
Alors que Amsterdam-Schiphol se débat dans des problèmes de gestion de flux de trafic face à la pénurie de personnel, voici une nouvelle péripétie pour laquelle la plate-forme aéroportuaire se serait volontiers passée. Le gouvernement néerlandais vient ainsi d’annoncer vouloir réduire le nombre de mouvements d’avions sur la troisième plate-forme intercontinentale d’Europe, menaçant son rôle de hub.
Certes, le gouvernement reconnaît le rôle important que joue Schiphol pour l’économie des Pays-Bas. « Le fait d’être si bien relié au reste du monde contribue largement à la prospérité des Pays-Bas« , indique un communiqué du gouvernement. Qui souligne cependant que la présence de la plate-forme dans une zone fortement urbanisée a des effets négatifs sur les personnes et l’environnement.
Le gouvernement justifie son revirement sur l’avenir de Schiphol par un équilibre entre l’importance de disposer d’un grand aéroport international – qui est également bon pour le monde des affaires – et celle d’un environnement plus sain. Et visiblement, c’est vers le second critère que penche le ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau, Mark Harbers.
Réduction du nombre de vols d’ici 2023
Dès novembre 2023, l’aéroport d’Amsterdam Schiphol ne pourra plus dépasser les limites établies en matière de nuisances sonores. Ce qui limitera effectivement les mouvements de vols à un maximum de 440 000 par an, contre actuellement plus de 520 000 mouvements. Dans ses projections initiales sur l’avenir de l’aéroport, le gouvernement prévoyait même jusqu’à 540 000 mouvements aériens. « Il s’agit d’un message difficile pour le secteur de l’aviation qui se remet encore des conséquences considérables de la pandémie de coronavirus« , a concédé Mark Harbers.
Les militants de la cause environnementale se réjouissent pour leur part d’une décision qualifiée d’historique. Dans une interview, Leo Murray, directeur innovation pour l’ONG Possible, déclarait qu’il s’agissait d’une « première mondiale qui pourrait être extrêmement importante pour les efforts mondiaux en matière de climat. En raison des défis techniques extrêmes de la décarbonation du transport aérien et de la lenteur des progrès réalisés à ce jour, il est presque certain qu’une réduction du nombre global de vols – au moins temporaire – sera nécessaire au niveau mondial pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris« .
KLM se rebiffe
En revanche, les compagnies aériennes – KLM et sa filiale low cost Transavia en tête – crient à l’hallali. KLM indique avoir été surprise de cette décision qui va à l’encontre des promesses de la coalition au pouvoir aux Pays-Bas. Le transporteur national néerlandais souligne que ce développement ne correspond pas au désir de conserver une fonction de plaque tournante forte pour l’économie nationale ; qu’il ne soutient pas une entreprise nationale stable et prévisible ; et qu’il ne contribuera pas à améliorer la qualité de vie et le climat.
La compagnie explique que la demande mondiale de mobilité reste inchangée. Elle devrait même continuer de se développer. Les voyageurs continueront en effet de favoriser l’avion là où la voiture et le train ne peuvent servir d’alternative. « Si KLM doit réduire le nombre de ses vols, les voyageurs opteront pour d’autres routes (moins efficaces) vers la même destination. L’impact environnemental restera le même. KLM exhorte donc le gouvernement à prendre des mesures qui amélioreront effectivement la durabilité. Ce qui comprend un soutien à la production de carburant d’aviation durable (SAF). Mais aussi la réalisation d’un ciel unique européen qui réduirait les émissions de CO2 de 10%« , indique le communiqué de la compagnie.
Les autorités aéroportuaires ont pour leur part déclaré qu’elles soutenaient une « approche réfléchie« . L’objectif est de « relier les Pays-Bas au reste du monde dans un Schiphol de plus en plus durable et sans nuisances sonores« .
L’alternative Lelystad gelée
Autre problème qui s’ajoute aux maux dont va souffrir Schiphol : la décision de l’ouverture de l’aérodrome de Lelystad aux vols loisirs a été repoussée à 2024. Cette plate-forme – gérée depuis 30 ans par Schiphol Airport- accueille déjà les vols de l’aviation d’affaires. L’ambition de transférer vers cet aéroport les vols vacances ou certains vols low-cost est donc temporairement gelée, alors qu’elle aurait contribué à dégager des capacités sur le hub d’Amsterdam.
Cependant, le ministre des infrastructures a indiqué donner prochainement plus de détails sur la décision concernant l’aéroport d’Amsterdam Schiphol. Ce qui se fera en collaboration avec les résidents locaux et les parties prenantes du secteur de l’aviation. La bataille de Schiphol ne fait que commencer…