
C’était le 19 février dernier et un communiqué de l’UFI, l’Union des Foires Internationales indiquait que, selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Sante (OMS) et des autorités nationales, l’annulation de grandes foires et événements en Europe, Amérique, au Moyen-Orient et dans de larges parties de l’Asie était prématurée. Des consignes claires devaient être données concernant des mesures d’hygiène avant, pendant et après l’événement en lui-même, était-il alors précisé.
C’était il y a tout juste dix jours. Depuis, des consignes claires ont été émises par les autorités et elles vont désormais toutes dans un même sens : celui d’une annulation des événements, les autorités sanitaires jugeant le risque de contagion à grande échelle trop important.
Le premier événement à prendre la décision d’annuler – une décision lourde de conséquences pour les économies locales -, fut le MWC, le salon mondial du mobile. Il se déroule chaque année à la mi-février à Barcelone, rassemblant en 2019 quelque 1150 noms de l’industrie et attirant près de 110 000 visiteurs dans la métropole catalane. Dans un communiqué, le GSMA, qui rassemble les leaders de la branche, expliquait cette décision par des raisons de sécurité sanitaire. Cette décision, prise avant même que le phénomène n’ait pris de l’ampleur en Europe, se justifiait par le fait que la Chine joue un rôle crucial dans cette industrie.
Depuis, c’est l’hécatombe… Deux des plus importants salons au monde annonçaient tour à tour leur annulation. La 90e édition du Salon de l’automobile de Genève (Geneva International Motor Show) a dû être annulé le 28 février, suivant l’injonction des Conseil Fédéral Helvétique qui édictait l’interdiction du 28 février 2020 des événements réunissant plus de 1 000 personnes jusqu’au 15 mars 2020, suite à l’annonce de deux cas de coronavirus en Suisse. Le GIMS accueille chaque année 600 000 visiteurs. La décision a également affecté le Salon de l’Horlogerie de Bale, BaselWorld, plus grand salon de cette branche d’activité dans le monde avec ses 125 000 visiteurs.
Dans la foulée, à quatre jours de son ouverture, le plus grand salon du tourisme du monde, ITB Berlin, se voyait également annulé. Quelque 160 000 participants y étaient attendus toute cette semaine avec 10 000 exposants venant de 1700 pays. Selon Messe Berlin, l’organisateur, les conditions posées par les autorités sanitaires – contrôle stricte de chaque participant avec test pour toute personne venant d’une région de contagion -, s’avérait impossible.
En France, la décision du gouvernement d’interdire tout rassemblement de plus de 5000 personnes frappe aussi de plein fouet les organisateurs de salons dans l’Hexagone, comme le célèbre salon « Livre Paris », annulé, et le MIPIM de Cannes, salon des professionnels de l’immobilier, qui aura finalement lieu au mois de juin. Le salon du tourisme de Paris, prévu fin mars, a lui aussi été rayé du calendrier.

De fait, la décision des autorités va surtout affecter les grandes métropoles accueillant des salons, celles qui sont généralement les plus prisées. A Berlin par exemple, les rumeurs de report de l’ITB Berlin ont été immédiatement démenties par le gestionnaire Messe Berlin, qui indique que l’espace de foires est totalement réservé pour le reste de l’année et a déjà annoncé les dates du salon 2021. Paris, Francfort, Londres, Barcelone, Milan ou Vienne se trouvent dans des cas similaires. Seules les villes qui ont une activité foires et salons moindre – c’est le cas de Cannes par exemple – peuvent effectivement reporter l’événements.
Charge maintenant à chaque autorité de bien évaluer les conséquences économiques d’annulations en cascade sur le court terme. L’annulation d’un salon en dernière minute se traduit également par des hôtels désertés tout comme les restaurants ou autres activités liées à l’industrie des services. Selon l’UFI, l’annulation de salons se fera ressentir sur la reprise économique d’après-crise car elle met en difficulté des millions d’entreprises dans le monde. Sans parler des pertes pour la ville qui accueille ces manifestations.
Les pertes de Genève avec l’annulation du salon de l’automobile sont ainsi estimées entre 188 et 235 millions d’euros, ITB Berlin génère par exemple sept milliards d’euros de contrats signés durant le salon. Au total, les salons à travers le monde avaient un impact de 116 milliards d’euros en chiffre d’affaires direct et plus de 275 milliards en retombées directes et indirectes en 2018 pour 32 000 événements dans le monde. Certains événements pourront certes être remplacés par une solution de vidéo-conférence dans certains cas. Mais pour combien de temps ? Cette crise du coronavirus démontre finalement que le contact direct reste souvent indispensable. Une forme de bonne nouvelle pour l’activité du voyage d’affaires…