
Le gouvernement Meloni n’avait pas fait mystère de son hostilité à l’entrée d’Air France-KLM dans le capital d’ITA, la compagnie aérienne qui a succédé à Alitalia. Le gouvernement de la première ministre Giorgia Meloni estimait en effet la proposition concurrente du groupe Lufthansa plus crédible.
Un premier accord d’ici la mi-mars entre Lufthansa et ITA
Le tandem Air France-KLM, pressenti précédemment, n’a d’ailleurs pas renouvelé sa proposition de rachat après l’arrivée à échéance du délai d’approbation par l’Italie.
Selon le quotidien Corriere della Sera, un accord entre ITA, Lufthansa et avec l’implication du Ministère italien des Finances serait signé mi-mars. Et il semble en fait que l’on peaufine déjà les détails de cette acquisition.
Toujours selon le quotidien transalpin, le Trésor italien et Lufthansa ont pour objectif de signer le contrat préliminaire pour permettre à la compagnie allemande de lancer immédiatement le plan de relance de la compagnie. Une stratégie confirmée également par le quotidien économique allemand Handelsblatt. Celui-ci indiquait fin janvier que Lufthansa devrait probablement débourser quelque 300 millions d’euros – soit près de 40% de l’ensemble des actions.
Buongiorno Alitalia ?
Plus surprenant : l’idée avancée par Lufthansa de ranimer la marque « Alitalia ». Le transporteur allemand souhaiterait faire revivre le nom historique de la compagnie, sous deux conditions. La première est qu’ITA doit faire des bénéfices, la seconde est qu’Alitalia ne serait employée que sur les lignes intercontinentales. Le nom et la livrée ITA seraient uniquement visibles sur les liaisons européennes et intérieures.
Cette stratégie fait penser à une probable dévaluation de la marque ITA. Celle-ci s’orienterait alors, au mieux vers une activité de compagnie « hybride », au pire de compagnie low-cost. A l’image d’Eurowings pour Lufthansa. Deux sources gouvernementales anonymes ont confié cette information au Corriere della Sera.
Les experts estiment qu’une entrée de Lufthansa dans ITA a finalement du sens. L’Italie est le second plus important marché étranger pour le transporteur allemand après les Etats-Unis. L’importance du marché italien avait d’ailleurs déjà poussé Lufthansa à acquérir le capital de la compagnie Air Dolomiti il y a plus de 20 ans.
Gérer les sensibilités italiennes d’ITA
Lufthansa devra cependant apprendre à gérer un transporteur dont la culture d’entreprise et le contexte géopolitique restent très différents de ceux de l’Allemagne. Il y a tout d’abord l’intervention régulière (et la pression) de l’Etat italien dans la destinée du transporteur national. Et la difficile balance entre Rome-Fiumicino et Milan-Malpensa comme hubs intercontinentaux. Enfin, Lufthansa devra gérer l’arrivée de 39 nouveaux avions commandés par ITA. La reconquête du marché italien sera également essentielle, mise à mal depuis des années par les transporteurs low-cost. Il est probable que la future entité ITA/Lufthansa devra de plus céder des créneaux horaire à la concurrence. Histoire de ne pas renforcer sa position dominante.
Si le plan se déroule comme prévu, on attend la finalisation totale de l’accord Lufthansa/ ITA entre juillet et août. « Je ne peux pas entrer dans les détails sur la transaction ITA« , commentait le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti au Corriere della Sera. « Mais on peut affirmer une chose. Je crois que ce sera une grande opération industrielle. Si elle se réalise, surtout avec Lufthansa, nous serons le hub de référence pour le sud avec une perspective de développement qui dépasse la dimension nationale ou européenne« .