Décideur : Françoise Houdebine, vice-présidente ventes & marketing de Louvre Hotels

Françoise Houdebine

On parle beaucoup du poids croissant des groupes chinois dans l’hôtellerie. Quel rôle votre actionnaire principal Jin Jiang joue-til dans l’évolution de Louvre Hotels ?

Françoise Houdebine : Jin Jiang nous a fait passer dans une autre dimension. Cette reprise nous offre des leviers de croissance pour Campanile et Golden Tulip, les deux marques sur lesquelles nous allons appuyer notre développement à l’international. C’est vrai en Chine évidemment et en Asie du Sud- Est plus globalement, mais aussi dans tous les marchés où la clientèle d’affaires chinoise est amenée à se déplacer ; en Afrique, au Moyen- Orient, au Brésil… Au final,

nous sommes une entreprise internationale, mais avec un savoir-faire et un savoir-vivre à la Française.

Cet esprit français va-t-il accompagner vos développements ?

F. H. : Nous sommes très heureux d’inaugurer en septembre prochain notre premier Campanile à Shanghai, dans le quartier historique du Bund. Nous nous présentons vraiment comme une marque française, le produit conservant son ADN européen tout en étant légèrement adapté au marché chinois. Nous avons pour ambition près de 500 hôtels sur ce marché dans les cinq ans à venir. Campanile répond aux attentes des voyageurs d’affaires chinois. Des voyageurs d’affaires tout court d’ailleurs, car le client CSP est aujourd’hui plus pragmatique dans sa façon de consommer.

Trendy et non plus has been, l’hôtellerie économique ?

F. H. : Un hôtel économique offre aujourd’hui 80 % des services proposés dans un cinq étoiles pour 20 % du prix. Avant, c’était surtout un bon lit, mais un petit bar et une salle de restaurant peu attirante. Une fois le check-in effectué, le voyageur pensait surtout à sortir pour passer la soirée à l’extérieur. Nous voulons lui donner des raisons de rester chez nous en jouant sur la convivialité. Nous avons abattu les cloisons des lobbies pour laisser la place à de grandes tables de travail, des écrans géants, le tout assorti de WiFi haut débit. Les voyageurs d’affaires pourront retrouver l’atmosphère des soirées entre amis, un oeil rivé sur leur laptop, un autre sur une rencontre sportive tout en échangeant avec d’autres voyageurs qui sont là pour les mêmes raisons.

Golden Tulip, votre marque fanion à l’international, évolue-t-elle de la même façon ?

F. H. : Cette marque, reprise il y a sept ans par notre ancien actionnaire Starwood Capital, n’avait pas réellement bougé depuis. Il fallait réinventer son modèle avant d’aller plus loin. Le positionnement a été repensé autour d’un parcours du client plus ludique, malicieux, “playful” comme disent les Anglais. Sans être une énième marque ciblant la clientèle des millenials, nous nous sommes intéressés à leurs modes de consommation. Les plages de travail sont moins strictes, le code du 9h-17h est dépassé. Aussi nous avons repensé nos lobbies comme des tiers-lieux, des endroits qui ne soient ni le bureau, ni la maison, mais des lieux de vie et de partage.

Dans les faits, comment cela s’organise-t-il ?

F. H. : Les lobbies, devenus gigantesques, offriront plein d’expériences différentes autour de micro-concepts. Ils accueilleront de petites boutiques éphémères tenues par des artisans ou des créateurs locaux, car le voyageur d’affaires ne dispose pas toujours du temps nécessaire pour faire du shopping. Ce côté “micro” se retrouve dans la restauration avec des tapas à partager ou encore un food truck à l’entrée de l’hôtel. Par exemple, à Paris, le client pourra y prendre son café-croissant le matin, un verre de vin et des spécialités locales à midi, un potage le soir en hiver. En parallèle, nous souhaitons proposer une restauration de niveau étoilé, mais avec des additions ne dépassant pas les 40 euros. Enfin, côté high-tech, une application verra le jour et sera en lien avec un vaste mur digital qui fera office de concierge. L’ouverture du Golden Tulip Shanghai en 2017 matérialisera toutes ces évolutions.

SES DATES CLÉS
2013 : Vice-présidente ventes & marketing du groupe Louvre Hotels
2005 : Vice-présidente ventes, marketing & communication de Concorde Hotels, branche luxe du Groupe du Louvre
1996 : Directrice du développement Business de Hilton à Paris
1991 :Directrice des ventes de Disneyland Paris