
Alors que les notions de RSE et de développement durable sont aujourd’hui au cœur des débats de société, et en particulier dans le domaine du voyage d’affaires, le baromètre dévoilé jeudi par Expensya et l’AFTM soulève un autre effet indésirable de la crise : le report des déplacements professionnels sur les véhicules individuels et leurs « autosolistes ». Se basant sur l’analyse détaillée – mais anonymisée – des notes de frais traitées par ce spécialiste de l’expense, le baromètre confirme l’évidente chute des dépenses aériennes, que le déconfinement n’a pas suffi à soulager l’an dernier. La baisse par rapport à l’année de référence (2019) atteignait 85% sur la période mars-mai, puis 74% entre juillet et septembre. Mais les déplacements terrestres individuels, en particulier en voiture, ont eux repris bien plus vigoureusement, la baisse passant de -76% sur la première période à -52%.

Des politiques voyages « bouleversées »
« Une mauvaise nouvelle pour la planète », résumera Fabrice Clauzon, Directeur des partenariats chez Expensya, durant la présentation en ligne. Et un changement de paradigme pour les travel managers… « Il y a un paradoxe : dans les politiques voyages, a priori, on n’encourageait pas jusqu’à maintenant l’utilisation du véhicule personnel sur des distances assez longues », analyse Michel Dieleman. Le Président de l’AFTM poursuit : « On a beaucoup utilisé le véhicule personnel, en étant seul dans ce véhicule, pour des raisons sanitaires. Donc moins de covoiturage, et beaucoup plus d’utilisation et de location de véhicules. Cela vient bouleverser les politiques voyages, qui se sont un peu adaptées, on n’a pas pu faire autrement. Mais quid de la suite ? », interroge Michel Dieleman. La suite, le président de l’AFTM l’envisage – l’espère – malgré tout moins gourmande en énergies fossiles, les voyageurs d’affaires devant a priori, une fois passée la crise, délaisser davantage leurs véhicules individuels.
Quand on parlait de déplacements professionnels intégrés au périmètre du travel management, on n’incluait pas jusqu’à maintenant les trajets domicile-travail
Pour l’heure, le baromètre Expensya-AFTM note sur le marché français « une reprise solide et durable en 2021 ». Cette reprise atteindrait +47% au mois de juin par rapport à la même période en 2020. La reprise de la mobilité se confirme donc, et ce malgré l’autre tendance lourde des derniers mois : le télétravail, « qui a probablement été la star de l’année », résume Fabrice Clauzon. « Le Covid a été un accélérateur de transformation » souligne Michel Dieleman, qui ajoute : « Est-ce que cela va durer ? Sans doute, au moins partiellement. Cela bouleverse complètement la donne », note le Président de l’AFTM. Alors que les dépenses liées au télétravail atteignaient l’indice 100 juste avant la crise, elles frôlaient 140 au printemps 2020. En outre, comme le souligne Fabrice Clauzon, « cette tendance continue en 2021, elle est durable, structurante ». A tel point que la notion même de travel management pourrait évoluer, à en croire Michel Dieleman : « Quand on parlait de déplacements professionnels intégrés au périmètre du travel management, on n’incluait pas jusqu’à maintenant les trajets domicile-travail. Maintenant, on s’aperçoit qu’il va falloir traiter ces problématiques dans un même ensemble ».
le contexte dans lequel évoluent les déplacement professionnels est loin d’être stable, et même loin d’être consensuel pour l’instant
L’avenir reste donc incertain, comme le notera Michel Dieleman en conclusion de la présentation : « tel qu’il se dessine, le contexte dans lequel évoluent les déplacement professionnels est loin d’être stable, et même loin d’être consensuel pour l’instant. Les entreprises subissent, les politiques voyages sont malmenées, on est en train de les ajuster, avec de grandes variantes selon les grands groupes et les PME. La reprise va amener des décisions beaucoup plus strictes ».