Le coup fut rude. Alors que Trenitalia était en plein décollage en France, les éboulements du 27 août dernier dans la vallée de la Maurienne ont contraint la compagnie italienne à suspendre ses deux rotations quotidiennes Paris-Milan. Et le retour à la normale n’est pas prévu avant juin 2024 le temps de purger les milliers de mètres cubes de roches qui menacent encore la ligne ferroviaire Lyon-Modane et l’autoroute A43.
« Nous espérons une reprise du trafic pour la période estivale, marquée par les jeux Olympiques et paralympiques qui vont apporter un surcroît de trafic en provenance d’Italie« , confie Roberto Rinaudo, le président de Trenitalia France, interrogé mercredi lors d’un voyage en Frecciarossa entre Paris et Lyon. « Il a fallu se faire une raison, car les solutions alternatives envisagées pour rallier Milan via la Suisse ou Vintimille n’étaient pas réalistes, respectivement pour des questions d’homologation des rames ou de temps de parcours qui aurait été doublé« , reconnaît-il.
Un temps également menacées, les rotations entre la gare de Paris-Lyon et la capitale des Gaules, au nombre de trois par jour (voir encadré), ont toutefois pu être maintenues grâce à la réalisation des opérations de maintenance les plus légères dans un atelier proche de Paris. Les rames sont en revanche échangées via Vintimille pour les interventions plus lourdes. Pour autant, Trenitalia espère réutiliser toute sa flotte opérant en France dans les prochains mois.
Davantage de fréquences pour la clientèle Affaires
« Nous pourrions augmenter nos fréquences sur Paris-Lyon« , envisage Roberto Rinaudo qui devra pour cela demander de nouveaux sillons auprès du gestionnaire de l’infrastructure. Via des demandes similaires, Trenitalia pourrait aussi se lancer sur d’autres axes hexagonaux, voire à l’international, vers Bruxelles et Amsterdam notamment. « Trenitalia a l’ambition de se développer en France et en Europe, confirme le dirigeant. La compagnie réalise actuellement l’étude technique et économique des lignes que nous pourrions ouvrir dans un avenir proche« . Il faudra toutefois patienter encore quelques mois avant toute annonce.
En attendant, Trenitalia peut se targuer d’avoir réussi son implantation. Les remplissages moyens flirtaient avec les 85% sur Paris-Milan et s’élèvent à 65% sur Paris-Lyon, ligne sur laquelle les marges de progression sont les plus importantes. Et notamment auprès de la clientèle affaires qui représentent 46% des passagers, dont 24% pour du bleisure mêlant business et loisir durant leur séjour. « Le focus est actuellement porté sur les canaux de distribution afin que les entreprises puissent plus facilement réserver leurs billets« , explique Fabrice Toledano, le directeur marketing et commercial France de Trenitalia.
Des développements technologiques sont ainsi en cours avec Amadeus et plusieurs accords signés avec des TMC dont Amex GBT ou Havas Voyages. « Nous aurons demain plus de voyageurs professionnels à bord de nos trains. Ils réservent actuellement en direct sur notre site, ce qui n’est pas habituel pour les sociétés, ou utilisent Trainline, ce qui est plutôt à notre avantage lors de l’affichage des différentes offres« , considère ce responsable commercial.
Selon une étude menée par ce distributeur online, l’ouverture à la concurrence aurait déjà fait chuter les tarifs de près de 10% sur le Paris-Lyon. « Nous avons la chance de voir les entreprises et agences de voyages pousser pour travailler avec nous en raison d’un bon rapport qualité-prix et d’un excellent bouche à oreille concernant notre produit, que cela soit en Standard, Business ou évidemment en Executive », souligne Fabrice Toledano. Et Roberto Rinaudo de rappeler en conclusion que « Trenitalia entend faire la différence en apportant une expérience de voyage plus qu’un simple service de transport« .
