Irlande du Nord : à pas de géants

Les "Troubles" entre loyalistes et nationalistes ont longtemps laissé l’Irlande du Nord dans l’ombre de sa voisine du Sud. Mais la région a tout pour séduire les groupes corporate avec son hospitalité chaleureuse, sa capitale Belfast en plein renouveau et des sublimes paysages verdoyants.
Antrium Coast Road
Ondulant de falaises en vallons au milieu de verts pâturages, ponctuées çà et là de moutons curieux et de haies de genêts tout jaunes au printemps, l'Antrim Coast Road offre sans nul doute une des plus belles balades irlandaises. © Alain Parinet

Jour 1 : arrivée à l’aéroport de Dublin. Après deux heures de route, visite de Castle Ward et activités autour de la série Games of Thrones. Nuit à l’hôtel Slieve Donard, à Newcastle.

L’hôtel Slieve Donard Resort & Spa

Sliver Donard
© Alain Parinet

Dominant la station balnéaire de Newcastle, la haute stature du Slieve Donard a donné son nom à cet hôtel. Haute pour la région s’entend, car avec ses 850 m d’altitude, ce gros mamelon adouci par le temps est le point culminant d’Irlande. Aussi limitée soit-elle, sa stature sied au standing de ce resort centenaire du groupe Hastings qui allonge sa façade de briques rouges le long d’une côte balayée par les vents.
Ce vénérable établissement, qui eut Chaplin parmi ses clients, dégage une atmosphère chaleureusement british autour de ses cheminées entretenues par un personnel attentif. Avec ses 181 chambres, ses six salles de réunions et ses trois salles de réception, le Slieve Donard peut servir de cadre à tous types d’événements. Prisé par les golfeurs grâce au voisinage du Royal County Down, un des plus difficiles parcours au monde, l’établissement propose deux restaurants, un spa avec une belle piscine et des activités pour découvrir les joliment sauvages Mourne Mountains.

Downs Road, Newcastle • Tél. : +44 (0)28 4372 1066 • Email : • Internet : www.hastingshotels.com

Game of thrones : Donjons et dragons

Winterfell Castle Ward
© Alain Parinet

Des dragons, des intrigues politiques, une reine blonde comme les blés et un hiver effrayant qu’on attend comme on attend Godot : les téléphiles auront reconnu Game of Thrones. Pour ceux qui auraient manqué quelques épisodes, c’est une série au succès phénoménal qui a l’Irlande du Nord pour cadre principal, 70% des scènes étant tournées soit dans ses sublimes paysages, soit aux Titanic Studios de Belfast. La région ne ménage donc pas ses efforts pour mettre en avant cet atout touristique providentiel. Winterfell Tours organise par exemple des visites exclusives des lieux de tournage et des incentives jusqu’à 70 personnes dans l’ancien château de Castle Ward, datant du XVIe siècle et qui abrite, par le soin des scénaristes, le siège de la maison Starck. Revêtus d’habits siglés HBO, producteur de la série, les participants sont alors plongés dans une ambiance fantastico-médiévale, s’exerçant au tir à l’arc avec de vrais figurants, puis dînant sous des tentes pour des banquets conviviaux.

Winterfell Tours Old Castle Ward. Co Down • Tél. : + 44 (0)28 4372 3933 • Email : raven@winterfell-tours.com • Internet : www.gameofthrones-winterfelltours.com

Carrick-a-Rede
Les jambes flageolent un peu au moment de traverser le pont de corde de Carrick-a-Rede, mais au bout, la vue sur l’Antrim Coast est tout simplement époustouflante. © Alain Parinet

Jour 2 : départ pour Belfast. Tour de la ville en taxi noir. Déjeuner au Culloden Hotel. Visite du Titanic Belfast. Dîner au OX. Nuit à l’hôtel The Merchant.

L’Hôtel The Merchant

The Great Room restaurant
© Alain Parinet

Une rassurante odeur de feu de bois mêlée de tourbe et, pour ajouter à la magnificence du lieu, quelques notes de musique baroque : que l’on soit confortablement installé dans les canapés du Cocktail Bar, élu meilleur bar d’hôtel du monde, soit dit en passant, ou sous les ors de la Great Room – son restaurant – , le charme de ce boutique hôtel cinq étoiles opère inévitablement. De son ancienne fonction – le bâtiment accueillait le siège de l’Ulster Bank au milieu du XIXe siècle –, l’hôtel conserve une allure très “high end” qui se ressent aussi bien dans l’opulence des 21 chambres et 5 suites de la partie victorienne de l’hôtel que dans l’esprit Art Déco animant les 36 chambres hébergées dans une nouvelle aile créée en 2006. Celle-ci accueille, en outre, quatre salles de réunions, dont la grande et modulable Rita Duffy Room qui peut accueillir jusqu’à 200 personnes. Pour les groupes, de nombreuses privatisations sont possibles, que ce soit celle de la Great Room et du bar jazz Bert’s ou encore du jardin sur les toits, ultra couru été comme hiver.
16 Skipper Street • Tél. : +44 (0)28 9023 4888 • Email : info@themerchanthotel.com Internet : www.themerchanthotel.com

Titanic Belfast, mythe restitué

Titanic Belfast
© Alain Parinet

Sa silhouette de verre et de métal évoque pour certains quatre proues de bateaux comme ceux que construisaient les chantiers Harland & Wolff pour la White Star Line. D’autres y voient un iceberg dressé à deux pas des cales sèches où le plus tristement célèbre des grands paquebots fut construit. Quelle que soit l’interprétation de son architecture, le Titanic Belfast, au cœur des docks en pleine régénération, a su faire d’un naufrage un immense succès. Sa scénographie illustre le rôle prééminent des chantiers navals à Belfast, l’ingéniosité d’armées d’ingénieurs et le rude travail des ouvriers martelant l’acier dans un bruit incessant, et bien sûr le luxe inouï des cabines de première comme le côté plus spartiate des autres. Le mythe perdure, et les groupes corporate sont nombreux à utiliser le lieu pour des événements et dîners de gala, surtout la Titanic Suite doté d’une réplique du fameux Grand Escalier.
1 Olympic Way, Titanic Quarter • Tél. : +44 (0)28 9076 6386 • Email : enquiries@titanicbelfast.com • Internet : titanicbelfast.com

Dynamique, devenir l’égale de Dublin

« Belfast est aujourd’hui où en était Dublin il y a 20 ans« , estime Caitriona Laver, directrice des ventes de Hastings Hotels. C’est dire sa marge de progression, c’est évoquer aussi son potentiel touristique. Tirée par la popularité du Titanic Belfast, soutenue par un centre de conférences en pleine expansion, la capitale nord-irlandaise s’est donné un nouvel élan en même temps que décroissait la mauvaise publicité faite par les “Troubles”. Résultat : les hôtels ouvrent à la pelle, les restaurants reçoivent des étoiles à l’image d’OX, dirigé par Stephen Toman, formé à l’école d’Alain Passard, tandis que les alentours de la cathédrale se remplissent de pubs à la mode comme le Dirty Onion. Indéfectiblement attachés à l’atmosphère irlandaise, ils suivent les pas de leurs aînés, comme le Duke of York ou le Crown Liquor Saloon, un monument historique fin XIXe siècle qui figure à n’en pas douter sur la carte des plus beaux pubs du monde.

Black Cab Tours : Devoir de mémoire

À chaque carrefour de Shankill et de Falls Road, les deux grandes artères loyaliste et catholique, une plaque ou un bouquet de fleurs rappelle les sombres heures où, dans les pubs du West Belfast, au fond des pintes de Guinness restait toujours un dépôt de larmes. De mauvais dimanches en jour de grâce, du Bloody Sunday de 1972 au Vendredi Saint de 1998 où la paix fut signée, l’Irlande du Nord panse ses plaies. Bien sûr, le quartier affiche toujours un street art militant, mais ce fighting spirit se fait plus doux. Du coup, certains des fameux murals prennent un ton plus neutre, ayant pour thème des problèmes sociaux, le sport, la paix même. Un pan d’histoire à découvrir lors de Black Cab Tours comme ceux commentés par Billy Scott, un chauffeur aussi prolixe qu’érudit sur l’histoire de sa ville.
TouringAroundBelfast Tél : +44 (0)77 9860 2401 • Internet : touringaroundbelfast.com

Jour 3 : départ pour les Glens of Antrim. Visite des jardins du château de Glenarm, puis route panoramique le long de la côte. Visite de la distillerie Bushmills. Dîner et nuit à l’hôtel Bushmills Inn.

Glens of Antrim : Balade irlandaise

Rien de plus charmant que les Glens of Antrim, succession de neuf vallées cadencée par de douces montagnes parsemées de cottages blancs aux toits d’ardoise grise, de haies de genêts jaunes au printemps et de moutons broutant l’herbe bien verte. Au milieu de chaque vallée coule une rivière ; et au bout de chacune se trouve une plage de sable fin ou un petit port, trois ou quatre bateaux, un pub et rien de plus. Quelquefois, une route s’enfonce dans les terres comme celle qui mène au parc forestier de Glenariff et débouche sur des sous-bois moussus ombragés de hauts pins, tout juste troublés par le murmure d’une rivière qui descend en cascades.
En venant de Belfast, ce petit détour précède le clou du spectacle, la route jouant alors les montagnes russes le long de la mer d’Irlande, louvoyant du grand bleu au grand vert pour aboutir à Torr Head, petit cap qui regarde l’Ecosse à une dizaine de km à vol d’oiseau, si proche qu’il semble lui susurrer à l’oreille “de toutes les côtes du Royaume-Uni, c’est moi qui ai les plus beaux paysages”. Puis la route s’assagit un peu en traversant la lande jusqu’au petit port de Ballintoy, point final d’une des plus belles routes du monde. Assurément. La balade peut se poursuivre par une expérience à couper le souffle, ou les jambes si l’on est sujet au vertige, avec la traversée du Carrick-a-Rede. Suspendue à trente mètres au-dessus de l’eau, cette passerelle de corde servait aux pêcheurs de saumon pour rejoindre un gros rocher séparé de la côte. Aujourd’hui, elle fait le plaisir des touristes comme des photographes.

Distillerie de l’eau en or

Distillerie Bushmills
© Alain Parinet

Depuis 1608, la distillerie Bushmills, une des plus vieilles d’Irlande toujours en activité, organise de la même façon les noces alchimiques de l’eau, de l’orge et du feu, lui qui vient accélérer la fermentation et permet la distillation. Infinie délicatesse des Irlandais face à ces “rustres” d’Écossais, ces distillations sont au nombre de trois, et non de deux, afin d’adoucir la brûlure de l’alcool. De même, le processus de maltage de l’orge diffère de l’île voisine en utilisant un air neutre et chaud, et non la tourbe, pour sécher les grains germés. Vieillissement en fûts et part des anges aidant – 2 à 3 % d’alcool s’évapore par an – , il en résulte des single malts de caractère que les groupes peuvent découvrir lors de visites privées assorties de dégustations de trois whiskeys ou de tastings premium, déclinant toute l’offre de la distillerie.
Old Bushmills Distillery 2 Distillery Rd. Bushmills • Tél. : +44 (0) 28 207 33218 • Email : visitors.bushmills@bushmills.com • Internet : www.bushmills.com

L’hôtel Bushmills Inn

Bushmills Inn
Le Bushmills Inn, une auberge relais datant du XVIIe siècle. © Alain Parinet

Quelques accords de guitare, un air de flûte, le son aigre d’une mandoline et l’unisson de voix chaleureuses : c’est tout simple, l’hospitalité irlandaise. En la matière, le Bushmills Inn sait y faire, et pas seulement les samedis soirs, lorsque son pub se remplit de clients venus écouter de la musique traditionnelle. Dans ses coins et recoins remplis de fauteuils et canapés, autour de ses cheminées, au sein de son restaurant couru pour ses spécialités locales, cet hôtel haut de gamme traduit l’identité de la région. Cette ancienne auberge, ouverte en 1608 comme la distillerie voisine, a été transformée en hôtel en 1987. Depuis, elle s’est dotée en 2009 d’une extension avec de nouvelles chambres, 41 au total, et une salle de réunions pour 40 personnes. Le Bushmills Inn réserve aussi quelques surprises comme une salle de cinéma et une petite salle de réunion cachée derrière une porte dérobée.

9 Dunluce Road, Bushmills • Tél. : +44(0)28 2073 3000 Email: mail@bushmillsinn.com
Internet : www.bushmillsinn.com

Jour 4 : visite de la Chaussée des Géants, puis du Dunluce Castle. Dîner au restaurant French Rooms à Bushmills. Nuit à l’hôtel Bushmills Inn.

Châteaux : seul face à la mer

Dunluce Castle
Le Dunluce Castle, esseulé, détruit, mais infiniment beau. © Alain Parinet

Deux châteaux, mais une seule famille, les McDonnell, venus d’Ecosse au XVIe siècle et comte d’Antrim depuis quatorze générations. Typique de l’architecture médiévale, le Dunluce Castle est une merveille de château abandonné, détruit en 1641 lors de la rébellion irlandaise. Sur son promontoire face à la mer, son désolement photogénique tranche avec une autre propriété de la famille, le Glenarm Castle, posé au début de la route depuis Belfast vers les Glens of Antrim. Quand les Mc Donnell sont à Londres, la vénérable demeure du XVIIe accueille des dîners très exclusifs pour une quinzaine de personnes, qui peuvent éventuellement passer la nuit au château. Comme s’ils faisaient partie de la famille.

Chaussée des géants : les vestiges du chaos

Chaussée des géants
La Chaussée des Géants, un assemblage inouï de colonnes de basalte aux airs d’alvéoles de ruches. © Alain Parinet

Les bâtisseurs de cathédrale n’auraient pas fait mieux que la Chaussée des Géants. Ni même Daniel Buren. La nature, avec une précision quasi industrielle, s’est ingéniée à tailler 45 000 colonnes de basalte de 45 cm de diamètre. Sortes d’alvéoles de ruche vues de haut, elles diffèrent seulement par leur taille, certaines s’élevant jusqu’à douze mètres. D’autres, plus basses, servent d’appui aux visiteurs pour contempler ce lieu unique issu du refroidissement rapide de la lave lors d’une éruption survenue il y a 60 millions d’années. La légende raconte pourtant que c’est un géant, Finn McCool, qui l’a créée pour passer à pied sec en Ecosse afin d’affronter son rival Fingal. Les millions de visiteurs qui se pressent dès les premières heures du jour vers ce site classé à l’Unesco n’y croient sûrement pas. Mais l’histoire est belle et rajoute à l’infinie beauté du site entre terre et mer, au milieu d’une réserve naturelle peuplée d’oiseaux marins, de phoques et de dauphins.

Jour 5 : départ de l’hôtel pour l’aéroport international de Belfast. En route, arrêt photo près de Ballymoney aux Dark Hedges, allée d’arbres aux airs de cornes de cerf qui décorait l’entrée d’une demeure des Stuarts. Vol et arrivée en fin d’après-midi à Paris CDG.

Dark Hedges
Les Dark Hedges, bordées de hêtres tortueux. © Alain Parinet

A lire aussi dans ce dossier : Rencontre : Viktoria Varecza, Responsable Business Development du Tourisme Irlandais