
Elle était déjà en 2022 la ville la plus chère du Canada avec un prix moyen de son hôtellerie de 234,12 C$ (160,50€ au cours du 31/07/23) selon un rapport de la firme immobilière Avison Young. Vancouver souffre bien de capacités hôtelières limitées. Et ça ne devrait pas s’arranger. Sur un an, le prix des nuitées a augmenté de 44,3%. Seul Toronto a connu une augmentation encore plus forte, à 53,8%. Mais affiche cependant un prix moyen inférieur à celui de Vancouver, soit 150,70 € en 2022.
L’hôtellerie de Vancouver, la plus chère du Canada
Le revenu généré par chambre disponible à Vancouver a, pour sa part, bondi de 117 % d’une année sur l’autre pour atteindre 117 euros. Là encore, record battu, puisque c’est 14,50€ de plus qu’à Toronto et près du double qu’à Calgary. Le taux d’occupation moyen s’établissait ainsi à 72,9%, le plus élevé de tout le Canada.
Cette situation est liée à une forte reprise de la demande. Qui se double d’une baisse des capacités hôtelières dans la troisième ville du Canada et la principale métropole du Pacifique. Alors que d’autres villes canadiennes poursuivaient l’expansion de leur hôtellerie, l’offre de Vancouver s’est contractée. La région métropolitaine a perdu environ 2 000 chambres depuis 2010, dont 1 500 à Vancouver même. Le Covid a aussi joué les trouble-fêtes, quelque 500 chambres d’hôtels ayant été converties en logements par BC Housing et la municipalité.
Ce mois d’août est inauguré le Azur Vancouver, un hôtel de luxe de 104 chambres. Il suit le Marriott Vancouver Delta, ouvert en décembre 2022 (124 chambres). Le Spencer Building Carrier Hotel ouvrira ses portes fin 2024, dans un gratte-ciel historique. Un investisseur local, Marcon, propose aussi de construire en centre-ville ce qui sera le plus grand projet hôtelier de Vancouver. Une tour de 32 étages dans la ville historique, qui comporterait 578 chambres.
Cette situation inquiète l’agence de tourisme de Vancouver. Dans une étude intitulée « Economic Analysis of Hotel Supply and Projected Demand in Metro Vancouver, 2023 to 2050 », publiée par Destination Vancouver, l’absence de nouveaux investissements dans l’hôtellerie dans la région métropolitaine de Vancouver se traduira par des pertes importantes pour l’économie provinciale.
Déficit de chambres dès l’été 2026
L’étude a ainsi calculé l’impact économique cumulé entre 2022 et 2050. Il se traduirait par :
– 21 milliards d’euros de perte de production.
– 11,4 milliards d’euros de perte de PIB.
– plus de 168 000 d’emplois perdus -directs et indirects.
– 5,1 milliards d’euros de manque à gagner fiscal pour les différentes administrations.
« L’infrastructure de Metro Vancouver n’est pas à la hauteur de notre positionnement de métropole globale« , analyse Royce Chwin, président et directeur général de Destination Vancouver.
Si l’offre de chambres d’hôtel reste au niveau actuel, la demande dépassera l’offre dès 2026 pendant les mois d’été pour Vancouver ville. Elle sera supérieure à l’offre de la région métropolitaine dès 2028. Et en 2040, tous les mois de l’année de la région métropolitaine souffriront d’un déficit en chambres.
Destination Vancouver plaide donc depuis plusieurs années pour une accélération des investissements hôteliers. En vain visiblement. Car pour le moment, le rapport ne fait état que de 1 100 chambres supplémentaires, qui ont déjà obtenu ou attendent le feu vert des autorités. Un chiffre insuffisant pour remplacer les pertes de capacité.
« C’est un élément crucial pour la compétitivité de notre destination« , poursuit Royce Chwin. « Le manque de chambres d’hôtel rendra les séjours à Vancouver encore plus coûteux. La ville sera également moins compétitive pour attirer les grandes conférences, les grands événements sportifs et les voyages de groupes. Si Vancouver ne se prépare pas à l’afflux de visiteurs, ceux-ci iront tout simplement ailleurs« , explique-t-il.