
Est-ce un coup d’accélérateur, de « com », de bluff ? Toujours est-il que Scandinavian Airlines (SAS) entend visiblement revoir à la hausse sa vitesse de croisière sur le dossier de l’aviation durable. Et se fixe des échéances pour le moins ambitieuses, en invitant les voyageurs à embarquer avec elle pour ce long-courrier de la transition énergétique. Le 2 juin marque ainsi l’ouverture des réservations pour le les premiers vols à l’électrique, que SAS entend bien opérer en 2028. Un compte à rebours s’affiche désormais sur le site de la compagnie, incitant les voyageurs à « réserver leur siège dans l’histoire de l’aviation ». Si une telle démarche, dates à l’appui, semble acter concrètement l’entrée de la compagnie dans l’ère de l’avion électrique, quelques nuances s’imposent néanmoins…
Car les voyageurs tentés par l’aventure devront le faire avec une marge de manœuvre a priori incompatible avec un déplacement professionnel – et pour les « pros » les plus organisés, qui anticipent leurs rendez-vous avec cinq ans d’avance. Si la date d’ouverture à la réservation est connue, celle du vol inaugural se cantonne pour l’instant à l’année 2028. « La date exacte sera communiquée en temps voulu, l’ambition étant 2028 » prévient la compagnie, qui assure que « Les voyageurs ayant effectué une réservation seront informés en permanence par courrier électronique au fur et à mesure que les détails prendront forme ».
Autre zone d’ombre, et non des moindres : embarquer pour un vol historique soit, mais pour aller où ? Certes, ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage… L’inauguration à laquelle SAS convie les voyageurs a fait sienne la maxime. Sur sa seule feuille de route connue à ce jour figurent trois pays – Suède, Danemark et Norvège – depuis lesquels décolleront des vols domestiques. La compagnie concède être dépendante des évolutions technologiques qui auront lieu d’ici là, et ne peut donc préciser la distance ni la durée du vol. Ni d’ailleurs l’appareil qui sera utilisé : « La décision finale n’a pas encore été prise quant à l’avion électrique qui assurera le premier vol. SAS a lancé de nombreuses initiatives en faveur des vols à zéro émission, et la sélection finale sera effectuée à temps pour le premier vol électrique, qui devrait avoir lieu en 2028 ».
Beaucoup de conditionnel donc, et des conditions générales de vente inédites, sans garantie aucune : de quoi faire fuir voyageurs d’affaires et travel managers… Alors pourquoi SAS s’est-elle lancée dans cette réservation hasardeuse ? « Nous le faisons pour manifester notre foi dans le développement de l’aviation électrique en tant qu’option viable pour l’aviation à faibles émissions ou à émissions nulles. Nous allons maintenant continuer à travailler avec l’industrie pour développer la technologie et faire en sorte que cela devienne une réalité. Ceci étant dit, nous ne pouvons pas donner de garantie, la date du vol est estimée sur la base d’un dialogue avec les fournisseurs potentiels et du moment où ils seront en mesure de livrer des avions électriques commerciaux ». A suivre, donc.