Possible est une organisation caritative basée au Royaume-Uni qui travaille en vue d’une société britannique « décarbonée ». Sa campagne d’opinion « A Free Ride » cherche ainsi à limiter l’utilisation de moyens de transports dommageables à l’environnement. Le transport aérien en fait naturellement partie.
Mais cette campagne inclut – ce qui est moins fréquent – l’idée de justice sociale. L’organisation caritative souhaite en effet démontrer que l’activité aérienne est le fait d’une élite. Et que ce petit nombre de privilégiés devrait payer plus pour la pollution aérienne qu’il génère.
Possible a retravaillé une étude publiée en 2014. Le « British Social Attitudes Survey » avait alors démontré que 15% de la population britannique générait alors 70% des passagers au départ du Royaume-Uni. En 2018, 89% des voyages aériens s’effectuaient pour le loisir.
Malgré l’essor du transport aérien low-cost, l’étude de Possible estime que moins de 20% de la population mondiale a déjà pris l’avion. Seuls 5% à 10% de la population mondiale effectue un voyage aérien chaque année. Les données sont facilement quantifiables selon l’étude pour plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada, la France et les Pays-Bas.
Selon les statistiques publiques de l’administration américaine, deux tiers des voyages sont effectués par 12% de la population. Au Canada, cette proportion s’établie à 22% de la population pour 73% des vols. Aux Pays-Bas, 8% de la population est responsable de 42% des vols.
Une taxe pour les grands voyageurs
En France, une étude de 2008 démontrait que 2% des voyageurs contribuerait pour 50% des déplacements aériens. Un chiffre qui a vraisemblablement évolué avec la montée en puissance du low-cost dans l’Hexagone au cours de la dernière décennie. On peut penser que les chiffres actuels devraient aujourd’hui avoisiner les chiffres des Pays-Bas.
L’agence Eurostat indique qu’au sein de l’Europe des 28 (à l’époque avec le Royaume-Uni), 17% de la population effectuait en 2014 plus d’un voyage aérien. La part des déplacements intra-UE s’élevait à 77%. En 2010, 20% des ménages les plus aisés européens généraient plus de la moitié des dépenses d’un voyage aérien.
En Asie, cette différence est encore plus marquante : 2,6% des Indonésiens génèrent 55,8% des voyages à l’étranger ; 5% de la population chinoise contribuait pour 40% des voyages aériens tandis qu’en Inde, seulement 1% de la population générait 45% de tous les voyages par avion.
D’où l’argumentation de Possible selon laquelle taxer les personnes voyageant le plus est probablement la façon la plus juste de mitiger les dommages générés par les voyages aériens sur l’environnement. Le rapport recommande ainsi l’instauration d’une taxe pour les grands voyageurs. Plus ils prendraient l’avion, plus élevée serait la taxe dont ils devraient alors s’acquitter. L’organisation caritative estime qu’il s’agit d’un juste retournement de balance. Ce qui inclurait alors les voyageurs d’affaires fréquents. Avec un nouveau slogan qui pourrait faire mouche en France: « payer plus pour voler plus »!