une quarantaine de couverts au décor inspiré de l’opéra chinois, le lieu abrite des alcôves pour deux ou quatre personnes où venir déguster dim sums et autres spécialités cantonaises en toute intimité. Les groupes peuvent aussi se réunir autour dans une salle modulable de dix ou vingt couverts.

Si une grande part de la clientèle devrait être composée de voyageurs loisirs et, côté affaires, de cadres dirigeants ou de délégations diplomatiques, l’hôtel offre trois salles de réunions de 10 à 40 personnes pour des comités de direction très haut de gamme et un salon, le salon de l’Etoile. Avec sa technologie dernier cri dissimulée des regards, cette salle peut accueillir une centaine de participants pour des réunions très haut de gamme.

À noter aussi un spa ESPA, avec huit cabines de soins accessibles à la clientèle parisienne. En revanche, la piscine de 20 m en sous-sol est réservée aux résidents. Tout comme le Cigar Lounge d’ailleurs, espace dédié aux clients de l’hôtel, avec casier personnel où déposer son cigare pour reprendre plus tard leurs rêves en volute. En espérant inconsciemment ne pas avoir à emprunter la Rolls Royce Phantom, service emblématique et glamour de Peninsula, pour les ramener à l’aéroport…