Les aéroports allemands retrouvent leur niveau de trafic de 1986

L'association des aéroports allemands (ADV) vient de publier les chiffres de l'année 2020. Avec un trafic de 63,12 millions de passagers sur les 22 aéroports que regroupe l'association, le trafic aérien en Allemagne a retrouvé un niveau de trafic équivalent à celui de l'année 1986.
L'aéroport de Cologne-Bonn dans les années 80. La plate-forme a retrouvé l'an dernier son niveau de 1991. (photo: Köln/Bonn Airport-LC)

La construction d’une nouvelle aérogare débutait à Stuttgart, le Tribunal Administrative Fédéral donnait le feu vert définitif aux travaux du nouvel aéroport de Munich tandis que Lufthansa commençait la formation des premières femmes pilotes de ligne. C’était en 1986 et le transport aérien allemand entrait dans une phase de fort développement.

Jusqu’à 2020. L’année 1986 est la référence à laquelle l’association des aéroports allemands ADV fait allusion pour décrire le niveau de trafic de ses 22 plates-formes internationales en 2020. Les aéroports allemands ont accueilli l’an passé 63,12 millions de passagers. Soit une chute historique de 74,6%. Les chiffres 2020 s’avèrent ainsi inférieur au trafic du seul aéroport de Francfort en 2019. Le hub de Lufthansa avait alors atteint un record à 70,56 millions de passagers.

Dans le détail, l’ADV indique que le trafic intérieur a baissé de 74,7 % par rapport à 2019. Le trafic européen a diminué de 74,0 %, le trafic intercontinental de 77,1 %. Les mouvements d’avions commerciaux ont de leur côté reculé de 58,5%. L’ADV constate que seuls les mois d’été ont connu une légère embellie soutenue par la reprise des trafics ethniques et touristiques.

Le mois de décembre confirme que le trafic passagers replonge dans la crise. L’ADV indique que le trafic a chuté de 87% durant le dernier mois de l’année. Elle s’attend à des baisses similaires au premier trimestre avant une potentielle reprise à l’été.

Pas de retour au trafic de 2019…avant 2025

Dans le détail, les deux hubs de Lufthansa ont connu une année catastrophique. Francfort a perdu 73,4% de son trafic, soit 18,77 millions de passagers. C’est équivalent à son niveau de trafic de 1984. Munich a enregistré une chute de 76,8% du nombre de passagers. Avec 11,11 millions de voyageurs, la plate-forme a retrouvé son niveau de trafic de 1990.

Parmi les autres aéroports de plus de 10 millions de passagers, les aéroports berlinois ont enregistré une baisse de 74,5% (9,1 millions de passagers), Düsseldorf de 74,2% (6,58 millions), Hambourg de 73,6% (4,56 millions), Stuttgart de 74,8% (3,2 millions) et Cologne/Bonn de 75,1% (3,1 millions).

L’Office Fédéral de l’Aviation estime que le trafic pourrait atteindre en 2021 entre 90 et 95 millions de passagers et accueillir 189 millions de passagers en 2022. Mais un retour au niveau de 2019 (248 millions de passagers) ne se produirait pas avant 2025.

La situation financière des aéroports risque d’être tendue. L’ADV parle d’un déficit d’exploitation de trois milliards d’euros pour 2020 et 2021. Le gouvernement allemand et les Länder, généralement propriétaires des aéroports, ont déjà promis leur aide.

Mais plusieurs aéroports pourraient ainsi fermer leurs portes. Une association écologiste BUND estime qu’il est scandaleux de renflouer certains aéroports avec l’argent des contribuables. Elle cite une dizaine d’aéroport qui auront besoin de subventions sur le long terme.

Les plates-formes de Paderborn-Lippstadt (Rhénanie du Nord Westphalie) et Francfort-Hahn sont les plus menacés financièrement. Quant au nouvel aéroport de Berlin BER, inauguré sans fanfare en octobre dernier, il va déjà fermer l’aérogare 5 à la fin février. Ce qui servit de terminal principal sur l’ancien aéroport de Schönefeld pourrait d’ailleurs ne jamais rouvrir ses portes.