Autour de 230 millions de voyageurs internationaux – y compris intra-Europe – en 2020 contre plus de 743 millions un an auparavant. L’Europe du tourisme aura comme le reste de la planète subi le contrecoup de la crise du Covid-19. Dans son rapport sur l’état du tourisme en 2020 et les perspectives futures de cette activité, la European Travel Commission ETC analyse plus précisément l’évolution potentielle du voyage d’affaires. Et son analyse défie les sombres prédictions d’autres rapports.
La pandémie a transformé en 2020 les habitudes de voyage dans le travail et dans la gestion des voyages d’affaires. La montée en puissance des technologies de communication, les réunions virtuelles mais aussi une nouvelle conscience des entreprises sur l’impact environnemental de leurs déplacements, affectent les voyages. Ce qui a généré des interrogations sur le futur des voyages d’affaires.
les réunions en face à face resteront un élément clé des relations d’affaires
Le rapport de l’ETC cultive pourtant l’optimisme. Il indique que les prévisions concernant l’effondrement des voyages d’affaires ont peu de chances de se concrétiser, car les réunions en face à face resteront un élément clé des relations d’affaires.
L’ETC s’appuie sur un rapport de SAP Concur, publié en juillet 2020. Il souligne que 59 % des voyageurs d’affaires dans le monde s’attendent à avoir un sentiment positif sur leur prochain voyage d’affaires après l’épidémie de covid. 92% des hommes d’affaires jugent aussi néfaste la réduction des voyages due à la pandémie sur l’activité de leur entreprise. Cette réduction aurait des conséquence sur la conclusion de contrats et sur la prospection. L’ETC estime que le ralentissement du volume de voyage d’affaires va encore se faire sentir jusqu’en 2022.
La Commission prévoit ainsi une reprise des voyages d’affaires nationaux d’ici 2023 et internationaux d’ici 2024. L’ETC a analysé les précédentes crises économiques où l’activité voyages d’affaires s’était contractée. Par exemple, à la suite de la crise financière mondiale de 2008-2009, les dépenses liées aux voyages d’affaires internationaux avaient chuté de 17 % contre 6% pour les voyages de loisirs. Mais dès 2011, le volume des voyages d’affaires avait retrouvé son niveau d’avant-crise. A suivi une période de croissance ininterrompue jusqu’en 2019.
L’importante valeur ajoutée des voyages d’affaires en Europe
Des études menées par Oxford Economics en 2013 ont ainsi démontré que chaque dollar investi par les entreprises dans les voyages d’affaires pendant la crise financière de 2008-2009 a rapporté 9,50$ en recettes et généré 2,90$ de bénéfices. Ce qui confirme pourquoi la demande de voyages d’affaires est restée aussi forte. Et un tel phénomène risque de se reproduire une fois la crise sanitaire maîtrisée.
En Europe, les voyages d’affaires génèrent une part importante des volumes de déplacements. Selon l’ETC, la part de marché du voyage d’affaires dans les dépenses totales de voyage en 2019 représentait près de 60% en Roumanie, plus de 40% pour la Finlande, les Pays-Bas, la Suède et plus de 30% en Pologne, Slovaquie et Suisse. L’ETC constate que si la part de marché du voyage d’affaires est faible dans les grands pays touristiques comme la France, l’Espagne ou l’Italie, le volume des dépenses y est tout de même important. Il représentait en 2019 en France 7,4 milliards de dollars de dépenses par exemple. Et ce, malgré une part de marché inférieure à 20%.
L’Europe reste de fait plus favorisée que d’autres continents. Car malgré les restrictions qui, pour le moment, frappent la plupart des pays face au regain de la pandémie, il existe toujours des possibilités de déplacement pour motifs d’affaires. Notamment à l’intérieur de l’Union Européenne ou de l’espace Schengen. En 2021, le volume des voyages d’affaires devrait pourtant rester sensiblement inférieur à celui de 2019.
Si certaines réunions ne se dérouleront plus que par le biais des technologies en ligne, l’ETC estime que dans une certaine mesure les rencontres en face à face reviendront – y compris lors de grands événements. Les voyages d’affaires permettent en effet une interaction plus personnelle et minimisent le risque de mauvaise communication. Ils favorisent aussi de mieux comprendre les différences culturelles entre partenaires. L’essence même du voyage, en somme…