Heathrow impose une limite de 100 000 passagers par jour

L'aéroport de Londres Heathrow fait toujours face à des problèmes de gestion du trafic passagers en raison de la pénurie de personnel. Les autorités aéroportuaires ont donc pris une mesure radicale : la limitation du nombre quotidien de voyageurs...
L'aérogare 4 à Londres Heathrow, rouvert le 14 juin. (Photo: Heathrow Airport Limited)
L'aérogare 4 à Londres Heathrow, rouvert le 14 juin. (Photo: Heathrow Airport Limited)

Il ne se passe pas une semaine sans que l’ensemble des media britanniques et internationaux ne clouent au pilori l’aéroport de Londres Heathrow pour sa gestion désastreuse des passagers ou des bagages. Et il ne se passe pas une semaine sans que la direction de l’aéroport ne s’excuse officiellement pour les désagréments occasionnés.

Aussi les autorités à Londres Heathrow ont-elles décidé de frapper un grand coup pour juguler les problèmes dans les aérogares. Heathrow demande aux compagnies de faire un nouvel effort et de réduire encore le nombre de leurs vols. De fait, l’aéroport a décidé d’imposer une limite de 100 000 passagers par jour au lieu d’un volume estimé à 104 000 passagers quotidiens. Avant la crise du Covid, Heathrow enregistrait jusqu’à 125 000 passagers/jour.

La mesure est entrée en vigueur le 12 juillet. Elle devrait s’appliquer jusqu’au 11 septembre.

L’idée d’imposer une limite au nombre de passagers ou d’avions a déjà été discrètement activée par d’autres aéroports européens. A Amsterdam Schiphol, les autorités ont imposé une baisse de 16% du nombre de voyageurs accueillis. De son côté, Francfort a réduit le nombre de mouvements d’avions durant les heures de pointe de 104 à 94.

Vendre ou ne plus vendre de billet, telle est la question

Heathrow a également demandé aux compagnies aériennes desservant la plateforme de cesser de vendre des billets sur la saison d’été. Une injonction que Willie Walsh, le directeur général de IATA et ancien directeur général de British Airways qualifie de « ridicule« . « Heathrow essaie de maximiser ses profits au détriment des compagnies aériennes« , a-t-il commenté.

Une accusation que rejette l’aéroport. Ce dernier explique devoir actuellement gérer 40 ans de croissance en seulement quatre mois. Un porte-parole de l’aéroport a ainsi répliqué à Willie Walsh : « La dernière chose dont l’aéroport a besoin sont des commentaires mal informés de patrons de compagnies aériennes à la retraite« . Le fameux flegme britannique en a également pris un coup !

Fin de non-recevoir chez Emirates

Emirates a réagi le 14 juillet à cette annonce d’Heathrow. Avec véhémence… La compagnie aérienne indique : « Il est très regrettable que [la direction de Londres Heathrow, LHR] nous ait donné hier soir 36 heures pour nous conformer aux réductions de capacité, un chiffre qui semble sorti de nulle part ». Et de clarifier sa position sans équivoque : « C’est totalement déraisonnable et inacceptable, et nous rejetons ces demandes ». A l’instar de nombreux observateurs, Emirates pointe du doigt le manque d’anticipation dont a fait preuve la direction du hub britannique : « Tous les signaux d’un fort rebond des voyages étaient là, et depuis des mois, Emirates s’est exprimée publiquement à ce sujet. Nous avons planifié à l’avance pour être prêts à servir les clients et à répondre à la demande de voyages, notamment en réembauchant et en formant 1 000 pilotes d’A380 l’année dernière. (…) LHR a choisi de ne pas agir, de ne pas planifier, de ne pas investir. Aujourd’hui, face à une situation d’ « airmageddon » due à son incompétence et à son inaction, elle fait peser tout le fardeau – des coûts et des efforts à fournir pour résoudre le problème – sur les compagnies aériennes et les voyageurs ». Et la direction de la compagnie de conclure : « Jusqu’à nouvel ordre, Emirates prévoit d’opérer comme prévu au départ et à destination de LHR ».