
Après une reprise positive à la fin de la pandémie, l’impact de la guerre russo-ukrainienne aura été l’épreuve de trop pour l’économie égyptienne. Le pays est en effet un importateur net de carburant et de matières premières agricoles. Il importe 62 % de ses besoins en blé, les quatre cinquièmes provenant de Russie et d’Ukraine. En outre, cette guerre ne favorise pas non plus le tourisme, une source majeure de revenus du pays, alors que la moitié des 8 millions de visiteurs de 2021 venait d’Europe de l’Est.
C’est dire que les derniers mois ont vu l’Egypte plonger dans une grave crise économique marquée par l’emballement de l’inflation, la dégringolade de la livre égyptienne et la remontée successive des taux d’intérêt. A la mi-octobre, l’Egypte a dû sécuriser un prêt de trois milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI) pour alléger les pressions sur la balance des paiements.
Les restrictions de change mises en place par le gouvernement ont entraîné une rareté du dollar avec des conséquences sérieuses dans le secteur de la logistique, notamment un effet goulot dans les ports : des cargaisons d’une valeur de plusieurs milliards de dollars y étaient bloquées en fin d’année par manque d’accès au dollar pour sécuriser leurs paiements. Les autorités ont dès lors dû se résoudre à des mesures d’urgence comme l’annulation de l’obligation faite aux importateurs de sécuriser des lettres de crédit pour faire entrer des marchandises dans le pays.

Le contexte est donc délicat pour une économie qui avait jusque-là relativement bien réussi le pari d’amorcer le tournant à la sortie du confinement et de surmonter son impact sur le tourisme. Grâce à un programme de réformes structurelles commencé les années précédentes, à la diversification de l’économie et à l’insistance du gouvernement de maintenir la continuité de l’activité économique, l’Egypte a été le seul pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à enregistrer une croissance positive en 2020.
« Un arrêt brutal de l’économie aurait été très dangereux pour l’Egypte, indiquait dans la presse Ahmed Shalaby président du groupe immobilier Tatweer Misr. Ce choix était très intelligent et a encouragé le monde des affaires à continuer. Les développeurs et les sous-traitants ont poursuivi leurs travaux sur leurs projets respectifs en 2020 et nous voyons maintenant les progrès dans la construction des nouvelles communautés urbaines ».
Incontestablement importants pour entraîner l’économie égyptienne, la construction et l’immobilier comptent parmi les secteurs à la croissance la plus rapide. Ils ont d’ailleurs contribué, depuis 2014, à 15% du PIB annuel. Mais, tous secteurs confondus, les atouts ne manquent pas en Egypte. Le bon niveau de dépenses de consommation et une main d’œuvre jeune, bien éduquée et multiculturelle ont imposé le pays parmi les destinations favorites des investisseurs étrangers. En 2020, en dépit de l’impact du Covid, l’Egypte était toujours leur destination préférée en Afrique, accueillant un volume d’investissements de 5,9 milliards de dollars, contre 9 milliards l’année précédente.
Deux institutions sont particulièrement importantes pour les orientations économiques du pays : l’Autorité des zones de libre-échange et des investissements et le Ministère du développement économique et de la planification. Ce dernier est responsable de la stratégie générale et de son application par secteurs. Il a la responsabilité de l’exécution de la feuille de route nationale Egypt Vision 2030, qui vise à faire de l’Egypte une économie compétitive et diversifiée. Parmi les objectifs : le relèvement de la croissance économique, du revenu par habitant, mais aussi des projets clés tels la construction de la nouvelle capitale administrative, l’intégration du secteur informel, le développement de l’économie verte, des infrastructures de cloud, ainsi que la promotion des partenariats publics-privés.
Autre institution incontournable, l’Autorité des zones de libre-échange et des investissements (General Authority for Investment and Free Zones, le GAFI) a dédié à partir de 2018 une filiale spéciale aux investisseurs étrangers, sous la forme d’un guichet unique de formalités et d’assistance technique. Plusieurs secteurs ont été identifiés comme représentant un potentiel notable pour les investisseurs : agriculture, réclamation de terres, immobilier et textile. En 2017, la loi sur les investissements a mis en exergue les opportunités d’investissement dans plusieurs méga-projets : la zone du Canal de Suez, le Port Ain Sokhna, mais aussi la Nouvelle Capitale administrative et la nouvelle ville New Al Alamein City au bord de la Méditerranée.
Indicateurs de croissance | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 |
PIB (milliards USD) | 382,52 | 423,15 | 469,09 | 471,36 | 510,85 |
PIB (croissance annuelle en %, prix constant) | 3,5 | 3,3 | 6,6 | 4,4 | 5,2 |
PIB par habitant (USD) | 3 802 | 4 144 | 4 504 | 4 437 | 4 715 |
Solde des finances publiques (en % du PIB) | -6,7 | -7,2 | -6,1 | -7,3 | -7,4 |
Endettement de l’Etat (en % du PIB) | 85,3 | 89,2 | 89,2 | 85,6 | 84,6 |
Taux d’inflation (%) | 5,7 | 4,5 | 8,5 | 12,0 | 8,0 |
Taux de chômage (% de la population active) | 8,3 | 7,3 | 7,3 | 7,3 | 7,3 |
Balance des transactions courantes (milliards USD) | -11,17 | -18,44 | -17,01 | -16,21 | -14,99 |
Balance des transactions courantes (en % du PIB) | -2,9 | -4,4 | -3,6 | -3,4 | -2,9 |
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