
Ce n’est pas une réelle nouvelle : Singapour est une ville pour amateurs de beaux hôtels. Les Singapouriens en sont d’ailleurs des clients privilégiés, habitués qu’ils sont aux « staycations », ces vacances que l’on prend – presque – chez soi. Le plus souvent, c’est vers la presqu’île de Sentosa qu’ils migrent, à 10 minutes de taxi à peine du centre-ville, mais à des années-lumière du tumulte urbain, dans des hôtels devenus mythiques, entourés de verdure et surplombant la mer de Chine.
Ancien domaine de l’armée britannique, le Capella en fait naturellement partie avec son sublime pavillon principal datant du XIXe siècle transformé en lobby et en restaurant. Le blanc immaculé du bâtiment contraste avec le vert émeraude des pelouses où défilent les paons. Mais derrière cette image coloniale, une surprise – même si l’ouverture de l’hôtel remonte déjà de 2009 – attend la clientèle : un bâtiment futuriste, tout en courbes, conçu par l’architecte Norman Foster pour accueillir les 112 chambres aux baies vitrées ouvrant sur une jungle luxuriante en plus de trois immenses piscines en terrasse. Même en voyage d’affaires, opter pour le Capella peut être une bonne idée, tant siroter au calme une eau de coco fraîche au petit-déjeuner donne l’énergie nécessaire à l’action avant de rejoindre les hautes tours de CBD.
Toujours à Sentosa, mais dans un autre style, le Sofitel, ancien Singapore Resort repris il y a trois ans par AccorHotels, a été entièrement repensé. Il propose une nouvelle scénographie qui se déroule sur 11 hectares ombragés par les frangipaniers et agrémentés de nombreux bassins, dont un rempli de garra rufas, les fameux poissons pédicure. La piscine, elle, est quasi olympique. L’on est d’ailleurs surpris de constater que l’hôtel n’offre que 215 chambres, tant l’espace est colossal. Pour les stressés en quête de détente : un immense spa à ciel ouvert dans un jardin avec cascades, mais aussi des salles de massage en plein air et un restaurant bio…
Cependant, quand on en vient à parler d’hôtels à Singapour, un nom vient immédiatement en tête, celui du Raffles. Ce parangon du palace, ouvert en 1887, va – enfin ! – prendre le temps d’une grande rénovation. Depuis le mois de janvier 2017, sa noble façade blanche affronte un grand lifting. Première étape de cette métamorphose : la fermeture des 40 boutiques des Arcades, mais aussi celle de ses restaurants et du mythique Long Bar où fut inventé l’emblématique Singapore Sling. Puis, ce sera au tour des 103 suites du bâtiment central de faire peau neuve, ce qui nécessitera la fermeture complète de l’hôtel, la réouverture étant prévue pour l’été 2018. Les opérations sont orchestrées par Alexandra Champalimaud, architecte d’intérieur spécialisée dans l’hôtellerie de luxe, à l’œuvre notamment dans la rénovation de lieux historiques comme le Waldorf Astoria ou le Pierre à New York, le Dorchester à Londres, le Fairmont à San Francisco…
Pour autant, Singapour ne représente plus seulement le charme discret de l’hôtellerie de luxe. Depuis quelques années, la ville s’est tournée vers l’innovation en matière d’hospitalité. C’est ainsi qu’en 2013 a ouvert le ParkRoyal on Pickering, un édifice de 367 chambres tout en hauteur, fait de strates multiples et incurvées, avec jardins grimpants et piscine suspendue dans les airs. Woha, le cabinet singapourien ayant signé cette création, a de nouveau frappé en 2016 avec un projet encore plus green et original : l’hôtel Oasia. Situé dans une tour du CBD, cet établissement est entouré d’une dentelle de métal prévue spécialement pour faire grimper les plantes ombrageant les piscines du toit et le très original lobby. En effet, ce lobby situé au 12e étage est entièrement ouvert aux vents, ce qui permet d’abandonner l’usage de la climatisation. Une idée bien dans le ton de l’ambition de Singapour de devenir une smart city durable. Si les 314 chambres – climatisées, elles – sont situées à partir du 13e étage pour offrir aux clients les meilleures vues, on trouve entre le 6e et le 11e des « office homes », des appartements conçus pour ceux qui travaillent depuis chez eux avec des espaces de vie privée et de vie professionnelle strictement séparés.
Des jardins suspendus dans les airs, des tours végétalisées : avec le ParkRoyal on Pickering, puis l’Oasia Hotel, le cabinet d’architecture Woha a signé deux beaux exemples d’urbanisme durable et tropical, adapté aux impératifs des villes de demain.
Autre concept innovant, le M Social, un quatre étoiles de 293 chambres conçu par Philippe Starck en 2016, est le premier hôtel à employer un robot, Aura, pour apporter bouteille d’eau ou serviettes aux clients. Dans la même veine, le nouveau Sofitel City Centre, ouvert en septembre, compte engager au sein de son équipe quelques « R2-D2 » version XXIe siècle, dont certains auront pour nom « Sofie ». Dans ce 223 chambres au summum du luxe, le but n’est certainement pas de réduire le personnel, mais bien plutôt d’en ménager les forces, pour encore plus d’attentions humaines…

Parmi les hôtels nouvellement entrés en scène, le Patina, second membre des Leading Hotels of the World à Singapour après le Capella, est certes moins high-tech, mais compense par une grande élégance. Situé dans un somptueux bâtiment historique rénové par l’architecte Richard Meier, lauréat du prix Pritzker, l’établissement compte 157 chambres présentant des détails raffinés de l’époque coloniale. À l’inverse, c’est dans une double tour formidablement futuriste et concave, la Duo, que s’implantera en décembre le dernier Andaz, issu de la ligne d’hôtels design et lifestyle du groupe Hyatt, avec bar-terrasse au 39e étage et vue à 360e sur la skyline de Singapour. Cet établissement affiche, lui, 342 chambres. Massif, donc, mais pensé de manière à préserver l’intimité des clients. Quant à l’Intercontinental Robertson Quay, qui ouvre bientôt ses portes, il fera revivre un quartier en pleine redynamisation, situé le long de la Singapore River. Cet hôtel offrira 225 chambres supplémentaires pour une ville déjà si riche en quatre et cinq étoiles. Alors que Singapour compte actuellement plus de 64 000 chambres d’hôtels, toutes catégories confondues, elle devrait en afficher plus de 70 000 en 2019. Alors, c’est donc de toute urgence qu’il faut découvrir les dernières adresses singapouriennes, avant que d’autres ne viennent leur voler la vedette !
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