
Acteur clé des séminaires, Châteauform’ s’est lancé dans une offre dédiée aux bureaux des entreprises. Comment votre offre Inside évolue-t-elle ?
Anne Griffon – Châteauform’ Inside a été lancé dans sa nouvelle version il y a un an et demi. Auparavant, c’était une émanation naturelle du métier historique de Châteauform’, c’est-à-dire l’animation de lieux dédiés aux événements d’entreprise. Avec, comme première pierre, la gestion d’un lieu de séminaire sur le campus Les Dunes de Société Générale, à Val-de-Fontenay. Puis il y a eu un autre espace de réunions au sein de l’immeuble de bureaux Métropolitan, à Paris. Mais, au fond, nous ne nous éloignions qu’assez peu de notre savoir-faire. Est arrivé le Covid, avec, au sortir de la pandémie, plusieurs mouvements de fond qui ont commencé à voir le jour. Le télétravail, un certain désamour du bureau. Et, par voie de conséquence, le besoin pour les entreprises de recréer ce lien entre leurs collaborateurs qui s’était fortement délité. Depuis 30 ans chez Châteauform’, nous avions pour préoccupation de créer du lien sur un moment précis – un séminaire, un événement d’entreprise -, avec notre patte particulière. D’où l’idée de créer ce lien de façon plus pérenne, tous les jours, en partant de notre savoir-faire pour l’appliquer aux bureaux et aux universités d’entreprise.
Plus concrètement, en quoi consiste l’offre Châteauform’ Inside ?
Anne Griffon – C’est une offre sans couture mêlant conciergerie, gestion des espaces de réunion, restauration faite par nos équipes – soit avec un chef sur place, soit dans le laboratoire de production de notre traiteur Nomad – et animation complète du bâtiment. En plus de cela, nous pouvons aussi coconstruire des tiers lieux avec le propriétaire et des partenaires, que ce soit autour du coworking, du sport, du bien-être ou de la mobilité douce. Le tout pouvant être orchestré par une offre de facility management, pour le pilotage des différents prestataires présents dans le bâtiment. L’idée étant qu’il n’y ait qu’un seul capitaine à bord pour délivrer un service impeccable.
Quelle est votre recette pour donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau ?
Anne Griffon – On peut écrire toutes les grandes stratégies, toutes les grandes théories à ce sujet. Mais on se rend compte d’une chose, et c’est encore plus vrai en France : si vous avez une restauration de qualité, les collaborateurs reviennent. C’est aussi simple que ça. Par exemple, nous proposons au siège social de Célio une offre allant du petit déjeuner jusqu’au goûter. Un vrai succès. Par exemple, les collaborateurs arrivent plus tôt le matin, ce qui crée un vrai temps d’échanges, certains restant même travailler ensemble dans la matinée. Au déjeuner, ce sont de grands tablées où les gens ont plaisir à prendre leur temps, à partager, à discuter des projets. Auparavant, selon la direction, seuls 15% à 20 % des gens venaient au restaurant, puis repartaient s’enfermer dans leur bureau une fois le repas avalé. Il ne faut pas oublier que Célio était en dépôt de bilan pendant le Covid. Ils avaient vraiment besoin de remonter la pente en réécrivant une stratégie. Et cette stratégie, sans le collectif, ne peut pas fonctionner. Ces moments de partage autour de la restauration sont hyper importants pour resouder les équipes.


En dehors de la restauration, quelles sont vos autres façons d’animer ces lieux ?
Anne Griffon – Il n’y a évidemment pas que ça. On peut travailler avec la direction générale de l’entreprise sur un programme d’animations sur mesure, par exemple sur la problématique de l’année ou des prises de parole sur des sujets RSE, économiques, autour du développement personnel… Mais on peut aussi organiser des choses plus légères comme une kermesse, la fête de l’été. Le tout est de donner envie d’être là et de créer du lien. Ces moments de convivialité, c’est clairement du Châteauform’ déporté dans les bureaux. On le sait tous, on règle plus souvent les problèmes en se parlant autour d’un verre qu’autour d’une table de bureau.
Parmi les clients à avoir adopté Châteauform’ Inside, vous avez annoncé l’ouverture prochaine de cinq nouvelles adresses à Paris. Cette offre est-elle désormais sur les rails ?
Anne Griffon – Depuis cet été, tout s’accélère avec de nouvelles références sur les bâtiments tertiaires, alors qu’on était plutôt sur les universités d’entreprise. C’est une bonne nouvelle. Parmi les cinq nouvelles adresses parisiennes, nous venons d’inaugurer officiellement un espace au sein du siège historique de L’Oréal, rue Royale (NDLR : le Visionnaire – Espace François Dalle, déployé sur plus de 4 000 m² et un total de 20 salles de séminaires, en plus d’une table conduite par la cheffe Châteauform’ Olfa Labidi, passée par les cuisines de Pierre Gagnaire et de Guy Martin). Parmi les autres clients de l’offre Châteauform’ Inside, nous avons la SNCF avec le campus de formation SNCF Réseau à Saint Priest, près de Lyon, ou encore HEC. L’école a vu que nous pouvions être des « game changers » en apportant une expérience différente dans le château qui accueille les participants aux programmes exécutifs, des formations assez chères. Ce lieu a été récemment rénové et réaménagé pour être plus attractif, avec un chef Châteauform’ notamment. Les clients voient l’intérêt de déployer notre savoir-faire.


Pour autant, vous avez aussi un grand projet en ce qui concerne les universités d’entreprise : la Deloitte University EMEA. Où en est-il ?
Anne Griffon – On y travaille depuis cinq ans. Quand Deloitte nous a retenu pour ce lieu destiné à accueillir les programmes de formation de tous leurs collaborateurs de la zone EMEA, ils n’avaient même pas sélectionné le constructeur, Nexity ayant été finalement retenu. Cette université d’entreprise devrait ouvrir d’ici la fin de l’année avec un gros porteur de 300 chambres, 100 % dédié à Deloitte, qui sera animé par une centaine de collaborateurs Châteauform’. Dans le cadre de nos projets, il faut qu’on soit extrêmement vigilant et c’est ce qu’on a appris avec la gestion de l’université d’entreprise de Pernod Ricard, au domaine de La Voisine. Quand on arrive chez nos clients, il faut qu’on arrive à apporter notre « chaleur ajoutée », mais surtout à mettre en exergue la culture que souhaite véhiculer notre client.
Avec d’une part de nombreux immeubles de bureaux cherchant leurs locataires, et d’autre part des entreprises désirant donner une attractivité nouvelle à leurs lieux de travail, les perspectives de développement de votre offre sont-elles positives ?
Anne Griffon – En effet, un certain nombre de promoteurs se retrouvent avec des bureaux vides, quatre ans de stock par exemple pour toute la zone au-dessus Nanterre. Il y a donc un vrai sujet d’attractivité de ces bâtiments, et les « servicier » peut permettre d’attirer des locataires. D’autre part, dans les zones très attractives, pouvoir offrir un bâtiment avec de nombreux services permet de justifier des prix au mètre carré élevés. En dehors de cette problématique liée aux promoteurs, la préoccupation des entreprises occupantes est non seulement de faire revenir leurs collaborateurs au bureau, mais aussi d’en attirer de nouveaux. Avant, certains métiers comme l’IT étaient en pénurie. Aujourd’hui, c’est le cas pour la plupart des métiers de service. D’où une guerre des talents que nous n’avions pas vu venir. Il y a là aussi un vrai sujet d’attractivité, et qui ne se règle pas en mettant un baby-foot pour jouer entre midi et deux. Au sein des entreprises, de nombreux collaborateurs expriment leur envie de revenir au bureau, mais non pour se retrouver seuls sur des plateaux immenses. Il y a un vrai travail d’organisation du temps collectif pour faire en sorte que le temps passé au bureau soit du temps de qualité. Autant de choses qui nous ouvrent des opportunités.

L’essor du télétravail a alimenté le besoin des entreprises de se réunir dans vos maisons de séminaires. Cet effet est-il toujours aussi présent ?
Anne Griffon – Post Covid, les gens avaient un besoin absolu de se retrouver. Même en étant fermés les premiers mois, 2022 a été une année record pour Châteauform’. Les entreprises ne venaient pas tant pour travailler que pour passer du temps ensemble, c’était très festif. 2023 est une année différente. Ça reste festif, mais on est plus dans l’idée de recréer du collectif, de nouvelles stratégies, retrouver une espèce de second souffle. En parallèle, on voit aussi un impact du télétravail, avec beaucoup plus de demandes sur des périodes bien précises. Avant, on avait des périodes très fortes – mai, juin, septembre, les fêtes de fin d’année -, mais on arrivait à avoir un business assez étal. Là, on se rend compte que tout le monde veut venir aux mêmes périodes et aux mêmes moments de la semaine. C’est assez compliqué à anticiper. Une nouvelle façon de consommer les séminaires et les événements se met en place. S’inscrira-t-elle dans le temps ? Je ne sais pas. En tout cas, il y a quelque chose qui est en train de se redessiner, c’est certain.