En Asie du Nord-Est, les deux principales destinations affaires - Chine et Japon - sont en parfaite harmonie dans leur isolement. Elles resteront hors d'atteinte pour les voyageurs internationaux durant toute l'année 2021. Pour des raisons cependant bien différentes.
Par Luc Citrinot -
Le Bund de Shanghai rappelle l'esprit cosmopolite de la métropole chinoise (Photo: LC)
Chine : splendide isolement
La Chine fut la première touchée par la pandémie de Covid-19. Mais elle est aussi officiellement la première à être sortie de la crise sanitaire grâce à des mesures drastiques, inconnues ailleurs, incluant un contrôle total des mouvements de sa population à coup de confinements et technologies intrusives.
Ce succès contre la pandémie a permis à la Chine de retrouver une vie quasi normale. Et d’être la seule nation au monde à enregistrer une croissance de son PIB en 2020. La croissance du pays aura effectivement atteint 2,3 % l’an passé, performance qui tient bien évidemment à l’immensité du marché intérieur chinois...
Chine : splendide isolement
La Chine fut la première touchée par la pandémie de Covid-19. Mais elle est aussi officiellement la première à être sortie de la crise sanitaire grâce à des mesures drastiques, inconnues ailleurs, incluant un contrôle total des mouvements de sa population à coup de confinements et technologies intrusives.
Ce succès contre la pandémie a permis à la Chine de retrouver une vie quasi normale. Et d’être la seule nation au monde à enregistrer une croissance de son PIB en 2020. La croissance du pays aura effectivement atteint 2,3 % l’an passé, performance qui tient bien évidemment à l’immensité du marché intérieur chinois.
La fermeture des frontières le 23 mars 2020 pour contenir la pandémie a isolé la Chine du reste de la planète. Et, plus d’un an après cette fermeture, le pays reste hermétique au reste du monde. Les conditions de visite en Chine restent en fait drastiques,voireimpossibles. Les voyageurs devant se rendre dans le pays pour une raison urgente peuvent présenter des demandes de visas auprès des ambassades et consulats de Chine. La délivrance du visa relève ensuite de la seule appréciation des autorités chinoises. Elle s’assortit d’un double test PCR et sérologique dans les deux jours précédant le départ. Un code QR est alors envoyé donnant le feu vert pour le voyageur. Une fois sur place, une quarantaine de 14 ou 21 jours est appliquée selon la province d’arrivée. Et c’est au voyageur de régler la facture.
Autre difficulté : les voyageurs ne peuvent arriver en Chine que sur un vol sans escale. Or le programme de vols entre la Chine et le reste du monde a été fortement élagué. Le pays n’autorise en général qu’un à deux vols par semaine d’une compagnie étrangère, et réciproquement pour les transporteurs chinois. Les compagnies n’ont en plus aucune possibilité de desservir directement les aéroports de Pékin.
Quant aux déplacements d’une province à l’autre, ils sont soumis à un contrôle sur la base du code QR d’une application de santé. Si le code est vert, aucune quarantaine n’est à effectuer lors de l’arrivée dans une province ou une municipalité.
Les relations diplomatiques internationales en filigrane dans la fermeture de la Chine
Le sévère contrôle des visiteurs étrangers revêt certainement une dimension politique. La Chine, depuis quelque temps, aime en effet montrer ses muscles au reste de la planète. Ce qui entraîne une dégradation des relations diplomatiques avec les pays occidentaux qui, par effet de rebond, n’encourage guère Pékin à se montrer plus ouvert aux visiteurs étrangers.
D’autant que la Chine n’a, en fait, que peu besoin des 65 millions de touristes venus en 2019 dans le pays. Le marché chinois se suffit à lui-même, car il génère en moyenne cinq milliards de voyages intérieurs. Dans le contexte du covid, la performance du tourisme domestique en 2020 n’a finalement pas été si médiocre avec 2,88 milliards de voyages intérieurs et plus de 265 milliards de dollars de recettes…
Autre paradoxe : malgré son isolement, la Chine est restée le plus grand marché touristique international dans le monde en 2020. On a en effet enregistré 18 millions de visiteurs chinois à l’étranger. Même si cette performance a en fait été réalisée sur le seul mois de janvier 2020.
Selon l’institut COTRI (China Outbound Travel Research Institute), 2021 devrait cependant marquer le retour des touristes chinois, mais uniquement en Asie. COTRI estime que 100 millions de Chinois pourraient ainsi se rendre à l’étranger. On est loin des 170 millions de Chinois déferlant sur le reste du monde en 2019… Mais 2021 marquerait enfin un tournant. En revanche, il y a peu de chance que la Chine soit plus accessible aux visiteurs étrangers. En 2022 alors ?
Tokyo, le quartier de Shinjuku (Photo: LC)
Japon, la crainte quasi irrationnelle des virus
Autre grande destination affaires en Asie, le Japon est pourtant presque aussi isolé que son voisin chinois. Il y a eu, l’an passé, quelques tentatives pour faciliter l’entrée de certains voyageurs – venant par exemple pour des motifs urgents ou pour affaires officielles. Mais la reprise du virus en Europe en janvier s’est très vite traduite par une re-fermeture du pays aux voyageurs étrangers. Il n’est pour le moment pratiquement plus possible de se rendre au Japon pour un étranger. La plupart des exceptions autorisant les voyages sont de fait suspendues.
Il y a une dimension psychologique non négligeable à prendre en considération pour comprendre les décisions du gouvernement japonais. Les habitants de l’archipel vivent dans une crainte quasi irrationnelle vis-à-vis de tout ce qui est incontrôlable. Comme par exemple les actes de terrorisme ou les épidémies. L’isolement actuel du pays doit donc beaucoup à une psyché japonaise si particulière.
Ainsi, à peine les dernières restrictions de confinement levées fin mars à Tokyo et ses proches banlieues, le gouvernement annonçait se préparer déjà à l’arrivée d’une possible quatrième vague de contagion. Des mesures préventives d’isolement ont été imposées dès le 10 avril à Tokyo, mais aussi à Osaka ou Kyoto.
Les JO de Tokyo sous le signe du Covid
Une nouvelle vague de contaminations au Covid risque de faire déraper une nouvelle fois la tenue des Jeux Olympiques de Tokyo, repoussés de 2020 à la fin juillet de cette année. L’annonce à la fin mars de ne pas accueillir de visiteurs étrangers a en partie assombri la perspective de ces jeux, les plus étranges qu’aura connu le mouvement olympique depuis l’après-guerre.
Face à une vaccination qui ne décolle pas et à la déferlante du virus britannique dans l’archipel, maintenir les jeux semble tenir de la gageure. Les sondages montrent d’ailleurs que la majorité des Japonais y sont hostiles. La peur d’accueillir des athlètes non soumis à la quarantaine fait en effet craindre une contagion massive dans la population.
Les JO s’apparentent à un véritable gouffre financier pour le pays, et les reporter de nouveau ne ferait qu’accroître le fardeau. En 2013, lorsque le CIO a attribué les Jeux à Tokyo, le Japon estimait le coût de la manifestation à plus de 5,64 milliards d’euros. Suite à une cinquième révision du budget, on parle désormais de 12,6 milliards d’euros, dont 2,3 milliards d’euros générés par le report d’un an.
Un tiers de ces nouvelles dépenses sont consacrées à des mesures sanitaires et de prévention, mais aussi au remboursement de 630 000 billets vendus à l’étranger, ou encore aux entreprises affectées par la disparition des visiteurs internationaux. On estime que cette absence va amputer les recettes de 550 millions d’euros.
Plus de la moitié du budget provient de l’argent des contribuables. Ce qui a permis le financement de nouveaux stades, d’infrastructures de transports ou encore du village olympique. Cependant, l’accueil des JO envers et contre tout prend là aussi une dimension psychologique. Celle de montrer un Japon qui résiste dans l’adversité. Et dont les JO contribueraient à stimuler l’économie. Le Japon a vu son PIB baisser de -4.9 % sur l’année fiscale 2020 mais il pourrait progresser de 3,7% en 2021, en partie grâce à l’effet JO. Et faire oublier un peu l’épidémie de covid.
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