
Pour faire sortir l’événement « Convening Leaders » de PCMA (Professional Convention Management Association) de son pré carré américain – une première historique en six décennies –, il fallait bien un contexte aussi inédit que la crise sanitaire. Il fallait, aussi et surtout, identifier une destination incarnant le futur proche du MICE, tout en offrant des garanties sanitaires de pointe. Un cahier des charges auquel trop peu de destinations peuvent aujourd’hui prétendre, la majorité des acteurs étant encore bien trop fragilisés pour amorcer une réelle reprise, d’autant que la tendance est à la fermeture des frontières…
Certes, la tenue de la conférence TravelRevive à Singapour à la fin du mois de novembre – au sein du Marina Bay Sands, déjà – avait donné des gages de confiance. Encore fallait-il franchir un nouveau cap sur la voie de la reprise, du retour à une certaine normalité. Une nouvelle normalité plutôt, tant l’expérience des invités a évolué au cours des derniers mois. A commencer par le parcours voyageur à l’international, évidemment soumis à des contraintes inédites à la fois en aéroport, à l’hôtel, puis au sein du centre de conférences. Tel est le prix à payer pour pouvoir faire partie de ces privilégiés qui prennent encore place à bord des vols long-courriers, et peuvent éviter la quatorzaine à condition de se soumettre à un protocole des plus exigeants. Tests à répétition (PCR et antigéniques), contrôles de température systématiques, itinéraire strictement contrôlé et géolocalisé : le voyageur et la destination doivent faire des sacrifices pour pouvoir se redécouvrir en toute sécurité.
Le parcours au sein même du centre de conférences a lui aussi évolué. Les traditionnelles interactions plus ou moins formelles avec les autres participants ont laissé la place à un système de « bulles », hermétiques, au sein desquelles la distanciation sociale est strictement respectée. Un casse-tête logistique pour gérer les flux de visiteurs, que l’on espère croissants au fur et à mesure des assouplissements réglementaires.
Voilà pour les contraintes. Mais comme le promet l’adage, de chaque crise naît une opportunité. Et force est de constater que PCMA, le Singapore Tourism Board et le Marina Bay Sands ont œuvré de concert pour imaginer le MICE post-Covid et ouvrir la voie à une nouvelle ère événementielle. A l’image de ce nouveau « Hybrid Broadcast Studio », inauguré récemment au sein du centre de conférences, et dont le potentiel technologique ouvre de nouveaux horizons au « MICE d’après ».

Dès la première conférence, le ton est donné. Sur la scène du Sand Expo and Convention Center, Sherrif Karamat, le patron de PCMA, apparaît en hologramme. A sa droite, Keith Tan, son homologue du Singapore Tourism Board – bien présent physiquement – et de l’autre côté Laura Citron, Pdg de London & Partners, en visioconférence sur un écran à taille humaine. Un triangle Toronto-Singapour-Londres qui place d’emblée cette édition 2021 de Convening Leaders sous le signe de l’événementiel hybride et global. Deux jours durant, les différents conférenciers ont ainsi convergé plus ou moins virtuellement vers Singapour, de la footballeuse Megan Rapinoe à l’ex-Première Ministre australienne Julia Gillard ou à l’éditorialiste Thomas Friedman. Objectif : imaginer des réponses concrètes aux nombreuses interrogations des professionnels du secteur, et identifier les sources de croissance, ou au moins d’optimisme. Quel business model pour les organisateurs, les centres de conférences, les destinations ? Quels critères de localisation pour un événement « phygital » ? Qu’attendre du vaccin pour le secteur du MICE, et pour les voyages d’affaires en général ? Autant de questions auxquelles le panel d’intervenants aura su apporter de précieux éléments de réponse, en vue de relancer la machine « meetings & events ».

Incontestablement, cette édition inédite de Convening Leaders fera date. Non seulement pour avoir touché une audience de quelque 3000 spectateurs à travers le monde sur son format online, mais aussi pour avoir réuni avec les normes sanitaires ad hoc 300 participants sur site, dont une quinzaine d’invités « long-courrier » intégrant un contingent français. Sevrés de rencontres internationales pendant une longue année, les participants locaux et étrangers n’ont pas boudé leur plaisir de se retrouver autour de cette réflexion commune sur l’avenir du secteur, confirmant si besoin en était le besoin de la rencontre, en présentiel. Fort du succès de cet événement PCMA, Singapour devrait pouvoir continuer sur la voie de la reprise, en augmentant progressivement la jauge des participants. Avec déjà en ligne de mire un nouveau défi de taille : l’organisation du Forum Economique Mondial, transféré de Davos vers le hub asiatique au mois de mai prochain.